Abstract
La théologie politique de Schmitt est celle d’un juriste et non celle d’un théologien. Par sa théorie du droit, il n’entend pas développer une pensée du messianisme chrétien ayant un impact politique. Il s’agit au contraire de réinscrire le christianisme dans l’histoire par une théorie juridico-politique institutionnaliste, décisionniste puis de l’ordre concret. Ce faisant, il lui faut reléguer l’eschatologie au-delà de l’histoire. C’est par cette relégation qu’il est permis d’accréditer un contre-messianisme. Ce contre-messianisme vient conforter le refus schmittien de la neutralisation de l’histoire. À cette fin, Schmitt articule l’eschatologie à l’Incarnation et au katechon. Par cette articulation, il peut réconcilier le christianisme avec une conscience historique qui lui permet de légitimer sa pensée du politique dont le critère décisif est celui de l’ami/ennemi. Toutefois, ces trois « images chrétiennes de l’histoire » ne sont pas sans impliquer le risque d’absorber le christianisme dans l’histoire. En lieu et place d’une théologie politique, ne vaudrait-il pas mieux orienter la réflexion du côté d’une théologie « du » politique?