Abstract
Résumé Si Spinoza est aujourd’hui souvent mobilisé comme penseur de la liberté et de la potentia multitudinis dans une perspective critique des mécanismes de domination, la lettre du texte – bien plus conservatrice de l’ordre établi qu’elle n’y paraît dans ces lectures – nous enjoint d’examiner la positivité éthique d’une certaine obéissance spinoziste. L’obsequium, objet que nous nous proposons d’analyser dans cet article, désigne chez Spinoza l’obéissance déterminée par les affects. Comment un tel processus de conditionnement affectif peut-il donner lieu à une émancipation par la raison? Seule une certaine complexion affective – l’hilaritas – dans la détermination à l’obéissance peut permettre d’envisager l’horizon politique du libre usage de la raison porté par la république du Traité théologico-politique. L’analyse du mécanisme d’obsequium nous invite à penser à nouveaux frais la question de notre consentement affectif dans la soumission à l’autorité pour déterminer à quelles conditions les progrès de notre faculté de raisonner ne sont pas empêchés. Il nous donne ainsi les conditions véritables de notre libération.