Abstract
Nous retraçons les étapes de la formation de Johann Clauberg depuis son premier traité d’ontologie ( Ontosophia 1647) jusqu’aux grands ouvrages cartésiens de la maturité ( Logica 1654-1658, Dubitatio 1655). La Physiologia (1645) de Gerhard de Neuville, maître de Clauberg au lycée de Brême, s’avère une source fondamentale pour saisir la continuité du projet philosophique de l’auteur dans les deux phases de son activité. Nous montrons que l’ontologie de Clauberg est une tentative d’étendre à la métaphysique la méthode de l’induction démonstrative et de la démonstration par le regressus de Jacopo Zabarella dont Neufville avait fait usage en physique. Dans ce contexte, la philosophie de Descartes n’est admise que dans la mesure où ses arguments s’harmonisent avec une réforme de la philosophie dont les principes sont dus plutôt à la nouvelle méthode aristotélicienne et à Francis Bacon. En conclusion, nous soutenons que loin d’accomplir la synthèse entre cartésianisme et ontologie, la troisième édition de l’ Ontosophia (1664) marque plutôt l’assomption de l’échec de toute tentative de fonder l’ontologie systématique sur une méthode empruntée à la physique.