Clio 34:17-40 (
2011)
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Abstract
Étudier l’essence et les manifestations de l’amour maternel dans la Grèce ancienne permet la mise en évidence de la complexité de la notion de philia. Les mères grecques éprouvent en effet pour leur progéniture des sentiments qui relèvent à la fois d’une nature instinctive et d’une élaboration conditionnelle qui repose sur des attitudes et des gestes. Le corps, le sang, le lait, sont autant d’éléments biologiques, « d’humeurs », qui nourrissent la part naturelle des affects maternels. Si Platon et Aristote se sont avant tout évertués à discuter le caractère inné ou acquis de l’affectation parentale, les poètes tragiques ont projeté sur la scène théâtrale un spectre large de sentiments familiaux, où la haine maternelle côtoie l’amour pourtant infanticide, et où le souci intéressé des hommes qui n’ont pas engendré d’enfant (apais) croise la détresse des pères violemment privés de leurs rejetons. En ce sens, les Grecs ont pensé avec autant de nuances l’existence et la formation des affects maternels et paternels.