Paris: Les Éditions du Cerf (
2014)
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Abstract
Métachronologie propose une théorie du temps entièrement nouvelle, temps comportant non pas une, mais deux dimensions. Cette théorie se développe à partir de l'analyse d'un instant, lui-même conçu comme double et non simple : instant composé de deux temps coordonnés, passé et futur, chacun mobilisé par sa manière propre de se temporaliser. Au coeur de l'instant, non son présent mais sa faille, un vide de temps. La métachronologie est la métaphysique de ce temps sans présent, auquel se substitue l'instance d'une collision entre deux temporalités corrélatives. La collision est une notion employée par Vladimir Jankélévitch pour désigner la logique (qu'il nomme "métalogique") d'un renvoi réciproque et infini d'un terme à l'autre d'une alternative. Son modèle en est l'instant de la mort, collision de la pensée avec ce qui l'enlève et qu'elle ne rencontre pas. La métachronologie se donne à poursuivre cette intuition métalogique de Jankélévitch, cela jusqu'en des conséquences surprenantes, en rupture même avec quelques racines de sa propre philosophie du temps. La fidélité à sa pensée supposant qu'on en écoute ce qu'elle porte d'inouï. Tout instant donc serait collisionnel. Au lieu du présent, sa défaillance, sorte de trou où passé et futur s'excluent et pourtant se coordonnent, et se convertissent l'un en l'autre. Aussi cette collision est-elle ici notée "vav", opérateur en hébreu de conjonction de termes et de conversion de temps. Quant à l'écartement d'un même instant en deux temps distincts, il qualifie la quandoquité de cet instant, par analogie avec l'ubiquité d'un événement présent au même instant en deux lieux séparés. Ainsi principe de rupture, de coordination et de conversion, "vav" se dispose pour reformuler le mystère temporel en s'arrêtant à cette seule énigme : une sorte de néant écartant en l'instant même deux temps indissociables et incompatibles.