Abstract
Leibniz n’a traité nulle part systématiquement de l’attention. Pourtant, en suivant le fil conducteur de l’attention comprise comme réflexion à soi et à ses propres actes, cet article montre qu’elle soulève différents problèmes liés à la constitution progressive du lexique de l’aperception. Le problème éthique d’un défaut d’attention amène Leibniz à reconnaître un mode non réfléchi de celle-ci, à en trouver le ressort naturel dans la constitution du corps percevant, et à la distinguer de l’aperception comprise comme réflexion à ce qui est en soi : non pas réflexion morale sur ses propres actes, mais saisie des idées innées et de leur liaison, qui fondent la personnalité morale. Il faut alors refuser l’interprétation récente qui propose d’étendre l’aperception aux âmes animales sous prétexte qu’elles auraient de la sensation : dans la langue philosophique de Leibniz, le chien s’aperçoit de sa douleur et peut y prêter attention ; il n’en a pas d’aperception.