Abstract
Cet article comprend deux parties nettement distinctes. La première retrace l’histoire, de 1925 à 1955, de ce que Henri-Xavier Arquillière a cru bon d’appeler l’« augustinisme politique ». Cette théorie ne prolonge nullement les travaux de Pierre Mandonnet et d’Étienne Gilson ; elle est tissée de nombreuses contradictions ; elle procède d’une erreur sur les idées augustiniennes de nature et de justice. Comme l’avait déjà montré Henri de Lubac en 1984, le prétendu « augustinisme politique » n’est qu’un mythe. La seconde partie relit la façon dont Augustin a critiqué la définition cicéronienne du populus et la définition qu’il en a proposée à son tour : une définition neutre, libérée des connotations religieuses, en pleine cohérence avec son idée de la concorde possible entre les deux cités. Augustin n’est donc pas seulement libre de toute tendance théocratique ; il se situe même aux antipodes de ce que l’on n’aurait jamais dû appeler « augustinisme politique ».