Abstract
Les résultats quantitatifs que la psychologie et la physiologie n'ont cessé d'accumuler depuis le début du siecle à propos du sens tactile laissent apparaître aujourd'hui une certaine ambiguïteé. D'un côté en effet, la préoccupation de connaître les sensibilities cutanées spécifiques telles qu'elles se présentent de manière isolée à l'analyse objective des récepteurs stimulés: les sensations de chaud et de froid, de pression et de contact, de douleur, de vibration. D'un autre côté, le désir de sauvegarder l'unité fonctionnelle du sens tactile c.a.d. sa spécificité propre par rapport aux quatre autres sens traditionnels. Ainsi, par exemple, une analyse neurophysiologique des récepteurs tactiles5 ne manque pas de mentionner plusieurs catégories fonctionnelles de la sensibilité cutanée: la douleur, comme signal d'un danger qui peut menacer l'existence de l'organisme; la perception des qualités d'un objet, comme intégration du toucher et de la kinesthésie au cours d'une exploration active de la main; les expériences somatiques complexes telles que le chatouillement et les sensations sexuelles. Pour le phénoménologue, un tel compromis s'apparente à une confusion et provient des positions épistémologiques qui ont animé l'orientation méthodologique des recherches, depuis la psychophysiologie mécaniste jusqu'à la psychologie cybernétique de l'information sensorielle. En cela, la domaine de la sensation tactile reste l'apanage de la psychophysique, et nous tenterons de clarifier pourquoi cette position ne peut aboutir qu'à des résultats problématiques. A partir d'une psychologie anthropologique du sens tactile,14 nous défendrons l'idée d'une psychologie comparée qui permettrait une investigation empirique, objective des comportements animaux, sur la base de prolégomènes phénoménologiques