Abstract
Au siècle du capitalisme organisateur, les symboles humains, la création artistique et le sens esthétique sont sous assistance respiratoire. C’est bien les logiques commerciales et de la financiarisation de l’art qui leur administrent une perfusion. Le moteur du sens esthétique est ainsi dans une relative hétéronomie. C’est justement parce qu’il est possible de mettre des grains de sable dans ce « moteur esthétique, fille du capitalisme », qu’il faut résister à cet enlaidissement de la vie en mettant en question — sous plusieurs angles et de manière répétitive — le fonctionnalisme qui envahit « la dimension esthétique » de l’homme à travers l’exploitation de son attention et de son imaginaire. Dans cette recréation du sens esthétique, l’objet d’art y aura un autre statut. Il nous forcera à un déplacement des regards, de l’objet vers le travail sur l’objet, de l’objet comme produit aux conditions de production qui renseignent et sur le travailleur et sur ses conditions de travail. Un regard qui dépasse la matérialité de l’objet avec sa commercialisation possible vers ce que cet objet prometou ne promet pas, vers ce que cet objet communique ou empêche de communiquer. Il faut restituer à l’objet d’art cet aura qui lui est toujours enlevé par la culture de masse qui peut agacer avec ses raccourcis, ses petites connivences, ses consécrations calculées, ses marchés organisés, ses grand-messes culturelles et son dédain de tout ce qui ne rentre pas dans la comptabilité. Le sens esthétique sera ainsi un travail sur les motivations du Sujet, les complications de son imaginaire, ses utopies ainsi que sur le statut de l’objet d’art qui pointe du doigt nos vies… si compliquées.