Abstract
L’article aborde le sujet souvent débattu du rapport entre le déterminisme stoïcien et la morale pour rouvrir la question de la notion d’assentiment. Dans ce but, il réexamine les sources pour montrer deux choses : que les interprétations dites compatibilistes ont raison dans leur effort général pour montrer que les stoïciens restent déterministes quand ils présentent leur psychologie de l’action et défendent l’idée de responsabilité, mais qu’en même temps elles vont trop loin quand elles affirment – dans un effort de systématisation de la stratégie stoïcienne – que l’assentiment est le simple effet de la rencontre du caractère particulier de l’agent et de l’impression sensorielle. En essayant de restituer l’accent que les stoïciens ont mis sur l’assentiment, l’article indique que c’est également là que réside l’ambigüité de leur psychologie de l’action, qui a contribué au paradoxe dans l’interprétation du stoïcisme : ce dernier a été dès l’origine, d’un côté, une inspiration pour ceux qui ont voulu argumenter en faveur de la liberté de l’action humaine, et de l’autre, le sujet de la critique pour la réfutation de la liberté de l’action. Dans son ensemble l’interprétation proposée est négative dans le sens où elle veut montrer comment ne pas comprendre l’assentiment, pour ouvrir la possibilité de l’examiner de nouveau, ce qui pourrait montrer enfin que l’ambigüité mentionnée est par conséquent l’expression du plus grand potentiel philosophique de la conception stoïcienne de la raison.