Abstract
Cette contribution entend aider à comprendre comment le « lignage » est devenue une notion clé des médiévistes dès lors qu'ils évoquent le champ de la parenté à propos de l'aristocratie médiévale, bien que la notion soit tout à fait inadéquate. À côté de la place attribuée à la parenté médiévale dans l'imaginaire social et scientifique qui prévaut lors de la constitution de la science historique au XIXe siècle, joue aussi la mise en place d'un« discours lignager »dans l'aristocratie de la fin du Moyen Âge, lié à une reconfiguration des modes de reproduction du pouvoir seigneurial, dont l'un des vecteurs est la mise en place d'instruments de représentation d'un groupe de parenté durable, notamment par la constitution et la transmission d' «archives familiales». Soumis à l'effet de réel des ensembles documentaires qui leur sont parvenus, mais sont une construction sociale historique, les historiens trop peu attentifs au sens de la structure archivistique ont alors cru trouver la « réalité » d'une organisation sociale, alors qu'ils n'en percevaient qu'un aspect« idéel» - apportant par là même leur propre contribution à la construction sociale du « lignage ».