Abstract
L’article établit un contraste entre deux conceptions de la justice distributive (toutes deux libérales et égalitariennes), en vertu de leur attitude respective à l’égard des choix et de la responsabilité. Un premier type de théories établit la distribution des ressources en fonction de la distinction entre choix des agents et circonstances dans lesquelles ces choix s’opèrent : quiconque est responsable en vertu de ses choix de son manque de ressource est considéré avoir renoncé au droit à une compensation. Or cette théorie part d’une conception erronée de la notion de responsabilité. Les considérations légitimes de réciprocité qui la sous-tendent doivent être envisagées dans le contexte d’une doctrine reposant également sur la notion de responsabilité, mais qui part d’une division des responsabilités entre institutions et individus. Cette seconde conception est développée dans le contexte de la distinction établie par Thomas Scanlon entre responsabilité attributive et responsabilité substantielle. Nous demandons ensuite si les principes de justice fondamentaux dont les institutions sont responsables devraient accorder la priorité à l’égalité équitable des chances et concluons en analysant les effets de la remarque de Rawls selon laquelle l’égalité des chances ne peut être réalisée sans abolir la famille.