Durkheim et la nation

Revue Internationale de Philosophie 280 (2):201-221 (2017)
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Abstract

La nation – ou la patrie – est élevée par Durkheim au rang suprême dans la hiérarchie des formes d’attachement des individus aux groupes et à la société dans son ensemble, alors que, paradoxalement, les textes qui éclairent sa pensée sur ce point sont restés relativement dispersés dans son œuvre. Ce travail de relecture est accompli en confrontant ses écrits à ceux de son neveu, Marcel Mauss, qui, lui aussi, s’est penché sur ce sujet et dont les analyses apparaissent aujourd’hui plus élaborées. Le lien entre les deux sociologues n’était pas seulement familial. Ils étaient l’un et l’autre des intellectuels républicains, patriotes, défenseurs des droits de l’homme et confiants dans les institutions de leur pays tant ils y voyaient l’inspiration des Lumières. Pour Durkheim, la nation se confond avec la société. La patrie est la forme de société la plus organisée et la plus haute qui puisse exister. Elle constitue une force en elle‐même dont l’Etat n’est que la représentation et l’instrument. L’Etat est en quelque sorte le cerveau social car sa fonction principale est de penser. La cohésion sociale est le produit de la morale et de la société, elle ne saurait dépendre d’un pouvoir autonome et autoritaire de l’Etat. Cette conception conduit Durkheim à rabattre le politique sur le plan du social. Quand il parle de la nation, il se réfère, sans le souligner formellement, à sa forme démocratique. Marcel Mauss rectifiera cette ambiguïté. Tout en s’inscrivant dans la continuité intellectuelle de son oncle, sensible à l’expérience du bolchévisme, il définira la nation en prenant en compte son régime politique, ce qui le conduira à une modification sensible de la définition de Durkheim. La conception de la nation des deux sociologues, mêle de manière presque inévitable engagement personnel et analyse objective. Elle a été, sans doute au moins partiellement pour cette raison, plus ou moins occultée pendant plusieurs décennies. Si nous la redécouvrons aujourd’hui, c’est parce qu’elle nous paraît susceptible d’interroger les fondements à la fois sociaux et politiques des sociétés démocratiques.

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