Abstract
Le corps glorieux du Christ exprime pour Thomas d’Aquin le destin ultime et la vérité profonde du corps humain. Le présent article se propose d’évaluer si ce point de départ permet une réelle valorisation du corps. En ce sens, l’Aquinate pense le corps ressuscité en terme d’achèvement de la logique de l’hylémorphisme, comme parfaite union de l’âme et du corps, doué d’une grande beauté, comme un corps « communicant », aux sens développés au maximum de leur acuité. S’en trouve éclairée, sans aucun doute, la noblesse du corps terrestre, en tant que celui-ci préfigure et inaugure tout cela. Cependant, le même hylémorphisme implique que ce destin glorieux du corps s’opère par sa « spiritualisation », sa soumission à l’esprit auquel il est ordonné : il semble difficile de ne pas y voir, malgré tout, une subtile résistance à la corporéité en son épaisseur la plus charnelle – ainsi qu’à la portée tragique de sa finitude.