Abstract
Quoiqu’il en soit de la distinction cartésienne entre le moi et l’âme, les classiques, de Malebranche à Fénelon, de Leibniz à Locke, tendent à identifier celui-là à celle-ci, dans un oubli radical du corps, simplement uni à elle. À cet égard, Condillac représente un véritable tournant. Si les cadres de sa métaphysique paraissent reconduire un dualisme substantiel assez strict, son sensualisme permet de thématiser un mode original de présence du corps. Le moi est désormais incorporé, voire incarné. La présente étude analyse la genèse du moi tout au long du Traité des sensations, en procédant à partir de l’impasse initiale à laquelle conduit la voie lockienne reposant sur la fonction de la mémoire, jusqu’aux analyses relatives à la fonction existentielle du toucher.