Abstract
Cet article revient sur le surréalisme pour montrer de quelles façons la psychanalyse a fourni une lingua franca internationale à la critique de l’humanisme européen et du racisme colonial du milieu du siècle dernier. La Première Guerre mondiale a initié une remise en question des valeurs européennes, qui a été exacerbée par le modernisme de l’entre-deux-guerres et la Seconde Guerre mondiale. Les écrits de Freud ont contribué à cette remise en question. Cela a non seulement été le cas pour l’École de Francfort et la philosophie française, mais également pour les intellectuels et artistes surréalistes des deux côtés de l’Atlantique. Entre leurs mains, des concepts tels que l’inconscient, l’aliénation et le mythe ont proposé un vocabulaire commun pour s’attaquer à la hiérarchie raciale et esquisser un nivellement culturel entre l’Europe et ses autres. Lire le surréalisme en même temps que ses ramifications, de la négritude au structuralisme, permet aux théoriciens contemporains de renouer le dialogue avec ces ancêtres qui ont été oubliés à mesure que l’influence de Freud s’affaiblissait au cours du xxe siècle.