Abstract
On se propose de montrer comment, entre la fin du xix e siècle et la première moitié du xx e siècle, une partie de l’esthétique française a été dominée par une esthétique de la force et du mouvement. Pour ce faire, on suit le fil conducteur de la ligne serpentine, notion que Félix Ravaisson emprunte à Léonard de Vinci et à Michel-Ange, et qu’il comprend comme une « ligne métaphysique », qui n’est pas un contour, mais structure les mouvements des êtres vivants. Elle est l’analogue, par la simplicité et la continuité de son tracé, en même temps que par les différences qu’elle rencontre, du travail de l’âme et de la nature sur la matière. On montre ensuite comment cette notion a été réinvestie, à travers Bergson, par Merleau-Ponty, qui voit dans les inflexions de la ligne autant d’écarts qui font surgir le sens du temps.