Abstract
L'introduction par Aristote de la matière dans la théorie des contraires est une correction des modèles du devenir proposés par ses prédécesseurs : il est désormais possible de penser ensemble devenir et ordre. La matière récuse le dilemme de être et du non-être qui rendait impossible toute théorie de la génération. Cette introduction de la matière commande, à l'intérieur de la pensée d'Aristote, la distinction entre deux sortes de dynamis, et la distinction corrélative de deux sortes de moteurs : les moteurs mus et immobiles. La matière est ainsi autant cause d'ordre que de contingence. The introduction of matter into the theory of contraries by Aristotle puts right earlier versions of kinèsis suggested by his predecessors : thinking kinèsis and order together is henceforth possible. Matter resolves the dilemma of being or not-being which was making any theory of generation impossible. That introduction of matter commands, in Aristotle's thinking, the distinction between two sorts of dynamis and the correlative distinction between two sorts of movers : the moved movers and the unchanging ones. Matter is thus as much cause of order as of contingency