Abstract

Sur la question du pouvoir, il est possible de lire conjointement l’oeuvre de Foucault et celle de Spinoza. On retrouve, chez ces deux auteurs, une męme critique des théories juridiques du pouvoir et, par conséquent, un męme effort pour fonder, ŕ l’inverse, l’exercice d’une raison non-juridique qui puisse nous renseigner, plus en profondeur, sur le fonctionnement de la société. Cette nouvelle orientation, ŕ la fois théorique et pratique, impose de ne plus substantialiser le pouvoir et de se placer au niveau męme de la “relation de pouvoir”. C’est elle, en effet, qui détermine les diverses stratégies par lesquelles des systčmes de contrainte, qui “fabriquent” ou qui “affectent” l’individu, se créent. De cette transformation du concept męme de pouvoir en une micro-physique du pouvoir, Spinoza témoigne déjŕ avec sa théorie des “puissances” qui se continuent de l’état de nature ŕ l’état civil. Mais sans doute est-ce ŕ ce moment oů le pouvoir devient un ensemble de relations, c’est-ŕ-dire un jeu de puissances continuées, qu’il libčre la possibilité d’une éthique. Le souci de soi, dans les derničres oeuvres de Foucault, ne serait-il pas l’exact équivalent de la quęte spinoziste d’un devenir adéquat de soi-męme? La question, philosophique par excellence, est toujours la męme : comment au sein d’une nécessité, celle des pouvoirs, est-il possible d’inventer une liberté radicale?