Abstract
Cet article vise à analyser les racines biologiques et psychopathologiques de l’antisémitisme. Il privilégie la notion de dialectique afin de comprendre la transition de l’anti-judaïsme à l’antisémitisme comme passage d’une opposition d’essence spirituelle et religieuse à un rejet d’ordre national et racial. Historiquement, ce passage est contemporain de l’émergence de la biologie de la race qui a, entre autres, cristallisé les thèmes majeurs d’une tradition mythique, ayant, pendant des siècles, structuré l’identité occidentale. L’antisémitisme proprement dit, dont le terme n’apparaît qu’en 1873, a transformé une opposition dialectique à l’altérité juive en ce qu’Adorno a appelé la « dialectique négative », visant à résoudre définitivement la « question Juive » par la suppression de son objet. A travers une analyse historicoconceptuelle, cet article suggère une nouvelle approche de la genèse du racisme et de l’antisémitisme nazi, d’une part, et des rapports entre la science et l’éthique, d’autre part.