Dialogue 41 (1):187-189 (
2002)
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Abstract
En France, la pensée de Hannah Arendt a longtemps souffert de l'ostracisme prononcé contre elle par le marxisme qui domina la scène intellectuelle après la Seconde Guerre mondiale. Aussi aura-t-il fallu attendre le déclin de celui-ci, à la fin des années soixante-dix, pour que l'intelligentsia française commence enfin à s'intéresser sérieusement à celle que plusieurs considèrent désormais, vingt-cinq ans après sa mort, comme le plus grand penseur politique du XXe siècle. Que cette sortie du purgatoire—qui, incidemment, doit beaucoup aux efforts déployés par les intellectuels de la revue Esprit—soit maintenant accomplie, c'est ce que l'ouvrage d'Étienne Tassin confirme de la plus brillante façon, en nous offrant une lecture approfondie et rigoureuse de l'ensemble de l'œuvre, et qui se veut soucieuse avant tout de rendre sa véritable stature philosophique à l'auteure des Origines du totalitarisme. Entreprise qui ne manque pas d'audace, quand on sait qu'Arendt s'est toujours défendue de faire de la philosophie, sans pour autant jamais cesser de débattre avec les philosophes, de Platon à Heidegger en passant par Augustin, Kant et Marx.