Abstract
Dans ce texte, je suggère que les personnes souffrant d’anorexie mentale s’infligent une forme particulière de violence épistémique lorsqu’elles ignorent volontairement les symptômes de leur maladie. Pour ce faire, dans une démarche inspirée par celle de Havi Carel, je présente d’abord le rapport particulier qu’entretiennent les personnes souffrant d’anorexie avec leur corps, et ce, à l’aide de trois axes d’analyse empruntés à Susan Bordo, soit le dualisme Corps/Esprit, les idéaux de contrôle et d’autonomie, et les rapports de genre. Je propose ensuite le concept de violence épistémique auto-infligée en montrant que l’ignorance volontaire de la faim a pour objectif de préserver l’identité des personnes vivant avec cette maladie comme autonomes et en contrôle, autrement dit comme n’étant pas « malades ».