Abstract

En jetant la sonde de l’interrogation philosophique au lieu de soi, Jean-Luc Marion nous donne une approche organique et originale à la pensée d’Augustin, en entrecroisant entre eux deux plans herméneutiques : sur le premier, l’on poursuit un itinéraire de rapprochement au cœur de la confessio augustinienne permettant de réduire le vaste univers sémantique d’Augustin à un noyau génétique unifiant; sur le second plan, le parcours philosophique de l’auteur se développe ultérieurement, tendant à désarticuler un bloc théorique d’ontologie et métaphysique et atteignant ainsi par une voie phénoménologique une idée de philosophie finalement affranchie de la présupposition du caractère central de la question de l’étant et du fondement. En tout cas, même si l’on ne veut pas donner trop d’éclat à la critique anti-ontologique et antimétaphysique caractérisant l’approche à la pensée augustinienne proposée dans cet ouvrage, l’acquis spéculatif de celle-ci ne semble pas diminuer. Un parmi les mérites principaux de ce livre est d’avoir restitué à la confessio sa dignité théorique, en y apercevant un lieu phénoménologique originaire où la relation entre moi et Dieu se noue; une relation dont le caractère paradoxal, autrement insoutenable, est résolu par le primat du don et de l’amour. Ce sont tous ces traits originaux qui nous mènent à dire qu’Au lieu de soi n’est pas seulement un livre sur Augustin, car il est plus qu’un livre sur Augustin.