Abstract
La pornographie serait-elle l’objet d’un malentendu? Alors qu’elle s’offre une santé particulièrement réjouissante au regard du commerce mondial, il semblerait que les jugements portés sur elle ne parviennent jamais à toucher leur but. C’est que la pornographie brouille cette aptitude à dessiner clairement les limites que l’on souhaiterait repérer entre réel et imaginaire. La condamnation de cette imagerie sous l’étiquette « obscène » révèle ainsi l’incapacité à juger de la place véritable des représentations de la sexualité dans notre société, mais aussi et surtout, elle révèle la difficulté à identifier le réel lui-même, et signe un dialogue de sourds sur le sens que l’on pourrait donner aux choses représentées en général. C’est sans doute qu’il y a méprise sur l’objet même de la représentation. C’est aussi que l’analyse qui ressort de ce phénomène ne parvient que rarement à sortir d’un aveuglement subtilement construit par les appartenances culturelles et les intérêts idéologiques. Effaçant les frontières a priori certaines entre imaginaire et réel, l’image pornographique donnerait au jugement une portée incapable de s’ancrer dans l’un où l’autre monde.