Abstract
La physique panpsychiste de Ruyer est fondée sur deux arguments : la science, par méthode, ne peut que méconnaître les formes, ne connaît que les structures, et toute réalité ne peut être qu'en se possédant activement, c'est-à-dire comme domaine, ou subjectivité, ou présence. La critique décisive du parallélisme psycho-physique montre que la philosophie de l'esprit, ou le fameux mind-body problem, n'est qu'un catalogue de faux problèmes . Mais, s'agissant de la personne humaine, le spiritualisme ruyérien continue la tradition empiriste en faisant du « je » un point de perspective mythique et provisoire. Le « je » émerge pragmatiquement de la présence, ne la constitue pas et disparaît avec elle. Peut-on opposer à ce spiritualisme sans sujet personnel un « je » distant et séparé de la seule présence ? À distance par là même de l'activité qui, au lieu de la substance, est la catégorie fondamentale de l'ontologie ruyérienne. Ruyer's panpsychical physics is based on two arguments: science, by its method, can only underestimate the forms, can only know the structures, and any reality can exist only by controlling itself actively, that is as a domain, a subjectivity, or a presence. The crucial criticism of psycho-physical parallelism shows that the philosophy of mind, or the famous mind-body problem, is only a catalog of non-problems . However, with respect to the human person, Ruyerian spiritualism continues the empiricist tradition by turning the « I » into a mythical and temporary focal point. The « I » pragmatically emerges from the presence, it does not constitute it and it disappears with it. Can we oppose to this spiritualism deprived of any personal subject an « I » far more distant and separated from presence only? Does is exist severed from activity, which, replacing substance, is the fundamental category of Ruyerian ontology?