Abstract
On a remarqué très tôt qu’il existait une parenté quant aux moyens rhétoriques entre la phénoménologie de Husserl et l’Archéologie de Foucault. Si on comprend la rhétorique non pas (comme les premiers dialogues de Platon voulaient le montrer) comme contraire de la philosophie, ni comme son vis-à-vis, mais comme dimension incontournable de l’argumentation philosophique, à travers la mise en place de moyens rhétoriques, performatifs et de mise en scène, alors cette parenté gagne une nouvelle signification. Husserl lui-même utilise le concept d’« archéologie phénoménologique », dans un texte de 1932 (ici présenté, pour la première fois en français) et ce, dans un sens programmatique. À partir de cet arrière-plan, une convergence se dessine entre les tentatives de Husserl et de Foucault, d’une part de comprendre leur propre entreprise comme archéologie et de pourvoir celle-ci du prestige d’une science héroïque et en même temps d’une sobriété toute positiviste ; d’autre part d’éviter l’implication d’une ontologie platonicienne-dualiste de l’apparence et de l’Être, de la surface et de la profondeur à travers des interprétations spécifiques, visant à mettre en place une disposition horizontale des objets.