Abstract
Michael Walzer affirme que la morale est plurielle, subjective et concrète : une multitude de modes de vie morale qui sont créés par les membres des communautés historiquement situées. Cette thèse implique l’abandon d’une notion généralement acceptée de vérité morale ; d’après laquelle, au moins quelques revendications du type « il est immoral que ϕ » sont vraies en vertu du fait qu’elles constituent des applications de principes moraux universels et objectifs auxquels tout agent moral, en tant que quel, est assujetti. Plusieurs adversaires de Walzer affirment que cette implication démontre par l’absurde le caractère intenable de sa métaéthique relativiste. Or, perd-on exactement si l’on abandonne une telle conception de la vérité morale? Je maintiens qu’il ne s’agit pas de critères pour comparer des moralités concurrentes ni des normes pour évaluer ou choisir des arguments moraux, et qui s’appliqueraient, par exemple, à des questions, posées à des degrés divers de spécificité, portant sur la manière dont on doit vivre. Au contraire, nous serons plus prêts à tolérer les différents modes de vie que des communautés morales choisissent, si l’on abandonne l’idée de vérité morale universelle et objective, et donc aussi l’idée que l’on peut justifier l’imposition de nos normes morales aux autres communautés morales sur la prétention qu’elles seraient acceptées si elles étaient rationnelles, pratiquaient une bienveillance impartiale ou acceptaient la sagesse divine. Bien que ce dernier point de vue se distingue de celui de Walzer, il s’accorde mieux à sa perspective métaéthique que sa propre version.