Abstract
Prenant comme point de départ les sculptures qui ornent la façade de l’Assemblée nationale du Québec, notamment celles de Marie de l’Incarnation, Jean-Jacques Olier et François de Laval, cet article dégage les fondements augustiniens et pseudo-dionysiens de la spiritualité de la Nouvelle-France. En nous basant sur les comptes rendus de la vie en Nouvelle-France et sur les manuels qui y furent utilisés, nous cherchons à déterminer le type d’augustinisme qui fut enseigné au Séminaire de Québec et au Grand Séminaire de Montréal. Nous notons le passage d’une ecclésiologie gallicane à une conception ultramontaine ainsi que l’importance prise par la théologie politique du Cardinal de Bérulle. La révolution copernicienne réalisée par ce hiérarque dionysien entraîna une nouvelle interprétation du sacrifice du Christ et du rôle du prêtre. Les implications institutionnelles et ascétiques d’une telle orientation apparaissent plus clairement en Nouvelle-France que dans la métropole. Nous concluons par des considérations sur la nature de l’Église catholique issue de ce mouvement, le rôle qu’elle joua dans le Québec d’après la conquête et l’impact de cette situation sur la détermination des pouvoirs fédéraux et provinciaux dans la constitution canadienne. L’Église du Québec a montré non seulement le succès que pouvait avoir un catholicisme clérical et centralisé, appuyé sur l’institution du séminaire, mais aussi ses limites.