Dialogue 43 (1):67-82 (
2004)
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Abstract
Il est une question fondamentale dont il semble pourtant qu’elle n’ait pas été posée: celle de savoir ce qui fait que le cogito soit effectivement un principe métaphysique, c’est-à-dire une vérité première. Il semble aussi que ce qui d’ordinaire tient lieu de réponse à cette question dans l’esprit des lecteurs de Descartes, c’est le sentiment vague qu’il s’agit là de la première vérité qui surgisse après la dévastation laissée par le doute universel de la Première Méditation, ou peut-être qui surgisse au cœur de ce doute, puisque le doute ne s’autodétruit que pour faire place à ego sumOr s’en tenir à cela pour justifier le statut de principe métaphysique du cogito, c’est confondre priorité chronologique et primauté métaphysique ou épistémique: en effet, qu’y aurait-il dans le seul fait de se présenter ainsi qui assure que le cogito doive fonder d’autres connaissances, d’éventuelles sciences? Qu’est-ce qui empêcherait aussi qu’il ne soit lui-même assujetti à d’autres connaissances, plus fondamentales, et dont le méditant ne se serait peut-être pas encore aperçu? Il est vrai que cette confusion est compréhensible, puisque la primauté métaphysique du cogito coïncide effectivement avec sa priorité dans l’ordre des connaissancesMais dans le doute ambiant, celle-ci n’est en réalité qu’un effet de celle-là, et le simple fait de constater l’une ne revient pas à être assuré de l’autre. Il ne peut s’agir donc que d’une coïncidence, et la question se pose dès lors de savoir comment se traduit sa primauté, c’est-à-dire comment doivent se concevoir ses rapports avec le reste de nos éventuelles connaissances.