Abstract
Cet article entend montrer que les « déficiences délibératives » qu’Aristote attribue à l’esclave (naturel) et à la femme en Pol. I 13, 1260a 4-15 et qui jouent un rôle explicatif important dans ce premier livre ne trouvent aucune justification théorique dans le corpus aristotélicien, que ce soit dans les ouvrages logico-métaphysiques, psycho-physiques ou éthico-politiques. En effet, il s’agit d’explications idéologiques, pseudoscientifiques, de la condition sociale inférieure de chacun de ces groupes. Ainsi, cet article veut aussi attirer l’attention sur une certaine tendance des commentateurs à chercher à tout prix des circonstances atténuantes pour les thèses d’Aristote en la matière, tendance qui, signe des temps, s’est sans doute aggravée ces dernières décennies et qui, dans des cas extrêmes, va jusqu’à qualifier de « défendable » la défense aristotélicienne de l’esclavage.