Spinoza n’a pas élaboré de grande pensée sur le commerce, mais il l’a activement pratiqué. Le présent article mesure l’impact de cette pratique sur sa philosophie politique, en prenant en compte la manière dont l’histoire des idées s’articule à l’histoire de l’auteur, et en suivant comment l’élaboration d’une métaphysique du commerce le conduit à évacuer le négoce de son anthropologie.

Franciscus Van den Enden is commonly considered as the man who taught Latin to B. de Spinoza. It is unknown if he actually taught him something else, but we do know he used a pedagogy of his own and made the young philosopher aware of the importance of pedagogical issues. The present article helps to document their relationship from a historical and theoretical perspective, by clarifying Van den Enden’s ideas on a most debated subject: the use of honorary titles to (...) distinguish pupils in the classroom. In particular, it shows how the rejection by Van den Enden of titles commonly used in Jesuits schools finds echoes in Spinoza’s philosophy. At the same time, the article argues that through their common participation in theatrical plays, Van den Enden and Spinoza shared a pedagogical experience that helped to overcome the problems linked to the introduction of a hierarchy, not theoretically, but in practice. (shrink)

Cet article interroge le rapport entre la pensée métaphysique et les propositions politiques de Spinoza. Il soutient, contre une interprétation fondée sur la systématicité de sa pensée, qu’elles ne sont pas dans un rapport de continuité déductive. En étudiant dans le détail l’effort du jeune cartésien, dans ses premiers écrits, pour déduire toute la philosophie naturelle à partir d’une seule idée première, on met en valeur une évolution dans la pensée de Spinoza : à partir de 1664, il semble admettre (...) deux modes distincts de progression – l’un déductif, l’autre historique. On montre alors que ses traités de la maturité s’éloignent progressivement du « déductionnisme » initial pour tenir compte de la variété de divers modes de penser ; cela se reflète dans l’Éthique en une conception divisée entre la « nature de l’esprit », considéré comme rationnel par une nécessité interne, et la « nature de l’homme », considéré comme irrationnel par une nécessité externe. Cette lecture permet de limiter la valeur des prescriptions que les philosophes peuvent émettre en politique. (shrink)

Cet article aborde le problème des « fake news » à partir des interactions qui permettent leur circulation, sans supposer que quiconque adhère aux « fake news » par une « croyance » intellectualisée. À la bêtise, à la crédulité ou à l’ignorance supposée des populations victimes de la malveillance des dirigeants, l’auteur substitue un autre modèle explicatif fondé sur un système complexe de représentations. La difficulté individuelle à maintenir la certitude de sa propre valeur fournit un élément causal décisif. (...) En intégrant à sa réflexion la posture scientifique elle-même, cet article propose un aperçu d’une théorie générale (« interactionnelle ») des échanges discursifs et linguistiques complexes, et une conception de l’intelligence et de la bêtise comme phénomènes émergents. (shrink)