Du caractère sociable de l’intime : le plaisir esthétique chez Kant, entre solitude et communication
Abstract
Dans une large mesure, du XVIIe au XVIIIe siècle, on assiste à une métamorphose théorique des rapports entre plaisir, solitude et sociabilité. Tandis qu’au XVIIe siècle, le plaisir est décrit comme une expérience dont le lieu principal est la sociabilité, à l’inverse de la méditation sise de préférence dans la solitude, le XVIIIe siècle réinscrit le plaisir dans l’intimité solitaire du moi et majore l’idée d’une nécessaire communauté des sujets connaissant. La caractérisation kantienne de l’expérience esthétique, comme expérience d’un plaisir qui enveloppe immédiatement une prétention à l’universalité et à la communication, apparaît dès lors comme une façon de rompre la logique de ce chiasme.