Philosophie en letterkunde

Tijdschrift Voor Filosofie 15 (3):375-408 (1953)
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Abstract

Pour comprendre les relations essentielles entre ces deux disciplines il faut pouvoir s'appuyer à une philosophie de l'art, une philosophie du langage, une philosophie de la culture, une philosophie de l'histoire, une philosophie de la philosophie, de sa methode et de ses modes d'expression. Repartir toujours à zéro n'est pourtant pas faisable. Ainsi les thèses relevant des branches philosophiques citées sont indiquées sommairement et considérées sous l'angle particulier du problème mis en question. L'œuvre d'art et la révélation de la vérité. I. L'œuvre d'art est une dé-couverte de l'expérience originaire de la chose. Ce dévoilement de la chose en sa vérité première n'est pas la découverte d'un donné. Comme tel l'objet de l'œuvre artistique n'est jamais donné en dehors de sa manifestation par l'œuvre. Il s'agit donc d'une constitution créatrice de l'objet. II. La constitution d'un objet se fait toujours au sein d'un projet de monde. Le monde est édifié par l'homme. Cette édification se fonde sur la terre ou la nature. Ainsi l'essence vraie est un ensemble de relations qui relient l'objet à la terre et au monde projeté par l'œuvre. III. Le monde projeté par l'œuvre d'art marque le destin d'un peuple historique. Ce n'est donc pas l'histoire qui marque une œuvre, c'est plutôt l'œuvre d'art authentique qui marque l'histoire. Pour pouvoir ce faire l'œuvre doit être fondée dans les possibilités réelles du peuple visé. La vérité de l'œuvre d'art consiste en ce dévoilement du destin et elle dépend de la façon dont les hommes répondent à cet appel. La vérité spécifiquement littéraire. I. La vérité essentielle que l'œuvre d'art manifeste ne semble pas à première vue être liée à une forme déterminée. La peinture et la musique p. ex. pourraient évoquer un monde identique. Au sein d'une même forme d'art d'ailleurs une idée identique peut être manifestée par des expressions multiples. II. Cette indifférence de la forme n'est que relative. Il est le propre de l'œuvre d'art de « laisser-être » l'être de la matière dont elle est faite en sa forme propre. L'outil absorbe la matière afin de l'asservir à une fonction. L'œuvre d'art met en valeur la matière comme telle. III. L'œuvre d'art qui fait usage du langage est par conséquent une mise en valeur du langage en tant que langage. Or, l'essence du langage est semblable à l'essence de toute œuvre d'art. Le langage lui aussi est originairement le projet d'un monde et la manifestation de sa vérité. Toute littérature est donc une mise en valeur du langage en tant que manifestation de la vérité. Cette révalorisation du langage est la vérité spécifiquement littéraire. IV. La révalorisation se fait de deux façons fondamentales. 1°) La poésie renouvelle le pouvoir primitif d'imposer les noms. Le langage utilitaire tend à ne plus prendre conscience de ce pouvoir afin de réduire toute parole à sa fonction de pur signe. 2°) La prose, qui tend à sa perfection artistique dans le roman, est une renaissance du récit. L'évocation du vécu comme tel en son expérience immédiate n'intéresse pas les formes objectivantes du langage. Ainsi toute littérature est une révélation du second degré. Elle est en effet la révélation du langage en tant que révélation de la vérité. La littérature au service de la philosophie. I. Comme toutes les formes d'art la littérature est, en tant que révélation d'une vérité, l'objet de la réflexion philosophique. A cette relation commune la littérature ajoute un lien tout particulier du fait que elle aussi, tout comme la philosophie, fait usage du langage et bien dans un même but : laisser-être le réel en sa vérité originaire. La littérature, en tant que réduction du langage à la sphère de l'authenticité, peut servir de propédeutique à la philosophie. Pour nous conduire du langage quotidien au langage philosophique elle est une étape salutaire. Le langage quotidien est intéressé et son développement réduit la parole à l'instrumentalité pure. Le langage littéraire est désintéressé et son développement restaure la parole en son existence propre et autonome. Le langage philosophique a le même désintéressement, et donc le même souci de vérité absolue que la littérature. Mais pour lui le langage redevient un instrument, un pur signe qui ne désigne que la pensée. II. Une littérature théorique et une philosophie poétique seraient donc également inacceptables car toutes deux seraient également inefficaces. Cette affirmation implique que la vérité spécifiquement littéraire ne peut être exprimée adéquatement de façon théorique. Toute. métaphysique aurait besoin de la littérature en tant que son mode d'expression propre. A ce compte la métaphysique ne peut jamais être une philosophie théorique ou scientifique. Elle appartient au domaine de la poésie. Poésie et métaphysique font en effet usage de figures analogues telles l'image, l'allégorie ou le paradoxe. Il y a cependant une distinction fondamentale quant à l'intention intrinsèque de ces deux langages. Pour qu'il y ait vraiment une métaphysique il faut que l'intention demeure théorique au sein d'une manifestation pseudo-poétique. Pour la métaphysique les figures sont des moyens accessoires ; pour la poésie les figures sont essentielles. III. Le critère de la vérité absolue en littérature est l'authenticité de l'expérience immédiate. De façon analogue la métaphysique ne peut garantir la valeur de ses formules qu'au contact de l'expérience vécue et de la situation concrète. Par là également, en tant que manifestation du vécu immédiat, la littérature sert de propédeutique à la métaphysique. L'appel à la littérature et au mythe donne à toute métaphysique sa dimension concrète et historique. Il n'y a que le récit pour nous apprendre que l'essentiel peut se manifester sous la forme d'un événement. La littérature ne peut donc jouer ce rôle éminemment philosophique qu'à condition d'être un récit authentique, et donc à condition de ne pas être philosophique. La philosophie au service de la littérature. I. Toute culture philosophique peut former l'esprit de l'auteur. Par cette formation l'auteur sera capable de juger de la portée de son propre travail. La formation philosophique du lecteur est pourtant plus importante encore. De la perspicacité des lecteurs en effet dépend l'existence même de la littérature. II. La critique à son tour ne peut juger la littérature en son essence et sa vérité spécifique qu'en se plaçant au point de vue philosophique. Il faut en effet que la critique exprime la vérité littéraire sous forme de jugement. Il n'y aura donc de vraie critique qu'au plan philosophique. Notre transposition du plan purement esthétique au plan métaphysique n'est pas un retour à l'infra-esthétique des explications causales de l'art et de la littérature. Elle correspond à la définition du beau par sa vérité. Or, cette définition sauve la beauté en tant que valeur d'être. On peut donc dire pareillement que seule la métaphysique est capable de donner un sens à l'esthétique, et par conséquent de la sauver

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