Abstract
La parole est une promesse corporelle. Que promet-elle? Le scandale. Celui du rapport incongru entre la parole et le corps. Celui de la promesse d'amour. C'est cette promesse - seductrice - qui est ici etudiee, a partir du Don Juan de Moliere et de la theorie d' Austin, decouvreur des actes de langage. La psychanalyse, elle aussi, vient au rendez-vous : mais dans ce contexte inedit, elle est necessairement deplacee, repensee. Cette etrange rencontre entre un philosophe anglais moderne et une figure mythique du theatre classique francais, debouche sur la question de ce qui se passe, dans la langue, entre connaissance et jouissance, entre le francais et l'anglais, entre la seduction theorique et la seduction rhetorique. Le mythe et la theorie se laissent interroger l'un par l'autre pour que puissese reveler, au-dela de leur sens, leur pouvoir, au-dela de leur discours, leur force d' acte. Que tente cette approche autre? L'important, ce n'est peut-etre pas tantla facon dont le discours theorique informe l'analyse litteraire, mais celle - insolite - dont la litterature fait retour sur la thiorie. Je voudrais dire comment et pourquoi la litterature m'instruit d'un savoir qu'elle ne se sait pas posseder, alors que la theorie, en ayant l'air de parler de concepts, en realite fait acte - de la vie, de la mort, de l'amour. Car c'est en un sens Don Juan lui-meme qui, ici, fait la theorie des actes de langage, alors qu' Austin, par les tours et detours de sa propre rhetorique, met en acte le donjuanisme fancier du langage meme de la theorie -- Back cover.