Abstract
Peut-on s'entendre en matière d'esthétique? Y a-t-il une objectivité possible des jugements dans ce domaine marginal de la philosophie? La question du sens commun dans la Critique de la faculté de juger, semble, aux dires de certains, mener directement à cette problématique contemporaine. Nous ne reprendrons pas ici les multiples articles et ouvrages sur le sensus communis parus dans la dernière décennie à la suite de l'impact conceptuel du thème de la rationalité communicationnelle. Notre intention est plutôt, au-delà de la “dérive” du célèbre paragraphe 40 vers une idée plus actuelle de “consensus”, de repérer les tensions entre le versant transcendantal et le versant empirique du sens commun qui surgissent significativement à l'occasion de cette dérive. Avant d'aborder le sens esthétique défini dans la troisième Critique et de le confronter aux interprétations qui nous semblent plus déterminantes comme celles de L. Ferry de J.-F. Lyotard ou de J. Habermas nous voudrions d'abord examiner l'usage général de cette notion dans l'histoire de la philosophie précritique pour vérifier ensuite la spécificitÉ qu'elle acquiert chez Kant.