La particularité du sentiment est que, alors qu'il est une impression d'ordre affectif, constituée de perceptions de plaisir et de douleur, il est amené à représenter autre chose que l'état purement subjectif de l'âme. Tout le problème est de déterminer à quel point le sentiment constitue un mode de connaissance irréductible.

La lecture que Ernst Cassirer fait de Jean-Jacques Rousseau au début des années 1930 est intéressante, car elle met en exergue différents mécanismes interprétatifs, plus ou moins reconnus par l’auteur. D’un côté, Cassirer entend retrouver l’œuvre de Rousseau, par-delà les interprétations divergentes de son temps : il revendique une lecture neutre. De l’autre, sa pensée, de fait, est déterminée par sa formation philosophique personnelle, assimilée au néokantisme de l’école de Marbourg, et surtout par le contexte politique de son temps.

Prenant acte de la disqualification du sentiment religieux à la fin du xvii e siècle, sous l’impulsion à la fois, de la querelle du pur amour et de la critique philosophique des sentiments, cet article remonte en deçà de cette époque pour examiner le corpus de la littérature spirituelle du xvi e siècle et du début du xvii e siècle. Cette littérature mystique interroge le rôle et la valeur des affects au sein d’un itinéraire spirituel et permet de réévaluer la (...) question d’une spécificité des émotions religieuses par rapport aux émotions naturelles. Nous montrerons que l’affectivité religieuse n’est pas tant caractérisée par un apport de sentiments nouveaux que par une conversion de valeur des sentiments naturellement éprouvés. (shrink)

Cet ouvrage analyse le rôle des moeurs et des coutumes dans les discours philosophiques modernes et dans l'interrogation des classiques sur la subjectivité, le statut de la morale, la constitution et les limites de la souveraineté.