Cet article revient en détail sur la critique du libéralisme de Friedrich Hayek délivrée par Raymond Aron, sur une période qui court des années 1940 au début des années 1980. A partir d’une relecture croisée des principaux textes de ces deux philosophes du second xx e siècle, il cherche à montrer que leurs oppositions – sur la place laissée aux libertés économiques, sur la définition même du concept de liberté et sur la manière d’envisager la démocratie – révèlent l’existence de (...) deux voies profondément divergentes au sein du néolibéralisme contemporain : l’une qui se fonde sur un attachement primordial au marché et qui s’accompagne d’une méfiance prononcée à l’égard du régime démocratique ; l’autre qui se construit à l’inverse sur la base d’une confiance en la démocratie, conçue comme point d’aboutissement du libéralisme, et qui conduit à ne pas absolutiser le marché. Un réexamen de cette opposition peut ainsi permettre de sortir d’une vision étriquée et caricaturale du néolibéralisme, qui le réduit abusivement à une fermeture de l’espace des possibles politiques. (shrink)

Loin de se limiter à l’économie, le néolibéralisme est une pensée globale, une vision du monde, une idéologie qui élabore des perspectives sur les dimensions les plus diverses de la vie sociale et, last but not least, sur la politique. La réflexion de nombreux néolibéraux, certains de premier plan, souligne la permanence, des années 1930 au début du xxi e siècle, d’une interrogation critique sur la démocratie, accusée d’entraver la liberté et de conduire au socialisme. Le regard soupçonneux jeté sur (...) la démocratie se double parfois d’une réflexion sur les alternatives envisageables et explique l’intérêt manifesté pour certains régimes autoritaires de droite, notamment la dictature du général Pinochet au Chili. La réflexion néolibérale sur la démocratie révèle une réticence profonde face aux systèmes représentatifs modernes et la quête d’une forme de légitimité fondée non sur le gouvernement de la majorité, mais sur celui d’une élite triée sur le volet. (shrink)

ABSTRACTThis article shows how Hayek’s understanding of ‘unlimited democracy’ was influenced by the work of Carl Schmitt. It goes on to make the case that ordoliberal ideas informed his suggestions for limiting democracy, made in response to Schmitt’s work. A number of authors have drawn attention to the influence of Schmitt on Hayek’s thought. Similarly, the ordoliberal relationship has been explored. However, these two influences must be read alongside each other in order to arrive at a full understanding of Hayek’s (...) deep ambivalence towards democracy and how that developed from the 1930s through to the 1970s. Finally, the article makes the case that the decisive influence on Hayek’s later authoritarian turn was not the work of Schmitt, as certain authors have argued, but ordoliberal interpretations of dictatorship. It also argues that Hayek’s model constitution is informed by fundamental ordoliberal concerns. (shrink)

ABSTRACT The question of whether Wittgenstein was a liberal philosopher has received less attention than the question of whether he was a conservative philosopher but, as Robert Greenleaf Brice has recently argued, there are hints of liberalism in some of his remarks, and some philosophers, like Richard Eldridge, have argued that a kind of liberalism follows from Wittgenstein’s later philosophy. Richard Rorty has also drawn liberal conclusions from a philosophical viewpoint which draws on Wittgenstein’s work and Alice Crary has suggested (...) that the lessons learned from her own interpretation of Wittgenstein are “reflected in forms of social life that embody the ideals of liberal democracy”. Here I will argue both that Wittgenstein was not a liberal and that his philosophy does not imply a liberal viewpoint. The authors discussed here do not demonstrate that any broad ideological conclusions fol-low from Wittgenstein’s philosophical remarks. -/- RESUMEN La pregunta si Wittgenstein fue un filósofo liberal ha recibido menos atención que la de si fue un filósofo conservador, pero, como Robert Greenleaf Brice ha defendido recientemente, hay muchos indicios de liberalismo en algunas de sus observaciones, y algunos filó-sofos, como Richard Eldridge, han sostenido que hay un cierto tipo de liberalismo que se sigue de la filosofía de su última etapa. Richard Rorty ha sacado también conclusiones libera-les a partir de la perspectiva filosófica que se basa en la obra de Wittgenstein y Alice Crary ha sugerido que las lecciones aprendidas de su propia interpretación de Wittgenstein se “reflejan en formas de vida social que incorporan los ideales de la democracia liberal”. En este artículo, voy a defender tanto que Wittgenstein no era un liberal como que su filosofía no implica una perspectiva liberal. Los autores de que se discuten aquí no prueban que de las observaciones filosóficas de Wittgenstein se desprendan amplias conclusiones ideológicas de ningún tipo. (shrink)

La pregunta si Wittgenstein fue un filósofo liberal ha recibido menos atención que la de si fue un filósofo conservador, pero, como Robert Greenleaf Brice ha defendido recientemente, hay muchos indicios de liberalismo en algumas de sus observaciones, y algunos filósofos, como Richard Eldridge, han sostenido que hay un cierto tipo de liberalismo que se sigue de la filosofía de su última etapa. Richard Rorty ha sacado también conclusiones liberales a partir de la perspectiva filosófica que se basa en la (...) obra de Wittgenstein y Alice Crary ha sugerido que las lecciones aprendidas de su propria interpretación de Wittgenstein "reflejan en formas de vida social que incorporan los ideales de la democracia liberal". (shrink)