La compossibilité chez Leibniz est la relation qui répartit les possibles en mondes distincts. Un problème central consiste à comprendre pour quelle raison tous les possibles ne sont pas compossibles, ou ce qui fonde la pluralité des mondes possibles. On examine ici ce problème en confrontant les thèses de Leibniz au réalisme modal de Lewis. Chez ce dernier, l’appartenance à un même monde est définie par l’existence de relations spatiotemporelles, ce qui exclut la possibilité d’univers-îles, ou mondes sans connexion (...) spatiotemporelle et permet de conclure à l’impossibilité qu’un monde contienne la totalité des possibles. L’interprétation cosmologique de la compossibilité attribue une position semblable à Leibniz. Mais cette interprétation exige de tenir l’harmonie expressive pour une caractéristique nécessaire de tous les mondes, ce qui est incompatible avec un certain nombre d’affirmations de Leibniz. (shrink)

Leibniz tries to prove God’s possibility on the basis of absolutely positive and simple perfections. I primarily want to show, how these controversial perfections can be made comprehensible by working out their foundations in Plato’s theory of ideas. After having concentrated on the Cartesian proof and Leibniz’s criticism in the first part of my paper, I now focus on his own version of the proof and its Platonic background. First, I discuss the structure, the advantages and disadvantages of the famous (...) argument in “Quod ens perfectissimum existit” [1676]. Then I investigate his reasons for assuming absolutely positive and simple perfections by tracing them back to Platonic ideas, including the paradigmatic role of the kosmos noȇtos for the compossibility of essences in the regio idearum. I also consider in which sense Plato’s theory of ideas already preforms the structure of ontological proofs, and how it tells against the assumption of a strictly univocal meaning of existence. (shrink)

Jonathan Edwards est considéré comme le premier philosophe original de l’Amérique. Sa pensée est à comprendre dans le contexte de la théologie calviniste dont elle interprète en métaphysique les thèmes principaux. A travers la notion de l’idée spirituelle, elle énonce une épistémologie où la relecture de la connaissance intellectuelle à partir des catégories esthétiques et éthiques conduit vers l’ébauche d’une noétique de la compossibilité. Quant à sa théorie de la volonté, à travers le refus de considérer toute détermination extérieure (...) ou antérieure, elle présente une homogénéité du volontaire, anticipant l’enseignement de Kant.Edwards is the first original philosopher of America. His thought is to be understood in the context of Protestant theology : he endeavours to give a metaphysical interpretation of the major principles of Calvinistic theology. Through the notion of the « spiritual idea », he is working out an epistemology where the reformulation of intellectual knowledge thanks to ethical and esthetical considerations, leads towards a theory of the compossibility. As far as his doctrine of the will is concerned, he is bracketing the very question of all external determination. He is thus led to expound the homogeneity of the voluntary sphere in anticipation of Kantean teaching. (shrink)

바디우의 첫 번째 철학적 관심은 단연코 이 시대에 “철학이 가능한가?”이다. 바디우는 철학의 가능성을 선언하고 그 조건으로서 정치, 과학, 예술, 사랑이라는 4가지 진리의 유적 절차를 제시한다. 그러나 바디우에게서 철학은 진리를 창조할 수 없다. 철학은 진리의 네 가지 유적 절차와의 공가능성(compossibilité)을 사유하고 진리들의 장소를 배치할 뿐이다. 이 네 가지 유적 절차만이 진리를 생산하며, 그런 한에서 그 네 가지 절차는 철학의 조건들이다. 바디우의 진리와 주체를 다루는 이 논문에서는 첫 장으로 전미래적 진리의 도래를 소망하며 충실성의 담지자로서 상황 내의 식별 불가능한 유적 다수를 붙드는 (...) 주체를 살펴볼 것이다. 주체를 논의함에 있어 바디우는 데카르트와 라깡의 논의를 넘어선다. 또한 두 번째 장에서는 초일자적 사건을 통해 우연을 전제로 지식에 구멍을 뚫는 진리에 대해 알아볼 것이다. 이 논의는 바디우의 진리 유적 절차 중 하나인 “사랑”을 통해 전개된다. 바디우의 진리와 주체는 서로 관련지어져 있음을, 따라서 편의상 두 장으로 나누어 다루지만 구분되지 않는 연속성을 발견할 것이다. (shrink)

Cet article propose une approche de la pensée du franciscain Gonzalve d’Espagne qui vise, d’une part, à renouveler l’intérêt des études médiévales pour ce penseur longtemps oublié et, d’autre part, à permettre la compréhension de sa doctrine de la foi et des rapports qu’elle entretient avec sa compréhension de la scientificité de la théologie. Nous cherchons ici à comprendre de quelle manière la réponse de Gonzalve à la question de la compossibilité des habitus de foi, opinion et science se (...) présente comme l’extension d’une psychologie de l’habitus et d’une épistémologie de la foi conceptualisant la scientificité pratique de la théologie. (shrink)

Le présent article se donne pour fin d’explorer la question des rapports entre foi, croyance et connaissance à la lumière de leur théorisation médiévale. En posant la question de la compossibilité de la connaissance et de la foi, il interroge le rôle que jouent croyance et foi dans notre acceptation quotidienne de vérités plus ou moins évidentes. Il s’agit donc ici en définitive de voir comment certains outils conceptuels empruntés à Thomas d’Aquin et Augustin d’Hippone peuvent nous aider à (...) penser la confusion et l’effritement contemporains de l’idée de vérité en comprenant comment notre rapport affectif aux institutions contribue à ce phénomène. (shrink)

À partir des deux théophanies de Nicolas de Cues et de Leibniz, qui donnent à l’homme une place privilégiée au sein du monde créé, du fait de son statut de miroir ou image vivante qui reflète ou exprime le monde dans sa totalité, et de conceptions qui pensent la présence de l’infini dans le fini, on s’interroge ici sur la conception de la connaissance comme perspective de la monade chez Leibniz et la connaissance « quo modo capere possunt » des (...) créatures connaissantes dans l’univers cusain afin de voir si se tissent des liens de filiation évidents. On se demandera enfin si le système de l’expression, chez Leibniz, qui fait que toute monade exprime l’univers tout entier – ce qui semble proche de l’idée cusaine de la mens comme miroir ou image vivante – ne dépasse pas le perspectivisme « restrictif » de la conception cusaine et n’inscrit pas la démarche leibnizienne dans un dessein beaucoup plus large, qui nécessite un tissu de relations entre les différentes monades que constitue la compossibilité. Tout mouvement de connaissance est connaissance de toutes choses, mais dans un système de relations qui précède l’existence de la monade et qui résulte du calcul du meilleur, soumis au principe de non-contradiction.Ainsi, si un héritage réel semble se dessiner entre Nicolas de Cues et Leibniz, qui place le sujet connaissant au centre de l’édifice créé par Dieu, ou Création, dans une démarche à la fois libre et dépendante du principe premier, il faut comprendre que les deux systèmes de pensée ne répondent pas tout à fait au même dessein. (shrink)

Plusieurs textes de Giordano Bruno définissent le statut des mathématiques en reprenant la classification aristotélicienne des sciences théorétiques. Toutefois cette classification change radicalement de sens à la lumière du monisme brunien. Les mathématiques restent certes une science abstraite, mais, pour le métaphysicien, elles deviennent l’instrument qui permet de penser le rapport de la substance aux modes, le déploiement dans l’unité de la substance de la pluralité infinie des formes; en d’autres termes, elles deviennent une véritable logique de l’être.