Cet ouvrage explore l'itinéraire intellectuel d'André-François Boureau-Deslandes (1689-1757), commissaire général de la Marine, philosophe, savant, moraliste, historien des techniques. Cette étude comporte une analyse détaillée de tous les travaux de l'auteur, en privilégiant ses textes inédits, erronément attribués, ignorés ou à peine recensés. Le but de cette étude est d'attirer l'attention sur une figure complexe d'écrivain et de penseur, dont l'œuvre devrait finalement trouver sa place dans la discipline de l'Histoire de la philosophie et mériterait d'être considérée dans son intégralité, (...) non seulement pour sa valeur intrinsèque, mais aussi parce qu'elle permet, par sa singularité, de mettre en évidence le clair-obscur d'un contexte philosophique, aussi bien culturel que moral : celui de la rencontre et de l'enchevêtrement de l'esprit libertin et l'esprit des Lumières dans la première moitié du XVIIIe siècle. (shrink)

Le libertinage n'est pas circonscrit à un groupe social uniforme, classe d'âge, catégorie socioprofessionnelle, famille philosophique. Il ne forme pas davantage un isolat culturel. Dans la diversité même de ses manifestations, il illustre la variété des situations et des rôles que l'individu peut souhaiter expérimenter dans une vision dynamique, vitaliste, de sa sexualité. Les présents fragments visent moins à établir un catalogue exhaustif des possibles de la performance libertine qu'à apporter quelques éléments de réflexion sur ce qui s'y joue (...) sur les plans relationnel et émotionnel. Ils interrogent une réalité formalisable en de nombreux de ses aspects et tentent d'approcher ce qui se dit à travers elle de l'humaine capacité à acter le désir sexuel comme forme créative."--From publisher's website. (shrink)

Ce beau volume rassemble vingt-trois contributions à un colloque international sur le thème des « Lumières radicales », tenu à l’École normale supérieure Lettres et sciences humaines à Lyon en février 2004. L’objectif du colloque était de s’interroger sur le sens et la pertinence de cette catégorie historiographique qui s’est imposée dans l’histoire intellectuelle du xviie et du xviiie siècle depuis quelques décennies déjà, mais avec une force considérable depuis une dizaine d’années. Le volu..

Ce beau volume rassemble vingt-trois contributions à un colloque international sur le thème des « Lumières radicales », tenu à l’École normale supérieure Lettres et sciences humaines à Lyon en février 2004. L’objectif du colloque était de s’interroger sur le sens et la pertinence de cette catégorie historiographique qui s’est imposée dans l’histoire intellectuelle du xviie et du xviiie siècle depuis quelques décennies déjà, mais avec une force considérable depuis une dizaine d’années. Le volu...

Critics often situate "Les Liaisons dangereuses" within the tradition of the novel of libertinage. Many consider it to be superior to its predecessors but argue nonetheless that it is part of an established tradition, not the beginning of something new. Malraux demurs. While noting similarities with the novel of libertinage, he contends that Laclos’ novel links up much more significantly with the novel of the future, its descendants including Julien Sorel and even Raskolnikov.

Le libertinage est un phénomène hétérogène qui se caractérise par plusieurs attitudes de pensée et de mœurs. La contestation des valeurs chrétiennes est un élément commun liant toutes les formes du libertinage. Le libertinage érudit qui se caractérise par le naturalisme et le scepticisme au regard de toutes vérités universelles est une des variétés caractéristiques du libertinage au XVIe et au XVIIe siècles. Il associait les hommes de lettres, les hommes de sciences, les fonctionnaires publics cependant (...) il ne constituait pas un système homogène. Aussi des personnages associés au libertinage érudit ne créèrent aucun groupe formel et aucune association. Le libertinage de mœurs se développait simultanément au courant du libertinage érudit. L'œuvre de P. Gassendi avait une influence sur le développement de ce courant. Le libertinage de mœurs est très connu et répandu grâce aux histoires amoureuses, aux flirts et aux scandales amoureux. Cependant il serait faux de définir et de déterminer le phénomène de tout le libertinage uniquement en catégories de la liberté de mœurs et du relâchement des mæurs. Sans aucun doute le libertinage de mœurs contribua au changement du statut social, de l'identité sexuelle et culturelle des femmes. Celles qui se trouvaient dans les chaînes du mariage, ne possédant pas de liberté de l'activité publique ni politique commencèrent à apercevoir la possibilité de s'activer et de se libérer de l'espace privé. La matérialité et la sensualité ne se développèrent pas uniquement sous l'influence de la relativisation des mœurs mais aussi, comme le prouva M. Foucault, grâce aux «livres de bonne confession». Le catalogue des fautes et des péchés concernant la sphère sexuelle qui y furent inscrits était de plus en plus détaillé. Cela résultait de nouvelles doutes des croyants en question de la nature du péché. Ainsi ces livres devinrent un type de guide de la sphère sensuelle. Les œuvres du marquis de œade sont les plus controversées en matière du libertinage de mœurs. L'évaluation de ses œuvres comprend en soi la condamnation des œuvres ainsi que du style de vie du marquis de œade, les accusations, l'immoralisme et le blasphème, la cruauté et la violence. Les champs de recherche et d'interprétation essaient d'analyser ses œuvres aussi en référence au problème des limites de la liberté de l’homme, sa solitude; elles sont aussi interprétées en tant que «philosophie du crime». Parmi plusieurs théories qui traitent le problématique du libertinage, il est apparu celle qui cherche des relations entre son développement et la croissance de la résistance par rapport à l'absolutisme depuis le XVIIe siècle. Cela devrait être lié à l'inquiétude du pouvoir public due à la liberté excessive de mœurs. Du point de vue du pouvoir public, le danger était constitué par le caractère privé et l'intimité - les situations où dans un groupe des personnes fidèles, sans présence des tierces personnes, s'effectuerait le changement de pensée, d'idées probablement dangereuses pour l'ordre public; par conséquent des contrôles officiels plus fréquents eurent lieu. Le libertinage de l'époque de la Renaissance modifia sa forme et son caractère. Au XVIIIe siècle toute la mosaїque et la diversification des formes du libertinage de mœurs sous l'influence de la monotonie ennuyeuse croissante, de l'atmosphère de l'inquiétude et du pressentiment de l'aube de l'époque, souvent s'exprima en lassitude décadente, fatigue, poursuite des divertissements. Le désespoir et les doutes emparèrent des intellectuels et des philosophes de la Renaissance; la libérer l’homme de toutes les contraintes égalment celles qui sont proclamées par le christianisme. Dans ce contexte le phénomène du libertinage cessa de remplir la fonction de la proposition du style de vie innovant même si souvent controversé qui en matière de mœurs fut même scandaleux, ainsi que de la manière à participer à l'ordre culturelle et de civilisation. Ce fut l'un des symptômes de la crise des valeurs de la Renaissance et la prémisse de l'atmosphère pessimiste. (shrink)

In his Bibliographia politica Naudé reviews in about one hundred pages authors and works that have dealt with politics, from the Antiquity to the first decades of the Seventeenth Century. In few enlightened pages on the ordinary and extraordinary administration of the State, Naudé elaborates his own idea of Reason of State, including the use of an extraordinary administration in the name of the public benefit. We can find a continuity between his Bibliographia politica and his Considérations politiques sur les (...) coups d’Estat. In both his political works Naudé gives to the category of wisdom, derived from Aristotle, a new practical and political value, which goes back to authors such as Machiavelli or Cardano, Lipsius or Charron. Naudé’s political wisdom uses dissimulation and any form of justice, also against common law, to act in extraordinary administration of the State or to carry out “coups d’État.”. (shrink)

In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:Journal of the History of Ideas 63.2 (2002) 225-237 [Access article in PDF] Did Bayle Read Saint-Evremond? Thomas M. Lennon Of course Bayle read Saint-Evremond—he quotes him. Moreover, he published one of Saint-Evremond's texts. But there is reading, and then there is reading. There is selective, inattentive perusal of excerpts or even secondary sources, with no attempt to penetrate beyond a superficial understanding; and then there is comprehensive, close (...) scrutiny of the best primary sources, with sensitivity to nuance, and attention to context. In short, there is a difference between skimming and studying. Did Pierre Bayle (1647-1706) skim or study the work of Saint-Evremond (ca.1614-1703)?This article argues that Bayle's first-hand knowledge of Saint-Evremond's work was superficial and dependent on a secondary source that gives that work a less than obvious, and hitherto unappreciated meaning for Bayle. This shift matters because it bears on the question of the status of Bayle's religious faith. With her classic Pierre Bayle (1963-64), Elizabeth Labrousse set aside the traditional view of Bayle as a religious skeptic whose professions of faith cannot be taken at face value. Such had been the view held by many in Bayle's own time, most notably by Pierre Jurieu, and near-universally from the Enlightenment into the twentieth century. Very recently, in a work that is no less impressive than hers on this and other topics in Bayle, Gianluca Mori has defended the traditional view, basing a part of his argument on Bayle's use of Saint-Evremond. 1 Thus the question above. Moreover, the matter of Bayle's religious belief is not a merely biographical one. First, there is the fact of his [End Page 225] influence, especially given his huge readership, although Bayle's influence may well be other than anything he intended. Secondly, in any case, the interpretation of Bayle's work as a whole depends on it, for virtually everything he wrote besides the Dictionnaire has a religious dimension.To appreciate the importance of the question, something must first be said about Charles de Marguetel de St. Denis, sieur de Saint-Evremond. He was known in his time, and still is, as a libertine. It is difficult, however, to define libertinage beyond a combination of hedonistic mores and dubious religious beliefs—Epicureanism in some loose and popular sense. 2 What is more important, in any case, is how Bayle might have thought the term applied to Saint-Evremond; and here it is clear that outright atheism may have been at issue. Bayle reports that it was publicly known that Saint-Evremond "ended his long life, just as he had lived it, en esprit fort." He seems certainly to have died without benefit of religion. When asked on his deathbed whether he wished to be reconciled, says Bayle, he answered yes, "with all my heart. I would like to be reconciled with my appetite. For my stomach is no longer functioning in its usual way." Bayle was often at pains to insist upon the ultimate inaccessibility of others' real beliefs (and of the inappropriateness of attempting to reach them). In this case, however, he was prepared to hold up Saint-Evremond as a counter-example to the widely-held belief that there were no speculative atheists, i.e., people who would sincerely deny the existence of God, but only practical atheists, i.e., people who live as if they did not believe in the existence of God, but who, try as they may, are at least occasionally aware of it. 3This view of Saint-Evremond is important because, when accused of irreligion himself, Bayle cited the libertine's work as indicative of his own beliefs. To understand how Bayle came to be accused, and the significance of this response to it, some of the historical background is first necessary. Bayle's Dictionnaire historique et critique sold better than any text in the eighteenth century, philosophical or otherwise; and it was a best-seller right from the publication of its first edition, in... (shrink)

De 1683 a 1694, Antoine Arnauld et Nicolas Malebranche, anciens amis et pretres que leur interet pour Descartes, leur reverence pour Augustin et leur commune inquietude face au libertinage semblaient pourtant destiner a s'entendre, polemiquerent violemment. En insistant sur l'aspect philosophique de ces debats, cet ouvrage propose la premiere interpretation d'ensemble de cette celebre confrontation. Y a-t-il de serieuses raisons philosophiques au desaccord entre Arnauld et Malebranche? Leur determination permet-elle d'eclairer certains aspects du malebranchisme? Existe-t-il une philosophie d'Antoine Arnauld (...) et peut-on en preciser les contenus? Ces trois questions centrales conduisent au point de fuite de ce travail: l'impuissance theologique du cartesianisme est-elle congenitale, ou bien peut-on tirer des dividendes theologiques de la philosophie cartesienne sans en faire jouer les structures et en modifier les concepts fondamentaux? (shrink)

In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:Journal of the History of Ideas 61.3 (2000) 473-492 [Access article in PDF] Sainte-Beuve between Renaissance and Enlightenment Paul Nelles For a period of eight years in the 1840s Charles-Augustin de Sainte-Beuve held a post of conservateur at the Bibliothèque Mazarine. 1 Each day he traversed the gallery of hommes illustres which decorated the reading room. This held busts of major figures from history and literature. In one of (...) his portraits littéraires from these years Sainte-Beuve pretended to derive inspiration from this legion of intellectual heroes. Among the busts stood one of Gabriel Naudé, Mazarin's first librarian in the 1640s. Sainte-Beuve dreamt, he wrote at the time, of placing Naudé's bust beside that of Charron, or even better, between those of Montaigne and Bayle. Through Naudé, Sainte-Beuve avowed to discover the genius loci of the Bibliothèque Mazarine. Yet whatever local reasons there were for the presence of Naudé's bust at the Mazarine, Sainte-Beuve set out in this essay to find a place for Naudé among the pantheon of French thinkers on his own merits. Such playfulness with a biographical conceit of both the literary and visual arts belied serious purpose. If it fuelled Sainte-Beuve's claim to have found in the seventeenth-century thinker "un sceptique moraliste sous masque d'érudit," 2 it was also expressive of a critical campaign devoted to the revision of a received tradition of French thought and learning. Sainte-Beuve [End Page 473] juxtaposed a seventeenth-century tradition of "literary" skepticism independent of formal philosophy with an Enlightenment inheritance he was eager to disown. Central to this task was a disciplinary turn away from philosophical inquiry and the history of philosophy to literary history. This in turn entailed a full embrace of the shadowy inhabitants of the margins of pre-Enlightenment thought from the late Renaissance to Bayle.Sainte-Beuve's discovery of seventeenth-century precursors, as he clearly regarded them, was first sketched in a series of articles in the Revue des Deux Mondes in the 1830s and 1840s. Naudé was thus somewhat more than a random sighting in Sainte-Beuve's critical galaxy. Together with Bayle and a handful of other figures Naudé occupied a key position within the constellation of thinkers Sainte-Beuve charted in plotting a course for the practice of literary history and criticism in the middle years of the nineteenth century. The context of the development of Sainte-Beuve's enterprise illuminates an intriguing aspect of the historiography of skepticism in modern intellectual history. While functioning in part to legitimize literary history as a discipline, the circumstances of Sainte-Beuve's undertaking are rooted in wider contemporary currents of historiography and the philosophy of history. There is, then, a crucial disjuncture between the tradition Sainte-Beuve set out to describe and that established in the twentieth century under the rubric of libertinage. Sainte-Beuve did not seek to establish seventeenth-century origins for Enlightenment free thought. Rather, he turned to the seventeenth century in an effort to exhume a tradition of criticism and literary skepticism with which, on his account, the Enlightenment had openly broken. 3Sainte-Beuve's interest in Naudé, Bayle, and other figures derived from a need to differentiate the orientation and method of literary history from contemporary mechanisms for assessing the significance of France's intellectual and cultural heritage. For all concerned this was a heritage unquestioningly viewed through the prism of the political events of 1789 and their aftermath. According to Sainte-Beuve, la critique emerged in the seventeenth century with thinkers such as Charron, Naudé, and Bayle. From his standpoint, the significance of such figures inhered entirely in their pre-Enlightenment status. They vividly illustrate how the Enlightenment had deviated from a well-established tradition of la critique. The degree to which they served as a foil to the Enlightenment becomes evident when contrasted with Sainte-Beuve's characterization of mainstream Enlightenment figures. [End Page 474]For Sainte-Beuve and his contemporaries literature was not yet restricted to a narrow canon... (shrink)

Dans les sociétés démocratiques contemporaines, les individus revendiquent le droit d'aimer librement. Ils sont attachés à la réussite de leur vie sentimentale et à l'épanouissement de leur sexualité. Mais le corps épris nous permet-il d'accéder à l'existence heureuse que nous désirons? Dans ce livre, Jean-Marie Frey met au jour les ressorts de l'inquiétude suscitée par l'amour charnel. Il montre comment la pudibonderie et le libertinage expriment, chacun à leur manière, une tentative pour se rassurer. Les prudes désireux de voiler (...) les femmes et les libertins exhibant un corps morcelé dans l'imagerie pornographique, n'éprouvent-ils pas les uns et les autres une crainte devant la chair désirable? L'auteur oppose les figures du pudibond et du libertin à celle d'un amant disposé à jouer le jeu d'une passion amoureuse à la fois inquiétante et joyeuse. (shrink)

In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:diacritics 35.1 (2005) 71-98MuseSearchJournalsThis JournalContents[Access article in PDF]Hospitality after the Death of GodTracy McNultyPierre Klossowski's fiction has been only sporadically published in English, and largely dismissed as perverse erotica or soft-core porn. When his 1965 trilogy Les lois de l'hospitalité was partially translated in English (under the title Roberte, ce soir & The Revocation of the Edict of Nantes), its Library of Congress classification characterized it simply as "erotic (...) fiction—French." Even in France, Klossowski has become the very signifier of perversion. His artwork graces the cover of Serge André's L'imposture perverse and of numerous erotic novels, he has been "diagnosed" as a pervert by writers on both sides of the Atlantic, and unironic readers of his Sade mon prochain hail him as Sade's disciple and heir.1Admittedly, the larger stakes of Klossowski's work are easily obscured by its free adaptation of the stock themes of libertine literature. His fictional works, like his visual compositions (essentially representations of rape scenes, often on historical themes—Diana and Actaeon, the Rape of Lucretia), explore the conflict between a woman's chaste moral attitude and her gradual surrender to an assailant's advances. The Laws of Hospitality concerns the erotic awakening of "hospitality" in a woman, which exposes a contradiction within her moral character and reveals her symbolic identity to be without foundation. Its protagonist Octave, who bears more than a passing resemblance to his creator, is a collector of artworks that eroticize the moment of moral hesitation experienced by women submitting to the sexual advances of a chance stranger—or even a "spiritual" apparition. His "laws of hospitality" are the fruit of his desire to experience this operation firsthand; they name a practice wherein the master of the house "offers" his wife to fortuitous guests, in order to savor the moment of her surrender.However, the stakes of Klossowski's "perverse" meditations are very different from the Sadeian project of uprooting religious morality. Sade challenges the patriarchal and religious authorities of his day by demonstrating that the paternal signifier on which their laws are based is without foundation. In proving that the law cannot hold [End Page 71] up against the repeated assaults of libertinage, he mounts a systematic deconstruction of the symbolic order of language by the real of jouissance. But although Klossowski may share Sade's perverse drive to "humiliate the law with the object,"2 his target is not the signifier as such, but rather the imaginary consistency afforded by what he calls the "grammatical fiction of the 'I,'" the illusion of autonomous personhood. The "object" he confronts it with is not the natural "truth" of jouissance, but rather the feminine object who disrupts the identity of the "master" who offers her.Klossowski's reflections on the special status of femininity in Enlightenment culture—at once marginal and singularly "extimate"—have never been fully appreciated, despite their enormous interest for the study of culture. In a way unique among contemporary authors, Klossowski sheds light on Jacques Lacan's enigmatic insight that the cultural importance of the feminine object consists in its sublimated status as an "object raised to the dignity of the Thing" [Lacan 112]. His fiction underscores the close ties between the feminine and what Freud called das Ding, the Thing uncannily internal to subjectivity that Lacan later identified with the function of the Nebenmensch, as the apotheosis of the Christian idea of the prochain, or neighbor [Lacan 151–52].Although Klossowski's erotic scenario invites comparisons with Sade's and Fourier's utopian calls to dissolve the privative boundaries between subjects, what he understands by "hospitality" is not the abolition of personal identity, but rather the staging of its internal contradiction.Hospitality, at the Limits of the LawThe act of hospitality—whose theological and philosophical origins this former Dominican novice and Latin scholar was intimately acquainted with—concerns a very particular tension. Etymologically, the host is the "master," the one who "eminently personifies" identity: not only his own identity, but also that of the group in whose... (shrink)

Il est peu question du Christ dans cet ouvrage tardif (écrit en 1888, quelques mois avant que Nietzsche ne sombre dans la folie, il ne sera publié qu'en 1895), mais beaucoup du christianisme. Illusion, fiction, Idéal négatif parce que nourri de la faiblesse et du ressentiment, le christianisme désigne, pour Nietzsche, le pouvoir du mensonge. Il escamote la réalité et c'est pourquoi il ne faut pas seulement le réfuter ; il faut aussi le combattre. D'où une nécessaire violence à l'encontre (...) des malades : Ce qui est chrétien, c'est la haine contre l'esprit, contre la fierté, le courage, la liberté, le libertinage de l'esprit ; ce qui est chrétien, c'est la haine contre les sens, contre les joies des sens, contre la joie tout court. Livre injuste et méchant donc, qui veut être un hymne à la belle humeur, à l'innocence et à la grâce, au bonheur et à la plénitude ;livre d'équivoques aussi, écrit par celui qui signera plus tard Le Crucifié. (shrink)

Rousseau a bien compris, mieux que ses contemporains peut-être, le paradoxe de la communication propre aux Lumières, prises entre le développement du savoir et la constitution d'une opinion publique. Avec l'accélération de la circulation des discours et des écrits, comment parler et agir philosophiquement sans se perdre? Comment concilier la culture du secret, issue de la tradition littéraire du libertinage érudit, et la publicité, qui ouvre de plus en plus grands les horizons de la sphère publique? Masano Yamashita examine (...) ici l'articulation entre les stratégies rhétoriques de l'adresse au lecteur chez Rousseau et sa conception proprement philosophique de la communication. Elle met en lumière l'originalité et la lucidité de Rousseau face aux difficultés liées à cette société de l'information d'Ancien Régime. Rousseau cherche les conditions de possibilité d'une parole émancipée et pleinement publique. Au moyen d'une philosophie incarnée mettant en scène une figure de lecteur, il met à l'épreuve l'idée d'un sujet universel, la constitution d'un espace public, le sens de l'exercice de la philosophie, les enjeux politiques et éthiques des actes de discours. La réception des textes et le rapport au public constituent ainsi pour Rousseau un enjeu philosophique. Entre exigence de transparence et désir d'expérimenter les diverses facettes du moi public, se dessine la conception originale que Rousseau se fait de l'homme des Lumières. Masano Yamashita montre que la réflexion de Rousseau sur les manières de vivre dans un espace public, social comme littéraire, débouche sur une véritable vie philosophique. (shrink)

What would happen if pleasure were made the organizing principle for social relations and sexual pleasure ruled over all? Radical French libertines experimented clandestinely with this idea during the Enlightenment. In explicit novels, dialogues, poems, and engravings, they wrenched pleasure free from religion and morality, from politics, aesthetics, anatomy, and finally reason itself, and imagined how such a world would be desirable, legitimate, rapturous--and potentially horrific. Laying out the logic and willful illogic of radical libertinage, this book ties the (...) Enlightenment engagement with sexual license to the expansion of print, empiricism, the revival of skepticism, the fashionable arts and lifestyles of the Ancien Régime, and the rise and decline of absolutism. It examines the consequences of imagining sexual pleasure as sovereign power and a law-unto-itself across a range of topics, including sodomy, the science of sexual difference, political philosophy, aesthetics, and race. It also examines the roots of radical claims for pleasure in earlier licentious satire and their echoes in appeals for sexual liberation in the 1960s and beyond. (shrink)

On trouve sous la plume de Bayle des rapprochements étonnants qu’il théorise lui-même comme un art de faire de « belles applications » ; nous nous interrogeons sur l’affinité qu’il décèle entre épicurisme et augustinisme et proposons de réévaluer sous cet angle la portée de la thèse baylienne de l’athée vertueux par rapport à la thèse de la vertu des païens défendue par La Mothe Le Vayer.

Cette étude a l'ambition de couvrir à la fois la réception et l'influence des Pensées de Pascal jusqu'en 1734. Elle se fonde sur une analyse des influences philosophiques à l'uvre dans la composition même de l'uvre de Pascal, concluant à la forte influence de Gassendi sur la conception pascalienne du libertinage. Cette orientation de l'apologie est cependant contrariée par le fait que les Pensées sont éditées en 1670 par les théologiens cartésiens de Port-Royal, Arnauld et Nicole. Au-delà de la (...) forte influence des Pensées sur les Essais de morale de Nicole, les premières années de la réception sont marquées par la réfutation implicite contenue dans les uvres de Malebranche, de sorte qu'on observe la rivalité de deux conceptions de l'apologétique à cette époque: l'une, celle de Pascal, historique, vise à démontrer l'authenticité de la révélation du Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob par le témoignage de l'Ecriture Sainte; l'autre, malebranchiste, se base sur l'évidence des 'preuves de simple vue' et démontre l'existence de celui que Pascal avait désigné comme le 'Dieu des philosophes'. Or, jamais les apologistes ne renonceront aux preuves 'naturelles' et s'enfermeront dans le piège dénoncé par Pascal: ils célèbrent le triomphe du rationalisme chrétien et se font défenseurs du déisme. Lorsque Bayle met en évidence l'échec du rationalisme théologique, les philosophes clandestins auront beau jeu de transformer le rationalisme malebranchiste en rationalisme antichrétien. (shrink)

L'anthropologie pascalienne de la "misère de l'homme sans Dieu" frappe par sa pertinence : aucun apologiste chrétien n'a exprimé avec tant de justesse le point de vue d'un incroyant sur le monde et sur sa propre nature. C'est le point de départ de son argumentation apologétique, que cet ouvrage suit pas à pas, en précisant ses sources cartésiennes et gassendistes, en examinant le statut du sentiment et en restituant la cohérence de la foi de la "seconde nature". Les Pensées constituent (...) l'expression complexe d'une philosophie chrétienne et la cohérence de l'argumentation représente un témoignage privilégié sur le libertinage tel que Pascal le concevait. Le profil intellectuel de son libertin apparaît entre les lignes de l'argumentation apologétique."--Page 4 of cover. (shrink)

Dans les romans de Sade, on n’accomplit que des crimes qui sont longuement expliqués, commentés et surtout légitimés. Ces dissertations ont conduit les critiques à rapprocher le marquis des philosophes du XVIII e siècle et parfois même à l’assimiler à ces derniers. Le présent article indique que cerapprochement n’est pas fondé et prouve que Sade n’a pas cautionné mais a au contraire stigmatisé les raisonnements des philosophes et de leurs épigones qui tendaient à instiller chez les Français du XVIII e (...) siècle l’illusion que tout était légitime et que tout était permis. ENGLISH: The characters of Sade’s novels use to comment crimes which they at length explained, commented on and above all legitimated. These views led the critics to establish a connection between the marquis and the philosophers of the Eighteenth Century and even to liken him to them. This article shows that there is no grounds for this connection and proves that Sade didn’t support but – quite the reverse – condemned the arguments of the philosophers and of their epigones, which instilled into French people of the Eighteenth Century the illusion that all is justifiable and permitted. (shrink)

A survey of Bayle's skeptical arguments regarding Descartes' criterion of truth, which Bayle refers to as "evidence." Bayle's arguments for degrees of evidence, as well as for the necessity and sufficiency of possessing a high degree of evidence in order to form virtuous beliefs, are surveyed as well.

Dans cette contribution, je m’attarde à la manière dont l'intérêt de la philosophie des Lumières pour la métaphysique est rendu visible dans certaines entrées de l’Encyclopédie expressément mises sous les rubriques « Philosophie » et « Histoire de la philosophie », et plus particulièrement à l’une d’entre elles, à savoir l’entrée SCHOLASTIQUES, laquelle a l’intérêt de mettre sur la scène de l’histoire le drame du rapt de la métaphysique par la théologie. Autre manière de dire que le devenir « ontothéologique (...) » de la métaphysique, comme moment de l’histoire de l’esprit humain, est bel et bien l’histoire de rapports de forces politiques et institutionnelles dont la résolution n’est pas nécessairement conditionnée par un dévoilement progressif de la vérité. (shrink)