Dans sa précognition de toutes choses, le Créateur avait pris grand plaisir à lire les philosophes présocratiques. C'est ainsi qu'Il avait appris que, même en sa toute-puissance, Il ne disposerait que de deux modèles fondamentaux pour créer son univers. Alors Il se dit : "Je pourrais me laisser guider par la pure rationalité de Parménide, toute de clarté et de rigueur. C'est un système remarquablement simple. Une fois que j'aurais allumé la mèche du big-bang, je n'aurais plus à m'occuper de (...) rien. Qu'est-ce qui pourrait changer dans les lois que j'aurais établies? Et comment les entités que j'aurais créées pourraient-elles ne pas leur obéir? Je n'aurais plus qu'à assister au merveilleux spectacle dont j'aurais été le créateur et le régisseur. Oui, mais voilà, je connaîtrais d'avance et jusque dans ses moindres détails le spectacle qui se déroulerait ainsi devant mes yeux. Que vaut un spectacle dont la mise en scène, chaque tableau, chaque épisode sont connus du spectateur, pour finalement se confondre en l'instantanéité d'un moment? Quelle triste perspective d'un éternel ennui! Et dans ce monde parfaitement déterminé, même le serpent le plus malin ne saurait exercer son pouvoir tentateur sur ce premier couple, qui jamais ne connaîtrait la liberté de pécher. Du coup, l'autre voie qui m'est offerte paraît infiniment plus attrayante, cette voie qu'avait explorée Héraclite, voie hésitante, toute en contradiction, où être et n'être pas, c'est et ce n'est pas la même chose. Mais cette incertitude se mue en une infinité de possibles, où tout peut être, où rien n'est jamais donné d'avance. A chaque coup de dés de cet enfant toujours jeune qu'est le Temps, de nouvelles possibilités surgissent. Assister à la naissance d'un monde inachevé et toujours en gésine, voilà qui peut être captivant!" Et c'est ainsi que, se laissant guider par Héraclite, Dieu inventa la mécanique quantique, avec ce qui, en elle, dépend du hasard le plus authentique. Du coup le spectacle du monde devient fascinant et toujours inattendu. Depuis ce jour, Dieu se promène de planète en planète, de galaxie en galaxie, sûr d'y découvrir chaque fois quelque nouveauté à laquelle lui-même n'avait pas songé... (shrink)

Sous une limpidité apparente, le livre de J. Monod cache une profonde ambiguïté, à tel point que cet ouvrage peut donner lieu à des interprétations trés divergentes, parfois même contradictoires.

L'auteur part du postulat d'objectivité de la méthode scientifique dans son affirmation d'une distinction radicale entre le sujet qui observe et l'objet observé. Il montre en quoi ce dualisme du sujet et de l'objet a été remis en question dans la physique quantique de Heisenberg et dans la psychologie behavioriste de Watson. Cependant, l'auteur soutient que le dépassement de ce dualisme cartésien par le monisme objectiviste ou par le monisme subjectiviste est impossible pour la raison très simple que le monisme (...) est impensable. De fait, le monisme a été pensé, mais dans un langage dualiste.The author begins with the postulate of the objectivity of the scientific method in its affirmation of a radical distinction between the subject who observes and the object which is observed. It is shown how this dualism of subject and object was put into question in Heisenberg's quantum physics and in Watson's be-haviorist psychology. Nevertheless, the author holds that the overcoming of cartesian dualism by objectivist monism or by subjectivist monism is impossible. The very simple reason for this claim is that monism is unthinkable. Actually, monism has been thought, but it has been thought in a dualist language. (shrink)

Ce qu'on appelle l'Histoire de la Philosophie couvre un domaine très vaste et ambigu. On entend habituellement par ce terme la description critique des différentes étapes de la pensée philosophique, pour autant que cette pensée soit devenue consciente d'elle-même. En ce sens, on exposera la pensée de tel ou tel philosophe, on discutera de tel ou tel système philosophique.

On aura lu dans le présent numéro de Dialogue une longue étude critique, où Claude Panaccio analyse la traduction, par Roland Galibois, du Commentaire d'Occam sur le Livre des Prédicables de Porphyre, ainsi que mon introduction à ce texte.On nous permettra sans doute d'y répondre, et on trouvera ci-après l'excellente justification que R. Galibois donne de sa traduction.

Après avoir connu des amours romanesques, Pic de la Mirandole étudia les traditions intellectuelles les plus variées et connut la célébrité en proposant à Rome en 1486 le fameux débat portant sur ses 900 thèses philosophiques et théologiques. Etabli à Florence, aux côtés de Marsile Ficin et de Policien, il mourut sans avoir réalisé son rêve d'unification des écoles philosophiques.

Le Traité des prédicables, aussi appelé Isagogè, fut rédigé par Porphyre, vers la fin du IIIe siècle, pour servir d'introduction à la logique et en particulier au Traité des categories d'Aristote. L'auteur y traite des cinq universaux – le genre, l'espèce, la différence, le propre et l'accident – qui sont, si l'on veut, cinq sortes de prédicats généraux qu'un sujet quelconque est susceptible de se voir attribuer. Traduit du grec au latin par Boèce, sans doute au début du VIe siècle, (...) l'ouvrage fut intégré par le Moyen Age au corpus de la logique aristotélicienne et devint, à ce titre, l'un des manuels de base de l'enseignement de la logique. Lorsque, vers 1320, le Franciscain Guillaume d'Occam entreprend d'expliquer «les divers livres de la logique», c'est en premier lieu vers l'Isagogè qu'il se tourne, pour le commenter à sa façon: ce fut là le tout premier ouvrage de logique de celui qui allait devenir l'un des plus grands logiciens de tous les temps. Occam y prend occasion du texte de Porphyre pour réitérer, sous le couvert d'une interprétation parfois audacieuse, sa célèbre critique du réalisme des universaux, qui le conduit à voir dans les cinq prédicables cinq sortes de signes généraux. (shrink)

LeTraité des prédicables, aussi appeléIsagogè, fut rédigé par Porphyre, vers la fin du IIIe siècle, pour servir d'introduction à la logique et en particulier auTraité des categoriesd'Aristote. L'auteur y traite des cinq universaux – le genre, l'espèce, la différence, le propre et l'accident – qui sont, si l'on veut, cinq sortes de prédicats généraux qu'un sujet quelconque est susceptible de se voir attribuer. Traduit du grec au latin par Boèce, sans doute au début du VIe siècle, l'ouvrage fut intégré par (...) le Moyen Age au corpus de la logique aristotélicienne et devint, à ce titre, l'un des manuels de base de l'enseignement de la logique. Lorsque, vers 1320, le Franciscain Guillaume d'Occam entreprend d'expliquer «les divers livres de la logique», c'est en premier lieu vers l'Isagogèqu'il se tourne, pour le commenter à sa façon: ce fut là le tout premier ouvrage de logique de celui qui allait devenir l'un des plus grands logiciens de tous les temps. Occam y prend occasion du texte de Porphyre pour réitérer, sous le couvert d'une interprétation parfois audacieuse, sa célèbre critique du réalisme des universaux, qui le conduit à voir dans les cinq prédicables cinq sortes designesgénéraux. (shrink)

Treating mathematical science as a distinct cultural entity subject to environmental factors which influence its evolution, the author examines the creation and development of its major concepts since early times.

Empathy remains poorly understood, under-theorized, and subject to conflicting and opportunistic uses. Its systematic role in human experience has not been analyzed and interpreted from top to bottom. In this book, the author attempts to provide such an analysis in the philosophical traditions of hermeneutics, phenomenology, analytic philosophy of language, and psychoanalysis. applying his interpretation of empathy to the philosophical issues of intentionality, the emotions, and the checkered transformations of empathy itself. In doing so the author aims to rescue empathy (...) from the margins of intelligibility and reveal its central role in our understanding of the emotions, the integrity of our relations with others, and human community (“intersubjectivity”). -/- The work draws on both the Anglo-American (“analytic”) tradition of ordinary language philosophy and the continental ones of phenomenology and hermeneutics. This work follows the movement of empathy from the periphery of ethics, aesthetics, and theory of mind to a key place in establishing and maintaining the integrity and emotional equilibrium of dynamic interrelations with other individuals. Beginning with the philosophical infrastructure of the hermeneutics of empathy, this work thoroughly explains the complex architecture of empathy, tracing it downward through the levels of authentic human interrelations, empathy with unexpressed emotions, the empathic penetrability of cognitively impenetrable affect, the first-ever intentional analysis of both the empathizer and the “empathasand” in interrelation, and the hermeneutic infrastructure. The consequences of empathy are exposed in the context of the emotions, cognitive impenetrability, empathy and altruism, and the intentionality of empathy as accessed through language and story telling. Drawing on the multi-method approach of hermeneutics, phenomenology, and story telling, this work demonstrates that empathy forms the foundation for community in ways not clearly appreciated in the on-going debate. In a bootstrap operation that is guided by Heidegger’s call for a “special hermeneutic of empathy,” this work achieves a delicate balancing act of unpacking the rich intellectual traditions from which empathy - the phenomenon itself, not the concept - emerged historically. The result is an exposure of the deep structure of empathy as a fundamentally human capability for creating possibilities of community and human relations. (shrink)

A milestone in the development of post-war Marxist thought.

Ex aequo et bono compensations refer to tribunal’s compensations that cannot be determined exactly according to the rule of law, in which case the judge relies on an estimate that seems fair for the case at hand. Such cases are prone to legal uncertainty, given the subjectivity that is inherent to the concept of fairness. We show how basic principles from statistics and machine learning may be used to reduce legal uncertainty in ex aequo et bono judicial decisions. For a (...) given type of ex aequo et bono dispute, we consider two general stages in estimating the compensation. First, the stage where there is significant disagreement among judges as to which compensation is fair. In that case, we let judges rule on such disputes, while a machine tracks a certain measure of the relative differences of the granted compensations. In the second stage that measure, which expresses the degree of legal uncertainty, has dropped below a predefined threshold. From then on legal decisions on the quantity of the ex aequo et bono compensation for the considered type of dispute may be replaced by the average of previous compensations. The main consequence is that this type of dispute is, from this stage on, free of legal uncertainty. (shrink)

The need for quantitative measurement represents a unifying bond that links all the physical, biological, and social sciences. Measurements of such disparate phenomena as subatomic masses, uncertainty, information, and human values share common features whose explication is central to the achievement of foundational work in any particular mathematical science as well as for the development of a coherent philosophy of science. This book presents a theory of measurement, one that is "abstract" in that it is concerned with highly general axiomatizations (...) of empirical and qualitative settings and how these can be represented quantitatively. It was inspired by, and represents a generalization and extension of, the last major research work in this field, Foundations of Measurement Vol. I, by Krantz, Luce, Suppes, and Tversky published in 1971. (shrink)

No figure among the western Marxist theoreticians has loomed larger in the postwar period than Louis Althusser. A rebel against the Catholic tradition in which he was raised, Althusser studied philosophy and later joined both the faculty of the Ecole normal superieure and the French Communist Party in 1948. Viewed as a "structuralist Marxist," Althusser was as much admired for his independence of intellect as he was for his rigorous defense of Marx. The latter was best illustrated in For (...) Marx (1965), and Reading Capital (1968). These works, along with Lenin and Philosophy (1971) had an enormous influence on the New Left of the 1960s and continues to influence modern Marxist scholarship. This classic work, which to date has sold more than 30,000 copies, covers the range of Louis Althusser's interests and contributions in philosophy, economics, psychology, aesthetics, and political science. Marx, in Althusser's view, was subject in his earlier writings to the ruling ideology of his day. Thus for Althusser, the interpretation of Marx involves a repudiation of all efforts to draw from Marx's early writings a view of Marx as a "humanist" and "historicist." Lenin and Philosophy also contains Althusser's essay on Lenin's study of Hegel; a major essay on the state, "Ideology and Ideological State Apparatuses," "Freud and Lacan: A letter on Art in Reply to Andre Daspre," and "Cremonini, Painter of the Abstract." The book opens with a 1968 interview in which Althusser discusses his personal, political, and intellectual history. (shrink)

Reply to John Lewis: Note on "The critique of the personality cult". Remark on the category "Process without a subject or goal(s)"--Elements of self-criticism: On the evolution of the young Marx.--Is it simple to be a Marxist in philosophy? "Something new".