A la vérité, la pensée de Kant, et c'est là son originalité, propose une sagesse authentique qui se fonde dans le concept de devoir au sens de la loi morale. Contrairement à ce que certains auteurs (V. Brochard, P. Aubenque, M. Foucault) ont pu soutenir, il n'y a pas lieu d'opposer les sagesses de la philosophie grecque et la philosophie pratique de Kant, qui ne serait pas une sagesse, mais une morale du devoir. Le présent ouvrage montre que cette sagesse (...) doit se comprendre comme l'individuation de l'exigence de la vertu, soit comme une tension entre l'impératif moral et l'accomplissement d'une ascétique éthique soucieuse de réaliser l'humanité dans sa destination complète. (shrink)

On interprète généralement la philosophie morale de Kant à partir d'un certain nombre de thèses devenues classiques et qui demeurent souvent ininterrogées. Il est ainsi entendu que la morale chez Kant ne se fonde pas sur la religion et qu'elle ne présuppose pas l'existence de Dieu, que la liberté constitue la clé de voûte du système et que l'autonomie du sujet moral en est le coeur. Mais ces thèses, qui sont exactes, ne peuvent être pleinement comprises qu'en rapport avec la (...) question de Dieu. La liberté de l'homme et l'absolu même de la loi morale renvoient au mystère insondable de l'existence de Dieu et de la présence du divin en l'homme. Dieu, et non sa seule idée, est même reconnu dans les derniers écrits comme le principe suprême de la philosophie. Il est alors possible d'interpréter la pensée kantienne tout entière comme un chemin vers Dieu et même, à un certain point de vue, comme une phénoménologie du divin. (shrink)

L'existence de l'homme n'est pas précédée par une essence qui la déterminerait. Mais elle n'est pas davantage une création de soi-même qui s'expérimenterait hors de toute référence à une exigence morale et à l'idée d'une destination de l'être humain. L'existence n'est proprement humaine que quand elle surgit et se développe librement, c'est-à-dire quand elle se fonde dans l'articulation du pouvoir de l'esprit et de la loi morale. L'entreprise critique se caractérise par son exploration et sa fondation de l'humain et par (...) son exigence de légitimation d'une telle fondation. A cette fin, elle présuppose un contrat d'humanité qui doit être reconnu comme le principe de la pensée kantienne. Il s'agit donc de s'interroger sur la légitimité d'un tel contrat, si l'on veut mettre à l'épreuve la fondation de la philosophie critique. (shrink)

La philosophie critique de Kant serait marquée, selon Michel Foucault, par son enfermement dans le transcendantal, pensé comme immuable. Il faudrait prendre conscience de l'historicité de l'esprit, pour tenter cette épreuve de liberté qu'est la création de soi. Or, le présent ouvrage montre que c'est précisément dans la philosophie transcendantale, interprétée ici dans un tout autre sens que celui proposé par Michel Foucault, que se manifeste, chez Kant, le pouvoir d'une liberté proprement humaine, soit la vie transcendantale d'un esprit capable, (...) à chaque instant, de se transformer dans la conscience de son devoir. (shrink)

C'est en mettant en oeuvre l'Idée de la philosophie comme métaphysique scientifique que Kant met au jour l'"être" de l'homme, c'est-à-dire l'a priori transcendantal qui fonde l'existence proprement humaine. Il y aurait donc cooriginarité de l'existence de l'homme et de l'essence de la "philosophie". De ce point de vue, l'existence, à proprement parler, est"philosophique". Ainsi, 1'"éthique" existentielle peut être pensée comme l'Idée même de la "vérité", "vérité" de l'homme, "être" - "devoir-être" qui fonde la représentation de toute "vérité" théorique, esthétique (...) et pratique. Mais comment penser l'origine même de cette Idée d'une "vérité" de l'existence humaine, c'est-à-dire d'un "propre" de l'homme? Donc l'origine de l'Idée même de "philosophie"? Ce qui est le plus originaire, ne serait-ce pas la résolution d'exister (et de concevoir l'existence) d'une manière spécifique, que nous qualifions de "philosophique"? Mais si l'Idée de l'existence humaine se conçoit en termes de décisionnisme "philosophique", quel est le "sens" de ce décisionnisme? Autrement dit, puisque la question "qu'est-ce que l'homme" est, comme le soutient Kant, la question de la "philosophie", qu'est-ce donc que la "philosophie"? (shrink)

La philosophie critique de Kant, en posant la question de la possibilité, mise en oeuvre architectoniquement, du pouvoir de penser, s'institue comme "ontologie" existentielle. L'architectonique des pouvoirs de l'esprit, en sa destination "morale", constitue, en effet, l'"Etre" même de l'homme, soit la fondation (transcendantale) de toute manière d'exister proprement "humaine", les troubles existentiels se révélant être, par hypothèse, autant de déconstitutions de cette architectonique. Le problème du surgissement de l'Idée architectonique et de sa mise en oeuvre temporelle peut donc être (...) interprété comme problème d'une anthropologie transcendantale. Il s'agit de penser par là le "temps" même de l'existence. Si le "temps" n'est rien en dehors de l'esprit, son surgissement ne peut être que celui d'une "liberté". Ainsi, le problème de l'architectonique permet de concevoir le "temps" comme création continuée, oeuvre de la "liberté". Le problème du "temps" ne se limite donc pas chez Kant à l'"exposition" d'une Esthétique transcendantale ni, comme le montre l'architectonique des temporalités, au seul "schématisme" de l'entendement pur. Mais si le "temps" surgit comme "liberté", son essence est nécessairement "pratique". L'existence de l'homme, saisie à ce niveau d'une cooriginarité transcendantale de la "liberté" et du "temps", peut alors être comprise en sa dimension "morale" : l'homme s'assignerait de lui-même la tâche transcendantale de produire le "temps", ce "devoir" étant reconnu ici au fondement de l'effectivité de tout pouvoir de l'esprit. (shrink)

La philosophie kantienne du droit, qui se fonde dans l'Idée morale des droits de l'homme, a pour condition la politique (le droit public) et s'inscrit dans la perspective de l'Idée de république. La république, en son opposition au despotisme, est la manière de gouverner conformément à l'idéal de la paix perpétuelle, qui requiert, à l'intérieur des Etats et entre eux, l'exigence morale du droit public, c'est-à-dire de l'institution d'un peuple comme volonté souveraine éclairée. Mais le droit des hommes n'est sacré (...) que pour autant qu'il se fonde dans la loi morale, elle-même pensée comme sainte. l'administration de ce droit, qui n'est autre que la politique, se fonde donc dans l'Idée de Dieu. Ce livre montre comment la pensée juridico-politique procède d'une application de l'Idée pratique de liberté, comment cette pensée se constitue architectoniquement, et quels sont le sens et la valeur de la théologie morale (ou rationnelle) dans la constitution de la pensée et de l'action politiques. (shrink)

La philosophie pense la vérité non comme un universel déterminé, mais dans une tension vers un universel toujours à trouver : ainsi se définit la "réflexion" au sens kantien, l'universel vers lequel tend la philosophie et qui oriente sa recherche incessante étant l'Idée d'humanité. La vérité est l'oeuvre d'une "décision", non arbitraire, de la pensée : elle est, en effet, à la fois produite "librement" et reconnue comme nécessaire. Ce livre propose une analyse du décisionnisme philosophique tel que le conçoit (...) Kant. (shrink)

Do you believe it to be impossible that God is infinite, without parts?-Yes. I wish therefore to show you an infinite and indivisible thing. It is a point moving everywhere with an infinite velocity; for it is one in all places, and is all totality in every place. Let this effect of nature, which previously seemed to you impossible, make you know that there may be others of which you are still ignorant. Do not draw this conclusion from your experiment, (...) that there remains nothing for you to know; but rather that there remains an infinity for you to know. (shrink)

This paper proposes a biosemiotic conception of theories, as non-intentional organic theories, which is based on an analysis and comparison of philosopher Norwood Russell Hanson’s account of theories and zoologist Jakob von Uexküll’s theory of organisms. It is argued that Hanson’s proposals about scientific theories and their relation to observation are semiotic in nature and that there exists a correspondence between Hanson’s depiction of the relationship between theories, observation, and reality and von Uexküll’s views on the relationship between organisms and (...) their environments. This correspondence supports an account of theories that depicts them as organic extensions of our perceptual physiology. Among the epistemological consequences of this account are the following: The kind of correspondence that is established through theories between a subject and reality is related rather to a subject’s actions than to a faithful representation of every aspect of the world, it suggests a strong emphasis on the creative aspects of knowledge acquisition, and it urges a reassessment of the evolutionary epistemology of theories. (shrink)

Au travers du cas clinique d’un adolescent placé dans les services de l’Aide sociale à l’enfance souffrant d’une problématique honteuse et d’un délabrement du lien maternel, l’auteur de cet article étudie en quoi l’écoute familiale modifie l’écoute individuelle à l’aide du concept de scénario généalogique porte-la-honte développé par Pierre Benghozi. À la suite de cet auteur, il propose un nécessaire décalage de l’écoute intrapsychique dans les thérapies familiales vers le transpsychique car une honte intrapsychique exprimée peut aussi être le rappel (...) d’une honte transpsychique indicible, non élaborée. (shrink)

P. Michon, Marcel Mauss retrouvé. Origines de l'anthropologie du rythme, Paris, Rhuthmos, coll. « Rythmologies », 2015, 130 p. Si vous désirez le livre SOUS SA FORME IMPRIMÉE, envoyez-nous un mail à [email protected]. Vous pouvez également le commander sur Amazon.fr ou sur tout autre site plus accessible pour vous. Marcel Mauss est l'un de ceux qui ont le plus fait pour la théorie du rythme au XXe siècle. Pourtant, parmi ses héritiers directs, seul Gurvitch a prolongé sa - Anthropologie – (...) Nouvel article. (shrink)

The master argument posits a metaphysical thesis: Diodorus does away with Aristotle’s dunamis understood as a power simultaneously oriented toward being and non-being and proclaims that possibilities that fail to actualize are simply nothing. My contention is that this claim is not a mere application of Diodorus’ contribution to modal logic. Rather, Diodorus creates an ontologico-temporal concept of possibility and impossibility. Diodorus envisions the future as the past that the future will become. Since what will have been can never be (...) the accomplishment of a possibility that did not obtain, and since the future is destined to become past, any futural possibility that doesn’t actualize is neither futural nor even possible. (shrink)

Background At the point of cancer diagnosis, practitioners may wrestle with ethical dilemmas associated with medico-legal implications of diagnosis, treatment options and disclosure to family members. The patient's perspective can take a different route, focusing on ethical and existential questions about the value and purpose of life, culminating in the question: how do I lead my life after diagnosis? Objective To explore the ethical and existential challenges associated with a cancer diagnosis from the perspective of cancer survivors. Design Qualitative design (...) using specifically phenomenological methods to enable focus on subjective experience. Two in-depth interviews were conducted over a 6-month period. Setting Bendigo, Victoria, Australia. Participants 15 participants (n=11 women and n=4 men) volunteered to be interviewed. Age ranged from 32 to 85 years of age; length of survival 0.5–25 years; with a range of cancer diagnoses. Results Findings demonstrated that participants experienced existential and ethical challenges associated with a cancer diagnosis and subsequent survivorhood. These challenges were present regardless of cancer stage or diagnostic type and pervaded throughout length of survival. The existential challenges included the experience of anxiety and uncertainty about recurrence and metastatic disease. In particular, participants reported iatrogenic uncertainty induced by tests and treatment with follow-up regimes underscoring the fragility of survivor status. Uncertainty served as a ‘wake-up call’ and precipitated ethical challenges. Such challenges involved making meaning of survivorhood and questioning of morals, values and relationships. At times these questions were painful and difficult, creating unease about leading a ‘good’ and purposeful life. Entering ethically rocky terrain was also considered identity enhancing, with reports that a cancer diagnosis could have benefits as well as challenges. Conclusion This study identified a number of challenges associated with a cancer diagnosis; these have implications for the preparation of medical, nursing and social work practitioners and should be considered during the design of follow-up support for cancer patients and those in recovery. (shrink)

This book focuses on the role of philosophy across disciples. It gives several examples of how philosophical theories or particular concepts or lines of arguments, can be used in other (non-philosophical) disciplines, such as politics, business, psychology, art, and film studies.

Business Ethics, the Environment &Responsibility, Volume 33, Issue 2, Page 157-169, April 2024.

A course focusing on ethical issues in physics has been taught to undergraduate students at Eastern Michigan University since 1988. The course covers both responsible conduct of research and ethical issues associated with how physicists interact with the rest of society. Since most undergraduate physics majors will not have a career in academia, it is important that a course such as this address issues that will be relevant to physicists in a wide range of job situations. There is a wealth (...) of published work that can be drawn on for reading assignments. (shrink)

It is surprisingly difficult to justify private property. Two questions are at stake: (a) a metaphysical and juridical one concerning the nature of property and (b) an ethical one concerning our attitude toward wealth. This issue reached an unprecedented importance during the 12th and 13th centuries as a new moral ideal emerged. This essays analyses the controversy (with emphasis on Bonaventure’s Defense of the Mendicants) by first locating it in relation to the philosophical and theological authorities as well as the (...) Roman law. It argues that the dispute between the defenders of paupertas altissima and their opponents concerns the limit of the law. Gerard of Abbeville and John XXII saw a contradiction in a right to use that would exclude ownership. Yet, what the Franciscans were seeking was use without right. To relate to the world as something that is essentially inappropriable is to seek a form of life (a rule) prior to the law. Centuries after, such a possibility remains to be discovered. (shrink)

Previous chapter Janina Wellmann's analyses are extremely valuable because they provide us with new historical evidence that can only improve our understanding of a very obscure past. But the general interpretations she proposes are quite questionable. The idea that after 1800 a “Rhythm Episteme” has dominated the field of knowledge erases the very acute conflict that broke out in the early years of the 19th century between poetic and artistic rhythmologies, inspired by a common - Sur le concept de rythme (...) – Nouvel article. (shrink)

Sur un sujet fort peu abordé, la thèse implicite prévaut que les femmes sont exclues des armées des cités, parce que la fonction combattante n’est pas de leur ressort. Leur exclusion proviendrait de ce qu’elles ne sont pas citoyennes et participerait de ce déni du féminin, fondateur du politique en Grèce ancienne. Cette perspective est permise, à condition de s’en tenir à une définition restreinte de la citoyenneté et, par là, de circonscrire étroitement les limites de ce qu’il faut entendre (...) par l’armée de la cité. Or l’armée de la polis n’a jamais été confinée à une cour de caserne, y compris pour les hommes, ni son déploiement ramené au champ ouvert des seules batailles hoplitiques. La notion de fonction ou de sphère combattante permet, par ailleurs, de revenir sur la définition de la cité en armes et de ce qu’il faut entendre, en bien des contextes, défensifs en particulier, par une armée civique où les femmes ont leur place. (shrink)

Ce texte a été présenté lors de la journée d'études « CHANGER DE RYTHME, CHANGER DE SENS » organisée par Maria Manca (Paris 7), Jean Lambert (Paris 10) et Sandra Bornand (CNRS/LLACAN), journée dont on trouvera le programme ici. L'augmentation du nombre des études rythmiques La première chose qui saute aux yeux quand on traverse les textes consacrés récemment aux phénomènes rythmiques ou utilisant le rythme comme concept opératoire – toutes définitions confondues –, c'est tout simplement l'augmentation (...) - 3. (...) Sur le concept de rythme – Nouvel article. (shrink)

Volume 34, Issue 8, December 2020, Page 1608-1620.

According to Fink, self-reference is one of the distinct features of philosophy. This isn’t merely restricted to her referring to herself thematically. Self-reference is also the key feature of philosophy’s principles, inasmuch as any principle has to be a principle for the very philosophical position explicating this principle. Thus, in my article I will look at four ways in which Fink addresses the self-referential structure of philosophy: Firstly, I will recapitulate Fink’s concept of a “meontic” philosophy. Secondly, I will link (...) this “meontic” philosophy with Fink’s reading of Hegel’s concept of theophany, tracing it back to neoplatonic tradition. Thirdly, I will follow Fink’s reading of Hegel as it transforms his former phenomenological approach into a speculative dialectics of a metaphilosophy of philosophical principles. In a fourth and last step, I will try to give a sketch of Fink’s “phenomenology of the absolute” which combinesHusserl, Heidegger, and Hegel into a speculative phenomenology. (shrink)

By applying both traditional source analysis and archeological research this paper examines two questions related to the Gothic War in Picenum and Ager Gallicus: First, it deals with the credibility of Procopius’ reporting; second, it looks at the scope of the destructions caused by the 20-year-long conflict in the region and, hence, sheds light on the problem of whether the changes this war brought about – especially in contrast with the following invasion of the Lombards – justify the claim that (...) its end clearly marked the transition from antiquity to the Middle Ages. (shrink)