Le terme « perception » apparaît pour la première fois dans son sens philosophique dans les Académiques de Cicéron, où il traduit le terme technique stoïcien κατάληψις, traduit également par compréhension. La perception n’est pas une « perception sensible » au sens moderne du terme, car elle ne se définit pas comme une impression produite en nous par les choses extérieures, mais comme l’assentiment donné à la phantasia dite compréhensive ou perceptive, c’est‑à‑dire celle qui est conforme à son objet, claire (...) et distincte. Il s’agit pour les stoïciens de l’un des critères de la vérité. Pour contester l’existence de la perception et son rôle-clé dans l’épistémologie stoïcienne, les académiciens ont adopté une stratégie en deux temps : affirmer que l’assentiment porte sur des propositions et non sur des représentations, et contester l’existence d’une représentation perceptive, discernable des représentations fausses. Les stoïciens ont répondu sur ces deux points et ont reconstruit la notion de perception inventée initialement par Zénon dans le cadre de cette polémique, qui a forgé la notion classique de la perception. Le continuisme perceptif des stoïciens et leur conception cinématographique de la perception sensible sont les clés de leur conception de la perception. (shrink)

L’article revisite la polémique contre l’idolâtrie dans le Deutéro-Isaïe, en se focalisant sur la première section du livre (40-49), liée à la proclamation du prophète au temps de Cyrus, et où se trou- vent insérées les quatre péricopes de la polémique (Is 40,12-31; 41,1-10; 44,6-22 ; 46,1-13). Cette polémique se trouve éclairée par l’étude littéraire du Cylindre de Cyrus. Et la comparaison montre que les enjeux du Deutéro-Isaïe ne servent pas tant une propagande achéménide qu’une redéfinition d’un (...) Yahwisme postexilique. (shrink)

La polémique contre les oracles développée par Œnomaos de Gadara n’a jamais été reconstituée. Nous nous proposons de la reconstruire et de montrer que cette polémique et celle contre le fatalisme développée par le même Œnomaos sont intriquées et se soutiennent réciproquement. Notre analyse se divise en deux parties : dans la première, nous reconstituons les principes exégétiques de la critique des oracles, tels qu’ils apparaissent dans les chapitres 19-36 du livre V de la Praeparatio evangelica d’Eusèbe ; (...) dans la seconde, nous reconstituons les arguments qu’élabore Œnomaos dans le long chapitre 7 du livre VI du même ouvrage pour reduire à néant la prétention des oracles à être, avant même que véridiques, significatifs, apophantiques, doués de sens. (shrink)

À partir de leur ressemblance formelle, on tend parfois à confondre le dialogue philosophique et la polémique. Dans les deux cas, plusieurs personnes font débat. Les idées de chacun se trouvent confrontées à celles des autres. L’objet n’est autre que l’examen et la remise en question des idées de départ. Dans l’un et l’autre cas, il s’agit de peser la pertinence de certaines représentations afin d’en mesurer la valeur de vérité. Cette confusion reste pourtant discutable. En dépit de lointaines (...) et hypothétiques origines, il y a loin en effet du premier à la seconde, aussi bien dans l’intention que dans la mise en forme. Loin de l’idée d’échange réciproque ou de compréhension mutuelle, la polémique ne vise-t-elle pas prioritairement la réduction au silence de toute thèse divergente par l’usage de n’importe quel procédé rhétorique? Auquel cas, la polémique ne serait pas le prolongement exacerbé du dialogue, mais sa volonté de négation radicale. Si le dialogue semble le signe manifeste d’ouverture à la pensée de l’autre, la polémique exprime un refus radical d’en accepter jusqu’à l’examen. (shrink)

In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:Reviewed by:Deux cartésiens: La polémique Arnauld MalebrancheSteven NadlerDenis Moreau. Deux cartésiens: La polémique Arnauld Malebranche. Paris: J. Vrin, 1999. Pp. 353. NP.The Arnauld-Malebranche debate is one of the great intellectual events of the seventeenth-century. Taking place over an eleven-year time span, and brought to a conclusion only by Arnauld's death, the debate ranged over a wide variety of philosophical and theological issues. At stake were some of (...) the most important questions faced by early modern thinkers: the nature of human knowledge and its relationship to the divine understanding; the appropriate conception of human and divine freedom; the problem of causality; the ontology of evil and the possibility of engaging in theodicean speculation; even the nature of God itself. It is thus very surprising that there has not been, until now, a full-scale (but by no means exhaustive) study of the debate, especially its rich philosophical dimensions.Many readers approaching the documents of the affaire are, of course, put off by the unpleasant personal invective that characterizes many of the principals' exchanges, as well as by what appears to be the repetitive nature of much of the dialogue. Philosophers, as well, have probably been deterred by the debate's theological dimensions, especially the wrangling over questions of grace. More importantly, contemporary philosophers in the Anglo-American tradition have been led to believe that the philosophical side of the debate is fairly one-dimensional, centered only on the nature of representational ideas and the problems surrounding our perception of the external [End Page 595] world. In fact, as Denis Moreau shows in this learned, highly-readable and illuminating study of the debate, the controversy over ideas was only the opening round, Arnauld's point of entry into Malebranche's complex, systematic, but (to Arnauld's mind) highly objectionable philosophical theology.The title of this book is important. Part of Moreau's thesis is that much of the passion of the debate, especially on Arnauld's side, has its origin in the familial context. What is at stake, at least in Arnauld's mind, is the legacy of Cartesianism. Arnauld, Moreau argues convincingly (and contrary to a good deal of scholarly opinion), was a sincere and committed (but not uncritical) disciple of Descartes' (177). His attack on Malebranche was motivated, in part, by a desire to prevent "la philosophie cartésienne" from being transformed for posterity into "la philosophie malebranchiste." It was also motivated, of course and perhaps more importantly, by his desire to defend what he took to be the true Christian conception of God.Part One of the book is devoted to showing how Arnauld's polemical persistence was the result not just of a pugnacious character or personal animus towards his opponent, but rather of a principled approach to philosophical inquiry. His beliefs on the nature and validity of evidence, the proper method to be used in the search after truth, and especially philosophy as a social enterprise all demanded a personal and dialectical confrontation with a heavy dose of rhetoric. Malebranche, on the other hand, preferred a more solitary and meditative mode of inquiry, and was thus unprepared for Arnauld's agonistic onslaught. Thus, Moreau insists with great originality, "on peut ainsi lire cette polémique comme le conflit de deux théories de l'acquisition et de la constitution du savoir."The occasional cause of Arnauld's attack on Malebranche's theory of ideas and his doctrine of vision in God (in Des vraies et des fausses idées) was the publication of the Traité de la nature et de la grace (1680). The epistemological and ontological objections raised in the initial discussion over "êtres représentatifs" was meant ultimately to undermine Malebranche's theodicy by attacking the foundational principles upon which it rested. In Part Two of the book, Moreau looks at what, in Arnauld's eyes, was the essential flow in Malebranche's account: the assertion of the reality of evil. Evil, Malebranche insisted, was not to be explained away as merely illusory, or as forming an essential contributing ingredient of a larger, more perfect whole. Evil is irreducibly real; there is imperfection... (shrink)

L'idée d’une raison polémique est-elle viable? On la met ici à l’épreuve en tentant de définir le style philosophique de John Toland, style qui est à la fois un mode de pensée et un mode d’écriture. On étudie ses conditions et ses formes. Il apparaît chez John Toland que cette raison polémique, qui prend en charge le combat contre l’intolérance et reste constamment attentive à la communication entre les esprits, ressortit plus à un genre de prédication qu’au raisonnement, (...) et que ses fins sont principalement pratiques. (shrink)

This article revisits the controversy between Abū Bakr al-Rāzī and Abū al-Qāsim al-Balḫī. Based on the testimony of the Kitāb taṯbīt dalāʾil al-nubuwwa of the Qāḍī ʿAbd al-Ǧabbār, it is shown that the two philosophers must have clashed at the court of Aḥmad b. Sahl al-Marwazī, governor of Balḫ, during the 910s, and that the virulence of the tone of their exchange can be explained above all by this context of professional rivalry. In terms of content, their conversation must have (...) focused on the question of divine justice and on the best way to give an account of prophecy and Qurʾanic wisdom. We then turn to the study of chap. VIII, 4 of Faḫr al-Dīn al-Rāzī's Al-maṭālib al-ʿāliya and show that, contrary to a recently held view, this chapter constitutes an echo not of Abū Bakr al-Rāzī, but of the first argument of Ibn al-Rāwandī's Kitāb al-zumurrud, which contrasted the autonomy of reason with the necessity of prophecy in order to conclude from the former to the negation of the latter. Finally, it is suggested that Abū Bakr al-Rāzī's doctrine of prophecy, like that of the great theologians of his time, both Muʿtazilites and Ašʿarites, aims to escape the dilemma set up by Ibn al-Rāwandī a few decades earlier. (shrink)

Michel Roberge Cet article examine la polémique antibaptismale par laquelle se termine la Paraphrase de Sem, en fonction de ce que nous savons du mouvement baptiste elkasaïte et de ce que nous apprend le Codex manichéen de Cologne. À la lumière de ces sources, on peut formuler l’hypothèse que le jeune Mani a été témoin de la polémique qui a dû s’instaurer entre les membres de la communauté elkasaïte à laquelle il appartenait et ceux qui propageaient la doctrine (...) de la Paraphrase dirigée contre leurs pratiques baptismales. Les controverses suscitées par cet écrit ont pu influencer Mani dans sa décision de quitter sa communauté et dans l’élaboration de sa doctrine antibaptismale, mais aussi, de façon plus générale, dans quelques points de l’élaboration de son système. (shrink)

L'invention de nouvelles figures de l'art est un fait polémique. Absconses selon les schèmes de la définition de l'art suscitée par les précédentes, elles forcent l'esthéticien à forger de nouveaux concepts, plus idoines, à inventer un nouveau style, plus juste, à prendre de nouveaux masques, à muter dans un nouveau corps, plus sensible à ces nouveaux charmes. L'histoire de la création artistique est la raison de l'histoire de l'esthétique.C'est cette vie critique de l'esthétique, que cet article s'attache à mettre (...) en évidence en prenant l'exemple paradigmatique du pop art. (shrink)

De 1683 a 1694, Antoine Arnauld et Nicolas Malebranche, anciens amis et pretres que leur interet pour Descartes, leur reverence pour Augustin et leur commune inquietude face au libertinage semblaient pourtant destiner a s'entendre, polemiquerent violemment. En insistant sur l'aspect philosophique de ces debats, cet ouvrage propose la premiere interpretation d'ensemble de cette celebre confrontation. Y a-t-il de serieuses raisons philosophiques au desaccord entre Arnauld et Malebranche? Leur determination permet-elle d'eclairer certains aspects du malebranchisme? Existe-t-il une philosophie d'Antoine Arnauld et (...) peut-on en preciser les contenus? Ces trois questions centrales conduisent au point de fuite de ce travail: l'impuissance theologique du cartesianisme est-elle congenitale, ou bien peut-on tirer des dividendes theologiques de la philosophie cartesienne sans en faire jouer les structures et en modifier les concepts fondamentaux? (shrink)

En 1967 paraissait le livre d’Edgar Morin Commune en France. La métamorphose de Plodémet, contribution à la grande enquête interdisciplinaire menée sous l’égide de la DGRST. Cet ouvrage, salué par la critique comme une contribution originale à l’étude des transformations de la France d’alors, suscita pas mal de remous, à Plozévet, à la DGRST, et dans le micro-milieu des chercheurs. Cet article revient sur cette histoire, démêlant les raisons de cette polémique ayant plutôt pris la forme d’une cabale que (...) d’une controverse scientifique.In 1967 appeared the book of Edgar Morin Commune in France. The metamorphosis of Plodemet, contribution to the interdisciplinary major survey conducted under the auspices of the DGRST. This book hailed by critics as an original contribution to the study of transformations of France at the time, aroused quite a stir in Plozévet to DGRST, and the micro-environment researchers. This article reviews the history, unraveling the reasons for this controversy has rather taken the form of a cabal that a scientific controversy. (shrink)

La belle collection « Acteurs de l'histoire » (éditions de l'Imprimerie Nationale), qui rassemble des textes fondateurs de l'Antiquité à nos jours, accueille _ après plus d'une trentaine de titres déclinés au masculin _ sa première « actrice » en la personne de George Sand. En choisissant de présenter une « édition exhaustive de tous les textes politiques publiés par Sand en cette période de son plus grand engagement [1843-1850] », Michelle Perrot nous permet d'accéder de la meilleure...

L’ouvrage de Denis Moreau est passionnant et nous tient en haleine du commencement à la fin. Il sera très bien accueilli par le nombre croissant de spécialistes d’Arnauld, par les dix-septiémistes en général, ainsi que par les historiens de la pensée.

In his critic of the doctrine of Bardaisan, Ephrem the Syrian devotes a lot of space to reflection on the meaning of the terms ītutā and ītyā which, as he denounces, are used inaccurately by his opponent. These Syriac terms can be translated by “being” or “essence”, but also by “substance”. This observation leads us to propose the comparison with the Greek term οὐσία, taking into account many difficulties raised by its uses in theological discourse. The article is devoted to (...) the analysis of the uses of the terms ītutā and ītyā ‑ by Ephrem and by Bardaisan ‑ in their different ways of describing the divine essence. This comparison reveals the peculiarities of the two systems of thought and also their connections with the Greek philosophical doctrines. (shrink)

La critique que fait Rosenzweig de la philosophie occidentale est bien connue. Un aspect moins étudié est le rôle de la notion de « rien » dans cette critique. En effet, Rosenzweig entreprend une forme de « resignification » du terme « rien », en tenant compte, surtout, de la façon dont ce terme est utilisé par Hegel et Cohen. La thèse de mon essai est que c’est précisément grâce à cette resignification que Rosenzweig indique une solution aux difficultés de (...) la philosophie « des îles ioniennes à Iéna ». Dans cette philosophie, en effet, la pensée et l’être coïncident et ils forment une Totalité, englobante et violente, qui mène au nihilisme. (shrink)

Just as he puts to the test, in his private correspondence, the philosophical theses that he will then defend in more elaborate treatises, Fenelon has thus put to the test, in his letters, polemic anti-Jansenist arguments that he has then developed in his Pastoral Instruction in the form of dialogues subscribed on January 1, 1714 to defend the doctrinal legitimacy of the condemnation of Quesnel’s errors by the Bull Vnigenitus. In the years before the publication of the Clementine Constitution, Fénelon’s (...) correspondence developed an obsession with the necessity of condemning Jansenism by the Roman proscription of the system of the two delectations. (shrink)

L’article constitue un essai de caractéristique du motif cartésien dans la phénoménologie polonaise, dès ses premières réactions jusqu’à ses formulations les plus récentes. Son autre objectif est de présenter les positions, les argumentations et les transformations principales qui, toutes ensemble, forment le motif cartésien. Par « motif cartésien », l’auteur entend un ensemble de questions, de problèmes et de propositions de les résoudre, liés entre eux et se rapportant aux éléments spécifiques des philosophies de Descartes et de Husserl. Cet article, (...) en présentant les penseurs choisis, essaie de cerner de plus près ce qu’est le motif cartésien. Dans ce contexte, il a encore pour objectif de déterminer la direction possible que peut prendre le développement de la phénoménologie non-cartésienne. L’auteur défend la position selon laquelle le cartésianisme de la phénoménologie résulte surtout de la façon dont cette philosophie a été exposée. D’après lui, une application de la méthode phénoménologique avec des visées modérées élargit le champ des recherches phénoménologiques. (shrink)