La culture moderne n'en a jamais fini de dissiper le mystère qu'elle constitue pour elle-même. Deux schémas principaux inspirent aujourd'hui cette autoréflexion de la modernité. Dans la mouvance de Heidegger, les Temps modernes assurent le règne sans partage du sujet au sein d'un univers réduit à être objet de maîtrise et de possession. Selon une inspiration tocquevillienne comme celle, en particulier, de Louis Dumont, c'est l'individualisme qui, rompant avec la domination traditionnelle du collectif, sert de fil conducteur omni-interprétatif. Ces lectures (...) ont pour point commun de rendre la modernité homogène, assimilée au 'tout-sujet' ou au 'tout-individu'. Et surtout, elles occultent la césure qui brise l'histoire du sujet moderne en infléchissant l'humanisme vers l'une de ses figures possible, problématique et évanouissante - l'individualisme. L'archéologie de cet énigmatique déplacement conduit Alain Renaut jusqu'à Leibniz. Là s'est décidée une profonde mutation - l'affirmation de l'individualité devient soudain compatible, au prix d'un dispositif intellectuel inédit, avec celle d'une rationalité du réel. Une culture de l'indépendance où chaque être, ne se souciant que d'accomplir sa nature, contribue à manifester l'ordre du monde, se greffe sur la valorisation de la raison. Ainsi débarrassée des fausses linéarités, la logique de la modernité apparaît sous un jour neuf - loin d'avoir sans cesse consolidé le pouvoir de la subjectivité, elle a été aussi le lieu de son éclipse... (shrink)

On connaît de Charles Larmore (1950), philosophe moral américain contemporain, ses célèbres objections à John Rawls, mais peu de travaux se concentrent sur sa philosophie : son réalisme moral, sa réhabilitation partielle de l'idéal d'authenticité, sa version du libéralisme politique ou encore à sa théorie normativiste du moi. Ce sont ces différents aspects de sa pensée que les études contenues dans ce volume, premier ouvrage entièrement consacré à l'oeuvre de Charles Larmore, interrogent et mettent en perspective. Un essai inédit du (...) philosophe américain ainsi qu'un débat entre Charles Larmore et Alain Renaut autour de la controverse réalisme-idéalisme y figurent également, en guise de conclusion. (shrink)

Un milliard d'ètres humains vivant avec moins d'un dollar par jour. 270 millions de morts, entre 1990 et 2005, sous l'effet de l'extrème pauvreté. Plus que toutes les pertes des guerres du XXe siècle. 18 millions de victimes, un tiers des décès mondiaux par an dus à la misère. Ces données correspondent pour l'essentiel à la profondeur des inégalités entre les pays du Nord et ceux du Sud. Faut-il que les États riches s'emploient à remédier à la situation des États (...) pauvres, et si oui, selon quelles modalités et à quelles conditions? Cette question, qu'on désigne aujourd'hui comme celle de la « justice globale », est venue s'ajouter, depuis la fin des années 1970, à la question classique des inégalités. Quel peut ètre, au plan global ou mondial, l'analogue de ce que sont les politiques sociales au sein d'une société donnée? S'agit-il, si l'on accorde que les États riches ont à contribuer au développement des pays pauvres, de procéder, là aussi, par des transferts de ressources? Ou faut-il oeuvrer pour que les pauvres du monde accèdent à des « pouvoir-faire » les rendant capables de prendre en charge leur destin? Discutant ces options, envisageant d'autres perspectives encore, ce livre entreprend pour la première fois, en combinant approche politique et approche éthique, de construire une théorie systématique de la justice globale. (shrink)

Le philosophe est-il capable d'affronter intellectuellement les situations que subissent ceux dont la vie est confrontée à la plus extrême fragilité? Par-delà l'émotion et l'indignation, peut-on forger des outils philosophiques qui puissent nous aider à agir? A quoi servirait donc de philosopher, avec des concepts, des données et des images, en Haïti ou au sud du Sahara? A dégager les logiques qui, entre raison et déraison, dictent les pires radicalisations de la souffrance et de l'humiliation dont le monde humain reste (...) capable. A établir, au-delà de généralités convenues, d'indispensables priorités face aux exigences de la survie ou à celles d'une vie décente pour les femmes, les enfants, pour les plus vulnérables à la violence et au risque. « Comme être humain et comme philosophe, j'ai postulé en décidant d'écrire ce livre que la philosophie, à condition de sortir de son enfermement dans les concepts et les purs principes, peut être humaine – je veux dire : prendre en charge, comme une pensée et comme un discours qui a ses spécificités, les questions que soulève le type de vacillement entre l'humain et l'inhumain qui m'apparaît constitutif de l'extrême. » LES POINTS FORTS - Un auteur médiatique - Un sujet brûlant PUBLIC CONCERNE Public d'essais. (shrink)

Quels enseignements tirer de la crise pandémique mondiale de 2020? La violence extrême du risque sanitaire nous a évidemment rappelé que nous étions mortels - quels que soient nos systèmes de santé. Mais au-delà, ce sont nos équilibres sociaux, éthiques, économiques ou politiques qui ont été remis en cause. Comment justifier éthiquement le tri des patients? Quelles décisions politiques prendre au moment où la protection de la santé est mise en rivalité avec la nécessité de soutenir une activité économique également (...) vitale? La mondialisation est-elle responsable de nos vulnérabilités? Autant de questions épineuses abordées dans cet essai, qui revendique la pertinence d'une approche philosophique de terrain, loin d'une réflexion abstraite sur la fragilité écologique ou d'une critique convenue de nos systèmes mondialisés. Si le risque incite au repli sur soi, l'enjeu est ici de comprendre que la résilience ne passera que par une plus grande solidarité internationale et une redéfinition de la souveraineté."--Page 4 of cover. (shrink)

Résumé Cet article cherche à poser à nouveau l’épineuse question de l’« antimodernisme » dans la philosophie politique contemporaine. Nous proposons à cette fin d’expliquer la critique que fait le philosophe français Alain Renaut d’un des plus grands pionniers du renouveau contemporain de la philosophie politique, Leo Strauss, et d’exposer par la suite une réplique possible à cette critique, reconstituant ainsi un dialogue qui ne put véritablement avoir lieu. Nous cherchons à montrer qu’à terme, la critique de Renaut (...) est en bonne partie injuste et, conséquemment, que la posture « antimoderne » de Strauss n’est peut-être pas aussi « intenable » qu’il le laisse entendre. -/- Abstract This article aims to recover the thorny question of « antimodernism » in contemporary political philosophy. For this purpose, we propose to explain French philosopher Alain Renaut’s critique of one of the greatest pioneers of the contemporary recovery of political philosophy—Leo Strauss—and to expose a possible reply to this critique, aiming thus at the reconstitution of a dialogue that could not really have taken place. We try to show that, ultimately, Renaut’s critique is to a great extent unfair and then, that Strauss’s « antimodernist » stance is not as « untenable » as it is believed to be. (shrink)

With the publication of French Philosophy of the Sixties, Alain Renaut and Luc Ferry in 1985 launched their famous critique against canonical figures such as Foucault, Derrida, and Lacan, bringing under rigorous scrutiny the entire post-structuralist project that had dominated Western intellectual life for over two decades. Their goal was to defend the accomplishments of liberal democracy, particularly in terms of basic human rights, and to trace the reigning philosophers' distrust of liberalism to an "antihumanism" inherited mainly from Heidegger. (...) In The Era of the Individual, widely hailed as Renaut's magnum opus, the author explores the most salient feature of post-structuralism: the elimination of the human subject. At the root of this thinking lies the belief that humans cannot know or control their basic natures, a premise that led to Heidegger's distrust of an individualistic, capitalist modern society and that allied him briefly with Hitler's National Socialist Party. While acknowledging some of Heidegger's misgivings toward modernity as legitimate, Renaut argues that it is nevertheless wrong to equate modernity with the triumph of individualism. Here he distinguishes between individualism and subjectivity and, by offering a history of the two, powerfully redirects the course of current thinking away from potentially dangerous, reductionist views of humanity. Renaut argues that modern philosophy contains within itself two opposed ways of conceiving the human person. The first, which has its roots in Descartes and Kant, views human beings as subjects capable of arriving at universal moral judgments. The second, stemming from Leibniz, Hegel, and Nietzsche, presents human beings as independent individuals sharing nothing with others. In a careful recounting of this philosophical tradition, Renaut shows the resonances of these traditions in more recent philosophers such as Heidegger and in the social anthropology of Louis Dumont. Renaut's distinction between individualism and subjectivity has become an important issue for young thinkers dissatisfied with the intellectual tradition originating in Nietzsche and Heidegger. Moreover, his proclivity toward the Kantian tradition, combined with his insights into the shortcomings of modernity, will interest anyone concerned about today's shifting cultural attitudes toward liberalism. Originally published in 1997. The Princeton Legacy Library uses the latest print-on-demand technology to again make available previously out-of-print books from the distinguished backlist of Princeton University Press. These editions preserve the original texts of these important books while presenting them in durable paperback and hardcover editions. The goal of the Princeton Legacy Library is to vastly increase access to the rich scholarly heritage found in the thousands of books published by Princeton University Press since its founding in 1905. (shrink)

This article reports the results of research aimed at developing and validating a multi-item scale to measure consumers' agreement with three main justifications for not engaging in socially responsible consumption behaviours, namely the 'economic rationalist argument' founded on the idea that the costs of SRC are greater than its benefits, the 'economic development reality argument' based on the idea that ethical and moral aspirations are less important than the economic development of countries, and the 'government dependency argument' grounded in the (...) premise that government inaction demonstrates the legal character and the banality of unethical consumption behaviours. The scale items were generated on the basis of a multi-country qualitative study of consumers. The content validity of the scale was assessed in the first study. The second study was a survey of 157 Canadian adult consumers in which the threedimensional scale and other scales measuring relevant concepts were administered. The survey results showed that the 28-item resulting scale is reliable and generally behaves as one would theoretically expect. Implications for consumption ethics researchers and policy makers are proposed. (shrink)

In this final volume of Political Philosophy, Luc Ferry and Alain Renaut summarize these efforts and put forward their own set of arguments.

t. 1. La liberté des anciens -- t. 2. Naissances de la modernité -- t. 3. Lumières et romantisme -- t. 4. Les critiques de la modernité politique -- t. 5. Les philosophies politiques contemporaines (depuis 1945).

El artículo plantea el problema de si la filosofía kantiana es un humanismo o un antihumanismo. El autor se propone defender una lectura humanista de dicha filosofía, pues en esa lectura se fundamentan los valores de la libertad y la democracia. Heidegger dio lugar a una lectura antihumanista de Kant, la cual quebrantaría a lo humano como origen de toda norma para actuar y juzgar. Reemplazar a la razón humana como fundamento de la libertad por una trascendencia que dicta leyes (...) a las cuales se obedece por venir del Ser o de Dios es la abolición de la libertad y, por ende, de la responsabilidad, de la imputabilidad y de la posibilidad de todo juicio moral. El antihumanismo es la tumba de la libertad. The paper raises the question whether Kantian philosophy is humanism or an anti-humanism. The author proposes a humanist interpretation of Kantian philosophy, in which the values of freedom and democracy are grounded. Contrariwise, Heidegger's interpretation of Kant runs opposite to humanism as the origin of patterns of action and judgement. The replacement of human reason as basis for freedom, for a trascendentality that dictates rules which must be obeyed since they originate in the Being or in God, amounts to abolition of freedom as well as of human responsibility, imputation and even moral judgement. Therefore, anti-humanism is the tomb of freedom. (shrink)

"To think with Nietzsche against Nietzsche." Thus the editors describe the strategy adopted in this volume to soften the destructive effects of Nietzsche's "philosophy with a hammer" on French philosophy since the 1960s. Frustrated by the infinite inclusiveness of deconstructionism, the contributors to this volume seek to renew the Enlightenment quest for rationality. Though linked by no common dogma, these essays all argue that the "French Nietzsche" transmitted through the deconstructionists must be reexamined in light of the original context in (...) which Nietzsche worked. Each essay questions the viability of Nietzsche's thought in the modern world, variously critiquing his philosophy of history as obsessed with hierarchy, his views on religion and art as myopic and irrational, and his stance on science as hopelessly reactionary. Contending that we must abandon the Nietzsche propped up as patron saint by French deconstructionists in order to return to reason, these essays will stimulate debate not just among Nietzscheans but among all with a stake in modern French philosophy. Contributors are Alain Boyer, André Compte-Sponville, Vincent Descombes, Luc Ferry, Robert Legros, Philippe Raynaud, Alain Renault, and Pierre-André Taguieff. (shrink)