Dans ses textes consacrés à la logique, Gérard Granel a toujours combattu la théorie husserlienne de la signification fondée sur l’idée que les unités idéales de signification constituent l’armature logique universelle du langage. Car au fur et à mesure que l’analyse saussurienne des « valeurs » linguistiques et la linguistique comparée mettaient en évidence la singularité et la relativité des structures logiques à l’intérieur des langues naturelles, l’idée de « matérialité logique » n’a cessé de s’imposer et le caractère « (...) idéal » de la logicité est devenu de plus en plus problématique. Nous tenterons de démontrer que la thèse husserlienne de l’idéalité logique, contrairement aux apparences, n’est nullement affectée par les objections de Granel, et qu’elle est même capable de rendre compte des phénomènes linguistiques qui lui sont de prime abord totalement étrangers, i. e. les expressions idiomatiques et équivoques. (shrink)

English summary: This book offers a historical and critical study of one of the most important questions in contemporary philosophy: what does signify mean? The author applies Husserls phenomenology, reflecting on the existence of intentional objects, to demonstrate the ontological status of signification that has eluded psychological and referential theories. French description: Le present ouvrage propose une etude historique et critique d'une des questions les plus importantes de la philosophie contemporaine et des sciences humaines : qu'est-ce que signifier veut dire? (...) L'auteur envisage la theorie de la signification dans l'ensemble du corpus husserlien et prend en compte ces differents aspects (discours scientifique et theorique, langage ordinaire). En inscrivant la theorie husserlienne dans son contexte historique (psychologie de Brentano, logique de Bolzano), ce travail s'attache ainsi a eclairer d'un jour nouveau un moment cle de l'histoire de la philosophie. Pour Husserl, la signification n'est ni un acte immanent de la conscience, ni l'objet - reel, fictif ou ideal - auquel il se rapporte, mais une objectite categoriale. En tant que telle, elle est une espece d'objet intentionnel : le correlat de l'activite categoriale, autrement dit l'objet tel qu'il est pense, a distinguer soigneusement de l'objet qui est pense et des vecus psychiques et linguistiques au moyen desquels il est pense et exprime. C'est a partir d'une reflexion sur le mode d'etre de l'objet intentionnel que la phenomenologie de Husserl a pu devoiler le statut ontologique de la signification qui avait echappe aux theories psychologiques et referentielles. (shrink)

Cet article, qui fait suite à une publication précédente (« Les apories du concept de redondance logique chez Bolzano »), poursuit un double objectif : (I) démontrer que les apories que nous avions relevées peuvent être surmontées par l’analyse des rapports extensionnels entre représentations ; (II) évaluer la contribution de Bolzano à la question classique des rapports intension/extension telle qu’elle a été posée par Port-Royal. La logique des classes, dont Bolzano pose les fondements ( Théorie de la science, 2 e (...) partie, 3 e section), permet en effet de dégager les lois de la redondance logique — auxquelles Bolzano ne cesse de faire implicitement référence sans en donner la formule — et de délimiter le champ d’application du principe classique de proportionnalité inverse entre intension et extension auquel déroge précisé­ment la redondance. La critique bolzanienne de la logique de Port-Royal prend alors tout son sens. (shrink)

Because the meaning of indexical expressions fluctuates, they have long been enigmatic for the theory of signification in phenomenology. In Husserlsymbolicintentional horizonproper concept” provide answers. Without the new phenomenological value of the theory of concept and intentionality, it is impossible to understand the linguistic operation of indexicality.

Le concept de redondance logiqu e chez Bolzano soulève plusieurs difficultés. Il ne s?accorde ni avec la notion de représentation simple qu?il est censé expliquer, puisque Bolzano définit les individus comme des unités composées de plusieurs caractères et décrit les représentations singulières (noms propres et indexicaux) comme l?abréviation de descriptions définies, ni avec la distinction entre jugements synthétiques et analytiques, car il sup­pose que l?analyse d?un sujet individuel permet d?en dévoiler un à un les prédicats, comme si l?expérience ne jouait (...) aucun rôle dans la connaissance des individus. Pourquoi Bolzano reste-t-il donc attaché à un concept aussi problématique ? Est-ce le seul moyen d?expliquer comment nous nous repré­sentons des individus ? Nous montrerons que les apories de la notion de redondance logique témoignent de l?influence de la théorie leibnizienne du jugement, et qu?une version phénoménologiquement améliorée de la séman­tique objective est néanmoins capable de les surmonter et de rétablir la simplicité de la représentation et la synthèse du jugement dans leurs droits. (shrink)

Sur le modèle des représentations et des propositions en soi de Bolzano, Husserl a envisagé les significations comme des unités idéales-objectives qui sont accessibles à plusieurs consciences et qui perdurent au-delà des actes psychiques passagers dans lesquels elles se réalisent. Indépen­dantes des opérations subjectives, les unités sémantiques seraient donc transcendantes, c’est-à-dire extérieures à la conscience. Cependant, en posant la subjectivité transcendantale comme un absolu par rapport auquel tout objet, réel ou idéal, se définit, la phénoménologie transcendantale-constitutive est finalement incapable de (...) rendre compte de cette transcendance dont elle nie le caractère absolu au profit de la conscience : une fois que les unités de sens sont définies comme des formations logiques issues de l’activité catégoriale, leur « transcendance » n’est plus qu’un sens d’être intention­nellement constitué. Dès lors, peut-on expliquer la « transcen­dance » des unités de sens, sans vider ce concept de son contenu essentiel, sans retirer aux significations leur indépendance et leur extériorité vis-à-vis de la conscience ? L’hypothèse la plus simple consisterait à dire qu’avant de traduire la manière dont les objets sont représentés par la conscience, les significations conceptuelles sont liées aux propriétés que la pensée a arra­chées à leurs substrats pour en faire des marques distinctives. Mais cet ancrage ontologique soulève à son tour de multiples difficultés, si bien que Husserl, pour expliquer la transcendance des significations sans contrevenir à ses principes idéalistes, n’a pas d’autre choix que d’invoquer un ancrage linguistique : une fois consignées dans des signes extérieurs, les pensées sortent de la sphère privée, acquièrent une extériorité, une publicité et une solidité en vertu desquelles elles se conservent au-delà des vécus passagers, et sont à tout moment accessibles à toute conscience. Cependant, si le langage commun apparaît, pour les consciences, comme l’ultime condition de possibilité de la transcendance des significations, il n’en demeure pas moins que la transcendance qui leur revient avant qu’elles ne soient exprimées — car pour Husserl les significations, dont l’unité s’oppose à la multiplicité des signes susceptibles de les transcrire, ne sont pas nécessaire­ment exprimées — demeure un postulat métaphysique qui pourrait bien s’effondrer avec l’hypothèse d’une traductibilité translinguistique du sens qui lui sert de corollaire. (shrink)

La théorie de la signification exposée dans les Recherches logiques et Sur la théorie de la signification est fondée sur l’analyse du discours informatif. Si Husserl se penche sur les expressions objectives se rapportant à des objets ou des état-de-choses empiriques ou idéaux,...

Effective public policy to mitigate climate change footprints should build on data-driven analysis of firm-level strategies. This article’s conceptual approach augments the resource-based view of the firm and identifies investments in four firm-level resource domains to develop capabilities in climate change impact mitigation. The authors denote the resulting framework as the GISTe model, which frames their analysis and public policy recommendations. This research uses the 2008 Carbon Disclosure Project database, with high-quality information on firm-level climate change strategies for 552 companies (...) from North America and Europe. In contrast to the widely accepted myth that European firms are performing better than North American ones, the authors find a different result. Many firms, whether European or North American, do not just “talk” about climate change impact mitigation, but actually do “walk the talk.” European firms appear to be better than their North American counterparts in “walk I,” denoting attention to governance, information management, and systems. But when it comes down to “walk II,” meaning actual Technology-related investments, North American firms’ performance is equal or superior to that of the European companies. The authors formulate public policy recommendations to accelerate firm-level, sector-level, and cluster-level implementation of climate change strategies. (shrink)

Everywhere, the twentieth century has been judged and condemned: the century of totalitarian terror, of utopian and criminal ideologies, of empty illusions, of genocides, of false avant-gardes, of democratic realism everywhere replaced by abstraction. It is not Badiou's wish to plead for an accused that is perfectly capable of defending itself without the authors aid. Nor does he seek to proclaim, like Frantz, the hero of Sartre's Prisoners of Altona, 'I have taken the century on my shoulders and I have (...) said: I will answer for it!' The Century simply aims to examine what this accursed century, from within its own unfolding, said that it was. Badiou's proposal is to reopen the dossier on the century - not from the angle of those wise and sated judges we too often claim to be, but from the standpoint of the century itself. (shrink)

Two controversial thinkers discuss a timeless but nonetheless urgent question: should philosophy interfere in the world? Nothing less than philosophy is at stake because, according to Badiou, philosophy is nothing but interference and commitment and will not be restrained by academic discipline. Philosophy is strange and new, and yet speaks in the name of all - as Badiou shows with his theory of universality. Similarly, Zizek believes that the philosopher must intervene, contrary to all expectations, in the key issues of (...) the time. He can offer no direction, but this only shows that the question has been posed incorrectly: it is valid to change the terms of the debate and settle on philosophy as abnormality and excess. At once an invitation to philosophy and an introduction to the thinking of two of the most topical and controversial philosophers writing today, this concise volume will be of great interest to students and general readers alike. (shrink)

This concise and accessible book is the perfect introduction to Badiou’s thought. Responding to Tarby’s questions, Badiou takes us on a journey that interrogates and explores the four conditions of philosophy: politics, love, art and science. In all these domains, events occur that bring to light possibilities that were invisible or even unthinkable; they propose something to us. Everything then depends on how the possibility opened up by the event is grasped, elaborated and embedded in the world – this is (...) what Badiou calls a ‘truth procedure’. The event creates a possibility but there then has to be an effort – a group effort in the case of politics, an individual effort in the case of love or art – for this possibility to become real and inscribed in the world. As he explains his thinking on politics, love, art and science, Badiou takes stock of his major works, reflects on their central themes and arguments and looks forward to the questions he plans to address in his future writings. The book concludes with a short introduction to Badiou’s philosophy by Fabien Tarby. For anyone wishing to understand the work of one of the most widely read and influential philosophers writing today, this small book will be an indispensable guide. (shrink)

ABSTRACT This article offers an analysis of the concept of intimacy, arguing that it concerns moments of mutual imaginings generative of desire. As a peculiar mode of shared conduct, it is difficult to categorize the value of such actions insofar as they fall outside our ordinary conception of the public and private spheres. Nonetheless, when achieved, intimacy is not only an expansion of the private and a realization of a good-in-itself, but also has a bearing on our orientation to the (...) broader world. (shrink)

Rethinking the terms we use to define a people.

This article reports the results of research aimed at developing and validating a multi-item scale to measure consumers' agreement with three main justifications for not engaging in socially responsible consumption behaviours, namely the 'economic rationalist argument' founded on the idea that the costs of SRC are greater than its benefits, the 'economic development reality argument' based on the idea that ethical and moral aspirations are less important than the economic development of countries, and the 'government dependency argument' grounded in the (...) premise that government inaction demonstrates the legal character and the banality of unethical consumption behaviours. The scale items were generated on the basis of a multi-country qualitative study of consumers. The content validity of the scale was assessed in the first study. The second study was a survey of 157 Canadian adult consumers in which the threedimensional scale and other scales measuring relevant concepts were administered. The survey results showed that the 28-item resulting scale is reliable and generally behaves as one would theoretically expect. Implications for consumption ethics researchers and policy makers are proposed. (shrink)

"Is it meaningful to call oneself a democrat? And if so, how do you interpret the word?" In responding to this question, eight iconoclastic thinkers prove the rich potential of democracy, along with its critical weaknesses, and reconceive the practice to accommodate new political and cultural realities. Giorgio Agamben traces the tense history of constitutions and their coexistence with various governments. Alain Badiou contrasts current democratic practice with democratic communism. Daniel Bensaid ponders the institutionalization of democracy, while Wendy Brown (...) discusses the democratization of society under neoliberalism. Jean-Luc Nancy measures the difference between democracy as a form of rule and as a human end, and Jacques Rancière highlights its egalitarian nature. Kristin Ross identifies hierarchical relationships within democratic practice, and Slavoj Zizek complicates the distinction between those who desire to own the state and those who wish to do without it. Concentrating on the classical roots of democracy and its changing meaning over time and within different contexts, these essays uniquely defend what is left of the left-wing tradition after the fall of Soviet communism. They confront disincentives to active democratic participation that have caused voter turnout to decline in western countries, and they address electoral indifference by invoking and reviving the tradition of citizen involvement. Passionately written and theoretically rich, this collection speaks to all facets of modern political and democratic debate. (shrink)

The object of this paper is to retrace the steps that led Buchanan from marginal cost pricing to clubs. We claim that the idea individuals could form clubs to finance public goods can be traced back to his first works on public finance, at the end of the 1940s, and relates to the financing of highways and the pricing of their construction and of their use. Very early in his career Buchanan adopted Knut Wicksell’s proposal to use a marginal cost (...) pricing rule even for public goods. The many criticisms raised against this rule led him to replace it with club pricing. (shrink)

The noblest man living in a desert absorbs something of its harshness and sterility, while the nostalgia of the mountain-bred man when cut off from his surroundings is proof how deeply environment has become part of his being. Neither the savage nor the civilized man is what he is by native constitution but by the culture in which he participates.People wish to be settled; only as far as they are unsettled is there any hope for them.A prominent undercurrent in the (...) tradition of American philosophy concerns the endeavor to recover hope through a return to the ordinary and everyday. Ralph Waldo Emerson envisions and inaugurates such a path for the American scholar: I read with joy some of the auspicious signs of the... (shrink)

Depuis le milieu des annees 1960, les etudes spinozistes ont pris un nouvel essor sous l'impulsion du courant marxiste qui a vu dans le programme de liberation des collectivites pense par Spinoza le projet politique le plus apte ä assurer une reponse ä la crise de legitimite du marxisme. Dans la foulee de certaines intuitions de Althusser, et ä la lumiere de la conceptualite spinoziste, plusieurs penseurs (notamment Deleuze, Negri, Macherey, Matheron et Virno) ont ainsi propose un nouveau modele d'organisation (...) de la vie en commun. Ces acteurs de la renaissance spinoziste redigent, en quelque sorte, le chapitre conclusif de la derniere ceuvre de Spinoza (i.e. le Tratte politique reste inacheve) en definissant les nouvelles conditions de la democratic ä l'heure de la deterritorialisation generalisee marquee par l'abolition des frontieres nationales (economie mondiale, reseaux informatiques, etc.). Ce contexte offre l'occasion de repenser la politique en radicalisant les propos de Spinoza et en faisant jouer les notions de "puissance" et de "multitude" non seulement contre les concepts de "pouvoir" et de "peuple" qui en sont venus ä dominer le champ de la reflexion en philosophic politique, mais egalement contre les philosophies de l'histoire fondees sur la dialectique et la teleologie. Apres avoir decrit brievement quelques-uns des principaux enjeux de la politique spinoziste et avoir presente les nouveaux ennemis du spinozisme (neo-liberalisme et marxisme ideologique), nous ferons une genealogie de la refondation neo-spinozienne de Marx (Althusser, Deleuze, Negri) avant de repondre ä la question "Que faire?". II s'agira alors de determiner le role de l'Etat et de situer cette pensee politique par rapport ä l'utopie revolutionnaire. Ce parcours contribuera ä mieux definir les fondements et les implications de la democratic non-representative qui est au cceur des revendications de la renaissance spinoziste. (shrink)

This article aims at understanding the North-American reception of Foucault’s Folie et déraison. After showing how American conceptions of social control facilitated the integration of Foucauldian thinking in North-American academia, I examine the ways by which the advocates of anti-psychiatry and the historians of psychiatry read Folie et déraison, which became emblematic for French Theory. I then present various Anglo-American critiques of Folie et déraison and defend the persistence of a “Foucauldian spirit” against the sci-entifization of psychiatry. All this allows (...) for an assessment of the legacy of Folie et déraison in the North American debates. (shrink)

Les comportements dans l’entreprise : dilemmes sociaux et climats éthiques.

Quali sono lo spazio e il tempo della filosofia nel sapere contemporaneo? È possibile tracciare dei confini e far emergere la figura di un sapere sullo sfondo di un'epoca e della sua forma di vita?

Machiavel a largement défini la politique comme un art souverain du mensonge. Elle doit pourtant être autre chose : la capacité d'une société à s'emparer de son destin, à inventer un ordre juste et se placer sous l'impératif du bien commun.

First conversation -- The situation of the left today and the necessity of an alternative -- The democratic discourse -- Communism as modern politics? -- Second conversation -- The new imperialism -- Politics of identity -- The principle of the common good, or, Beyond the economy.

«L'année de ce Séminaire (1986), j'étais en train d'achever L'être et l'événement, qui constitue le socle de l'ensemble de mon oeuvre philosophique. Il propose en effet une métaphysique contemporaine, où sont redéfinis et réordonnés tous les concepts classiques. Centralement, le triptyque fondamental : être, vérité, sujet. Finalement, dans la mesure où c'est Heidegger qui a rendu à la philosophie contemporaine le couple originaire, parménidien, de l'être et de la pensée, mon entreprise ne peut se présenter que comme un dépassement dialectique (...) de Heidegger. En un sens, avec et contre Heidegger, ce Séminaire raconte comment s'invente une ontologie dans le discord philosophique, l'amitié pour le poème, et l'instruction du mathème.». (shrink)