L’affaire Weinstein et le mouvement #MeToo ont mis la question des violences sexuelles au premier plan. Depuis, le consentement renvoie naturellement au consentement sexuel et amoureux, envisagé comme un sésame de l’égalité entre femmes et hommes. Pourtant, il est bien difficile à définir, et soulève trois problèmes. Le problème juridique, bien connu de celles et ceux qui suivent l’actualité, peut être résumé ainsi: que faire pour que les cas de viol, d’agression et de harcèlement sexuels soient efficacement punis (...) ? Le deuxième problème est moral : comment penser des relations amoureuses et sexuelles qui ne soient pas fondées sur des normes sociales sexistes et inégalitaires ? Enfin, le problème politique : comment ne pas reconduire les injustices de genre qui se manifestent dans les rapports amoureux et sexuels ? La magistrale analyse du consentement que propose Manon Garcia revisite notre héritage philosophique, plongeant au cœur de la tradition libérale, mettant à nu ses impensés et ses limites. De John Locke aux théoriciennes féministes françaises et américaines, en passant par Michel Foucault et les débats sur la pratique du BDSM, c’est une nouvelle cartographie politique de nos vies privées que dessine cet essai novateur. Au terme de ce livre, il s’agira en somme, pour reprendre la formule de Gloria Steinem, d’« érotiser l’égalité » plutôt que la domination : en ce sens, le consentement sexuel, conçu comme conversation érotique, est sans doute l’avenir de l’amour et du sexe. (shrink)

Spécialiste de l’histoire de l’hystérie, de la voyance et du genre, Nicole Edelman propose, avec cet ouvrage, un livre à la croisée de ses différents domaines de spécialités et à la croisée d’autres, plus nouveaux, comme l’histoire de la justice ou des violences sexuelles. Dans l’Impossible consentement, l’historienne entend en effet livrer une analyse – sa version – de l’histoire du procès qui a abouti à la condamnation à 12 ans de perpétuité de Timothée Castellan pour de multiples viols (...) sur... (shrink)

Plusieurs sagesses démotiques de l’Égypte ancienne rédigées entre le ve et le ier siècle avant notre ère déconseillent à leur lecteur d’entretenir des relations sexuelles avec des femmes mariées. Si la perception négative de l’adultère est évidente dans les extraits étudiés, qu’en est-il du consentement des femmes? Est-il possible d’établir si ces relations étaient consenties ou non? L’analyse de la terminologie et du contexte des occurrences ainsi que la comparaison avec d’autres textes issus de la littérature démotique permettent à (...) l’auteure de souligner qu’en réalité, ce n’est pas le consentement des partenaires qui doit être interrogé mais la prise en compte de ce consentement par les auteurs des textes. Ces documents nous renseignent ainsi sur la perception de la sexualité féminine dans la société égyptienne aux époques tardives. (shrink)

Il s’agit dans cet article de montrer que l’éthique ricoeurienne exposée dans Soi-même comme un autre peut et doit être pensée par rapport à l’anthropologie et l’ontologie que le philosophe a progressivement développées depuis son premier grand projet philosophique phénoménologique jusqu’à son œuvre de maturité. Dans le but d’esquisser cette approche des fondements onto-anthropologiques de l’éthique ricœurienne, nous partons d’abord des textes de jeunesse de Ricœur dans lesquels il développe une longue méditation sur le risque qu’implique l’acte de la liberté: (...) risque d’être soi-même, de décider et d’agir sur le monde avec et pour les autres. Puis, notre analyse s’intéresse à la conception ricœurienne du consentement et de l’affectivité afin de voir dans quelle mesure elle est susceptible d’éclairer le développement de l’éthique et de la notion de sujet éthique dans le cadre de la phénoménologie herméneutique de Ricœur. L’article conduit ainsi une analyse de la question du “je peux” et du “je veux” dans Le volontaire et l’involontaire, en passant par L’homme faillible pour déboucher enfin sur un examen de “l’homme agissant et souffrant” dans Soi-même comme un autre. (shrink)

Cet article analyse la manière dont les mouvements gais militants des années 1970 ont amorcé une politisation de la question de la majorité sexuelle, préalable à une série de réformes entreprises dans les années 1980. Au début des années 1970, ces mouvements font face à un enjeu comparable, en France et au Québec : l’âge de la majorité sexuelle, plus élevée pour les homosexuels, soulève la question de la liberté sexuelle des mineurs. Dans les deux pays, l’histoire des mouvements gais (...) suit une trajectoire parallèle. Fondés en lien avec des mouvements politiques révolutionnaires, les mouvements gais se restructurent, au milieu des années 1970, autour de revendications plus ciblées, liées notamment à la discrimination légale dont les homosexuels sont victimes concernant l’âge de la majorité sexuelle. Dans les années 1980, les lois qui en résultent redéfinissent presque en même temps la majorité sexuelle et le viol. Elles dessinent un processus similaire en France et au Canada : si la majorité sexuelle est réformée, son principe est réaffirmé, comme un rempart contre la nouvelle figure du danger, le pédophile. (shrink)

Les raisons pour lesquelles Durkheim a pris parti contre le rétablissement du divorce par consentement mutuel ne sauraient se réduire à son désintérêt pour la cause des femmes : il y va de l’institution du statut de personnes à chacun. Si la division sexuelle du travail au sein du couple marié possède cette vertu et si l’institution du mariage protège les partenaires, tel n’est pas le cas au niveau de la division du travail social. Ceci a des effets sur (...) la sexualité des hommes, engendrant une souffrance toute particulière tandis que les femmes n’en sont pas affectées. Leur interdire le divorce semble alors une exigence de justice sociale tant que la division du travail reste anomique et/ou n’intègre pas les femmes. Les analyses de Durkheim constituent une conceptualisation nouvelle du terme de liberté moderne qui permet encore aujourd’hui d’éclairer les demandes d’un élargissement de l’état matrimonial. (shrink)

Audrey Ghali-Lachapelle et Sabrina Maiorano.

Contre l’éternelle utopie, thème des conservateurs et des contrerévolutionnaires, postulant que le discours de l’utopie, identique à lui-même, revient toujours pour légitimer une société close, autoritaire et statique, négatrice de toute temporalité, et de la pluralité et de la singularité des individus, Miguel Abensour atteste de la persistance des utopies, recherche asymptotique, volontariste et sans cesse renouvelée d’en finir avec la domination, la servitude volontaire et l’exploitation, comme si chaque moment de lutte suscitait une nouvelle sommation utopique au non-consentement (...) à l’ordre des choses et à la recherche d’un tout autre social, sous l’impératif d’une conversion qui lie indistinctement philosophie, utopie et émancipation humaine. (shrink)

Qu'est-ce qui oriente la philosophie? Depuis Platon, le philosophe est celui qui tourne son regard vers le Bien et qui adopte une manière de vivre en accord avec sa pensée. Qu'est devenue cette manière de vivre comme exigence philosophique, pour un philosophe qui se laisse inspirer par la révélation chrétienne? Faut-il la nommer "sainteté"? Cet ouvrage présente six philosophes du XXe siècle qui ont cherché à accorder leur pensée et leur manière de vivre : Maurice Blondel, Erich Przywara, Simone Weil, (...) Aimé Forest, Michel Henry, Edith Stein. Des philosophes à l'écoute d'une inspiration qui oriente leur existence. La philosophie comme un acte de résistance spirituelle. Il y a là beaucoup à apprendre. (shrink)

Marie-Hélène Desmeules recalls how phenomenology, although being an essentially descriptive method, has from its beginnings tried to elucidate the normative aspects of our experience. According to the first phenomenologists, intentionality – a key notion of phenomenology – has been at the basis of many experiments with a normative content. However, by thinking of normativity in terms of the intentional structure, phenomenologists have often reduced the former to a form of theoretical normativity. In this paper, she aims to demonstrate that intentionality (...) is still a relevant notion when it comes to thinking about the constitution of practical normativities that are irreducible to a form of theoretical normativity. I take the intentional act of consenting as a guiding example, and identify its specific practical normative effects by comparing it to the intentional acts of promising, accepting and approving, as described by Adolf Reinach and Edmund Husserl. (shrink)

Informed consent in medical practice is essential and a global standard that should be sought at all the times doctors interact with patients. Its intensity would vary depending on the invasiveness and risks associated with the anticipated treatment. To our knowledge there has not been any systematic review of consent practices to document best practices and identify areas that need improvement in our setting. The objective of the study was to evaluate the informed consent practices of surgeons at University teaching (...) Hospitals in a low resource setting. (shrink)

In a community that takes rights seriously, consent features pervasively in both moral and legal discourse as a justifying reason: stated simply, where there is consent, there can be no complaint. However, without a clear appreciation of the nature of a consent-based justification, its integrity, both in principle and in practice, is liable to be compromised. This book examines the role of consent as a procedural justification, discussing the prerequisites for an adequate consent -- in particular, that an agent with (...) the relevant capacity has made an unforced and informed choice, that the consent has been clearly signalled, and that the scope of the authorisation covers the act in question. It goes on to highlight both the Fallacy of Necessity (where there is no consent, there must be a wrong) and the Fallacy of Sufficiency (where there is consent, there cannot be a wrong). Finally, the extent to which the authority of law itself rests on consent is considered. If the familiarity of consent-based justification engenders confusion and contempt, the analysis in this book acts as a corrective, identifying a range of abusive or misguided practices that variously under-value or over-value consent, that fictionalise it or that are fixated by it, and that treat it too casually or too cautiously. In short, the analysis in Consent in the Law points the way towards recognising an important procedural justification for precisely what it is as well as giving it a more coherent application. (shrink)

In this article we provide an in-depth description of a new model of informed consent called ‘meta consent’ and consider its practical implementation. We explore justifications for preferring meta consent over alternative models of consent as a solution to the problem of secondary use of health data for research. We finally argue that meta consent strikes an appropriate balance between enabling valuable research and protecting the individual.

In order to involve children in the decision-making process about participation in medical research it is widely recommended that the child’s assent be sought in addition to parental consent. However, the concept of assent is fraught with difficulties, resulting in confusion among researchers and ethics committees alike.

Over the last few decades, multiple studies have examined the understanding of participants in clinical research. They show variable and often poor understanding of key elements of disclosure, such as expected risks and the experimental nature of treatments. Did the participants in these studies give valid consent? According to the standard view of informed consent they did not. The standard view holds that the recipient of consent has a duty to disclose certain information to the profferer of consent because valid (...) consent requires that information to be understood. The contents of the understanding and disclosure requirements are therefore conceptually linked. In this paper, we argue that the standard view is mistaken. The disclosure and understanding requirements have distinct grounds tied to two different ways in which a token of consent can be rendered invalid. Analysis of these grounds allows us to derive the contents of the two requirements. It also implies that it is sometimes permissible to enroll willing participants who have not understood everything that they ought to be told about their clinical trials. (shrink)

Coercion by the recipient of consent renders that consent invalid. But what about when the coercive force comes from a third party, not from the person to whom consent would be proffered? In this paper I analyze how threats from a third party affect consent. I argue that, as with other cases of coercion, we should distinguish threats that render consent invalid from threats whose force is too weak to invalidate consent and threats that are legitimate. Illegitimate controlling third party (...) threats render consent invalid just as they do in two party cases. However, knowing that the consent is invalid is not sufficient to tell the recipient of consent what she may or should do. I argue that when presented with a token of consent from someone whom she thinks is experiencing an illegitimate controlling threat, the recipient may act on that token if and only if doing so represents a reasonable joint decision for her and the victim of coercion. The appropriate action for someone faced with third party coercion therefore depends on the other options open to her and those open to the victim of coercion. (shrink)

The traditional view according to which we adults tacitly consent to a state’s lawful actions just by living within its borders—the residence theory—is now widely rejected by political philosophers. According to the critics, this theory fails because consent must be (i) intentional, (ii) informed, and (iii) voluntary, whereas one’s continued residence within a state is typically none of these things. Few people intend to remain within the state in which they find themselves, and few realize that by remaining they are (...) consenting to the state’s lawful actions. In addition, the various obstacles standing in the way of us leaving the state render our remaining involuntary. Thus, the critics conclude, few if any people can be considered to have consented through their residence. I argue that these objections fail and that the residence theory remains a viable option, at least for those who are not committed incompatibilists. (shrink)