Dans la première partie du Théétète de Platon, Socrate propose un tableau des mouvements donnant naissance aux sensations individuelles. Dans le dialogue, ce tableau joue un rôle essentiel pour établir la première définition de la connaissance ( epistēmē ), ainsi que pour la réfuter. La question principale de mon analyse concerne la direction des mouvements de la sensation ( aisthēsis ) et du senti ( aisthēton ) au moment décisif de la génération d’une sensation particulière. J’étudie plus particulièrement les emplois (...) de la préposition πρός, construite avec le génitif en 156d-e et 159d-e. Interpréter correctement cet élément de la description contribue à rendre considérablement plus intelligible le tableau dessiné par Socrate, ainsi que la critique qu’il lui adresse par la suite. (shrink)

Philosophers have long been interested in the study of induction. This paper aims at examining Philoponus’ treatment, with a focus on his commentary on the Posterior Analytics, which is an especially rich source of information on this topic. Following in Aristotle’s footsteps, Philoponus maintains that it is through induction that universal knowledge is achieved, but in his interpretation of the Aristotelian doctrine he also introduces intriguing novelties. In particular, I argue that in some passages he treats induction as an intellectual (...) means of teaching and learning, that is, as a logical argument-form in which a universal conclusion is inferred from particular premises. In other passages, however, he treats induction as a sort of sense perception, specifically that which triggers the recovery of innate universal knowledge. (shrink)

Résumé Bergson a critiqué l’ensemble de la métaphysique occidentale, héritée du modèle platonico-aristotélicien, pour son incapacité à penser une véritable maturation possible des choses, un temps-invention, dans lequel la réalité se renouvèlerait au fur et à mesure qu’elle se créerait – ce qu’il appelle la durée –, en opposition à un devenir dont le résultat est toujours donnée d’avance, fixée dans l’Idée ou l’Intellect divin, tel un plan que l’on se contenterait de déplier. Mais Bergson a sans doute trouvé également, (...) tout particulièrement chez Plotin, les prémisses d’un dépassement de ce cadre grec classique, par exemple dans la notion plotinienne de la préséance possible de l’agir sur l’être, renversant l’adage selon lequel l’agir s’ensuit de l’être ( operari sequitur esse ), en celui de l’être qui s’ensuit de l’agir ( esse sequitur operari ), l’idée également d’un dépassement de la choséité par le Principe premier, l’Un plotinien, qui est un pur jaillissement antérieur au quelque chose, préfigurant la continuité de jaillissement qui, selon Bergson, serait de Dieu, si ce n’est pas Dieu lui-même. (shrink)

En étudiant la Sittenlehre (1798) comme réponse de Fichte à Kant, l’auteure se concentre sur l’applicabilité et l’application de principes moraux. Fichte, qui insiste particulièrement sur le problème de l’application de l’éthique, ouvre un chemin pour entreprendre une révision de la théorie kantienne radicale et ultimement incompatible avec les prémisses transcendantales du kantisme.

La réflexion cosmologique de Bernardin de Saint-Pierre est un outil précieux pour mieux comprendre sa philosophie – généralement négligée par la critique – et, surtout, le providentialisme anthropocentrique qui est au centre de son épistémologie. Les croyances astronomiques de Saint-Pierre sont exprimées dans deux grands ouvrages théoriques : les Études de la nature de 1784 et, particulièrement, les Harmonies de la nature, écrites dans les vingt dernières années de sa vie et publiées à titre posthume en 1814. Le neuvième et (...) dernier livre de cet ouvrage est consacré spécifiquement à la cosmologie, comme l’indique son titre : Harmonies du Ciel, ou les mondes. Bernardin y rejette fermement les explications du cosmos qui, comme celle de Laplace, déclarent l’inutilité du recours à Dieu dans la description de la mécanique céleste, pour analyser la seule loi qu’il reconnaisse comme universelle et intemporelle : la providence divine. À partir de prémisses méthodologiques spécifiques (rejet de la synthèse, primauté du sentiment, méthode intuitive, etc.), Saint-Pierre construit une cosmologie téléologique qui combine un « ciel médité », inspiré de Huygens et Herschel, et un « ciel rêvé », caractérisé par des idées mystiques et par un élément évident de normativité morale. Cette synergie de différentes inspirations, originale et parfois féconde, est particulièrement évidente dans les questions relatives à la pluralité des mondes et l’habitabilité du Soleil. (shrink)

Les parlers poitevins nord-occidentaux (Noirmoutier, Marais nord vendéen) présentent une variation allophonique complexe du vocalisme. On peut distinguer plusieurs niveaux de diphtongaison qui rendent ces variétés particulièrement intéressantes pour l’analyse phonologique. L’étonnante diversité des formes phonétiques en surface peut cependant se réduire à deux grandes catégories de noyaux vocaliques, simples (monophtongues) et complexes (monophtongues longues et diphtongues sous-jacentes). Les premières sont sujettes à des contraintes d’expression liées à l’atérité, ou laxité, tandis que les deuxièmes alternent des voyelles tendues avec des (...) diphtongues décroissantes ou fermantes dans l’oral spontané. Cette contribution traite principalement de comment une enquête sur la structure phonologique d’une variété dialectale peut durer vingt ans, en faisant alterner diverses approches et divers angles de vue sur les données : transcription phonétique, spectrographie acoustique, analyse phonologique tendant à devenir une enquête phonologique amenée à remettre en cause ses prémisses et ses instruments d’observation des faits de parole pour aboutir à une description de la langue. (shrink)

Les parlers poitevins nord-occidentaux (Noirmoutier, Marais nord vendéen) présentent une variation allophonique complexe du vocalisme. On peut distinguer plusieurs niveaux de diphtongaison qui rendent ces variétés particulièrement intéressantes pour l’analyse phonologique. L’étonnante diversité des formes phonétiques en surface peut cependant se réduire à deux grandes catégories de noyaux vocaliques, simples (monophtongues) et complexes (monophtongues longues et diphtongues sous-jacentes). Les premières sont sujettes à des contraintes d’expression liées à l’atérité, ou laxité, tandis que les deuxièmes alternent des voyelles tendues avec des (...) diphtongues décroissantes ou fermantes dans l’oral spontané. Cette contribution traite principalement de comment une enquête sur la structure phonologique d’une variété dialectale peut durer vingt ans, en faisant alterner diverses approches et divers angles de vue sur les données : transcription phonétique, spectrographie acoustique, analyse phonologique tendant à devenir une enquête phonologique amenée à remettre en cause ses prémisses et ses instruments d’observation des faits de parole pour aboutir à une description de la langue. (shrink)

Résumé La religion de l’Humanité est, dans sa genèse, le résultat de deux grandes lignes de réflexions, l’une spécifiquement morale, s’interrogeant sur les conditions de l’unité à la fois individuelle et collective, et l’autre d’abord « sociologique » ou politique, puis spécifiquement religieuse, relative à la notion d’Humanité. L’objet de cet article est de montrer plus particulièrement l’importance de la problématique morale dans la construction de la religion positiviste : celle-ci fournit le cadre théorique à l’intérieur duquel le culte de (...) l’Humanité acquiert une dimension véritablement religieuse. C’est ce que permet d’établir une étude génétique des textes où s’élaborent les prémisses de l’idée religieuse : les conversations avec Laffitte, les plans du cours de 1847, et les différentes versions du tableau cérébral. Il nous est enfin apparu que la thèse ainsi dégagée fournissait la clef d’une lecture pleinement philosophique de la correspondance avec Clotilde de Vaux. (shrink)

Bion de Borysthène, qui a fréquenté l’école académicienne (Xénocrate), cynique (Cratès) et cyrénaïque (Théodore), ne faisait pas partie des listes traditionnelles d’athées en circulation dans l’Antiquité, mais on lui attribue pourtant la formule athée d’après laquelle « il n’y a pas de dieux » (Diogène Laërce, IV, 55). L’examen des témoignages montre qu’il pouvait être qualifié d’athée à deux niveaux. Tout d’abord, aussi bien au niveau théorique que pratique, il adoptait une attitude très critique à l’égard des pratiques religieuses et (...) des récits mythiques traditionnels dont il mettait en valeur les contradictions et plus largement contestait la partition du réel entre sacré et profane (Sénèque, Des bienfaits, VII 7, 1-2). Par ailleurs, Bion s’est également opposé à la théologie philosophique épicurienne et, en particulier, à son anthropomorphisme. Il s’appuyait, entre autres, sur une thèse (« chaque genre de vivants a une forme particulière dans son genre particulier », Démétrius Lacon, De la forme du dieu, XIX, 13), compatible avec l’épicurisme. Pour cette raison, Démétrius Lacon entreprit d’y répondre en montrant que cette prémisse, pouvant aussi servir à contester les théologies astrales (platoniciennes ou stoïciennes), ne vaut que pour les êtres accessibles par la sensation, ce qui n’est pas le cas des dieux. Cette polémique, dont l’enjeu est la limite de l’application du principe d’isonomie, a laissé des traces jusque dans le De signis de Philodème. (shrink)

In the framework of judgment aggregation, we assume that some formulas of the agenda are singled out as premisses, and that both Independence (formula-wise aggregation) and Unanimity Preservation hold for them. Whether premiss-based aggregation thus defined is compatible with conclusion-based aggregation, as defined by Unanimity Preservation on the non-premisses, depends on how the premisses are logically connected, both among themselves and with other formulas. We state necessary and sufficient conditions under which the combination of both approaches leads to dictatorship (resp. (...) oligarchy), either just on the premisses or on the whole agenda. This framework is inspired by the doctrinal paradox of legal theory and arguably relevant to this field as well as political science and political economy. When the set of premisses coincides with the whole agenda, a limiting case of our assumptions, we obtain several existing results in judgment aggregation theory. (shrink)

At some point in the Incessu Animalium, Aristotle appeals to some geometrical claims in order to explain why animal progression necessarily involves the bending (of the limbs), and this appeal to geometrical claims might be taking as violating the recommendation to avoid “kind-crossing” (as found in the Posterior Analytic). But a very unclear notion of kind-crossing has been assumed in most debates. I will argue that kind-crossing in the Posterior Analytics does not mean any employment of premises from a discipline (...) other than that to which the explanandum belongs. Kind-crossing was meant to cover a specific sort of employment of premises from a different discipline, namely, the case in which premises from a discipline X are taken as the most important explanatory factor that delivers the fullest appropriate explanation of an explanandum within discipline Y. If this is so, the employment of geometrical premises in the Incessu Animalium is not an instance of the prohibited kind-crossing, but something that is in line with the theory of the Posterior Analytics. (shrink)

In Sophistical Refutations 8 Aristotle claims that every sophistical refutation depends on a false belief which is implicitly held by the victim of the fallacy and can normally be elicited from him as an explicit additional premiss. In this case the fallacious argument will be turned into a valid one, albeit with a false premiss. The paper discusses the nature of the FVP and tries to discover how it works when it tacitly causes the false appearance of a fallacious argument.

The contemporary development of socialist economy is featured not only by high dynamics, but also by essential structural and qualitative changes. The economic policy and the socialist planning in particular tendtowards optimalization of economic growth, then to engage for its proper directions, structure and rythmicality. The every year growing national product ought to be, as it is possible, most suitable and useful for implementation of threefold objective: 1° the better satisfaction with the necessities of population, 2° the quicker modernization of (...) the national economy, and 3° the effective development of the foreign trade as well as the international cooperation.The superiority of a set of social criteria is becoming the general assumption of economic policy. A vision of the future human being and the mature society is determining prospective objectives and aims of the development as well is indicating ways and means for their realization by economic policy.The economic growth is not objective by itself, but has to serve for a comprehensive social advancement. At the same time the factors of social advancement advantageously impact the labour productivity and otherwisethey perform a role of additional stimulatives of the economic growth.The objectives of social advancement should be realized gradually basing on staging patterns of systematic raise of the living standards of the population. A hierarchy and a sequence of satisfaction with the both individual and collective necessities demand a skillful application of the criteria of the economic and social choice. We are using here the principle of social and economic rationality.Hence the factors of social advancement, involving the scientific and technical progress, belang to the fundumatel elements of the present economic and social policy. At the same time objectives and means of modern economic and social advancement are here strictly interlaced. (shrink)

Identifying the missing or unstated premisses of arguments is important, because their logical quality depends on them. Textbook authors regard enthymematic syllogisms (e.g., "Elvis is a man, so Elvis is mortal") as having an unstated premiss - the major premiss (e.g., "All men are mortal"). They are said to be such because these syllogisms become formally valid when the major premiss is added (i.e., it is a gap-filler). I argue that unstated major premises are not gap-fillers: they support a part (...) of the argument that is already given implicitly - the inference claim ("If the premisses are true then the conclusion is true"). As such, their logical status is the same as that of an unstated proposition that supports the minor premiss, which is not part of the argument. Therefore, the so-called "major premiss" is not an unstated premiss of the enthymeme. (shrink)

The causal argument for physicalism is anayzed and it's key premise--the causal closure of physics--is found wanting. Therefore, a hidden premise must be added to the argument to gain its conclusion, but the hidden premise is indistinguishable from the conclusion of the causal argument. Therefore, it begs the question on physicalism.

In this paper, we deal with a relationship among the law of excluded middle, the double negation elimination and the independence of premiss rule ) for intuitionistic predicate logic. After giving a general machinery, we give, as corollaries, several examples of extensions of \ and \ which are closed under \ but do not derive the independence of premiss axiom.

Contemporary Western thought might be somehow characterized by the interaction of theology and humanities, and their refusal to the one-dimension subject. The reason why Slavoj Žižek tries to fight for “the Christian legacy” and “the perverse core of Christianity”— with “structure,” “narrative,” “symbolic order” and other conceptual tools normally used in literary studies—is believed to be a rediscovery of the role of Christianity and theology as the archetype for rendering truth and value system instead of a religious experience merely. And (...) so, the argument of identity and meaning-generation might be rephrased in a different framework. This paper intends to trace Žižek’s works theologically and reinterpret its potentiality in Chinese context. (shrink)

In this note, we prove that certain theories of (many‐sorted) intuitionistic predicate logic are closed under the independence of premiss rule (IPR). As corollaries, we show that and extended by some non‐classical axioms and non‐constructive axioms are closed under IPR.

The application of the maximum entropy principle to determine probabilities on finite domains is well-understood. Its application to infinite domains still lacks a well-studied comprehensive approach. There are two different strategies for applying the maximum entropy principle on first-order predicate languages: applying it to finite sublanguages and taking a limit; comparing finite entropies of probability functions defined on the language as a whole. The entropy-limit conjecture roughly says that these two strategies result in the same probabilities. While the conjecture is (...) known to hold for monadic languages as well as for premiss sentences containing only existential or only universal quantifiers, its status for premiss sentences of greater quantifier complexity is, in general, unknown. I here show that the first approach fails to provide a sensible answer for some \-premiss sentences. I discuss implications of this failure for the first strategy and consequences for the entropy-limit conjecture. (shrink)

The application of the maximum entropy principle to determine probabilities on finite domains is well-understood. Its application to infinite domains still lacks a well-studied comprehensive approach. There are two different strategies for applying the maximum entropy principle on first-order predicate languages: applying it to finite sublanguages and taking a limit; comparing finite entropies of probability functions defined on the language as a whole. The entropy-limit conjecture roughly says that these two strategies result in the same probabilities. While the conjecture is (...) known to hold for monadic languages as well as for premiss sentences containing only existential or only universal quantifiers, its status for premiss sentences of greater quantifier complexity is, in general, unknown. I here show that the first approach fails to provide a sensible answer for some \-premiss sentences. I discuss implications of this failure for the first strategy and consequences for the entropy-limit conjecture. (shrink)