Cet article étudie les notions de honte (αἰσχύνη) et de retenue (αἰδώς) dans la Stoa, les raisons pour lesquelles elles s’y trouvent opposées (la première comme passion, la seconde comme bon sentiment) et ce que la critique stoïcienne de la honte (définie comme peur de la mauvaise réputation) doit à l’origine à l’influence du cynisme sur Zénon. Dans un deuxième temps, l’auteur montre que la critique de la honte doit se comprendre dans le cadre plus large de la doctrine stoïcienne (...) de la διαστροφή ou perversion de la nature humaine, doctrine qui identifie l’influence du jugement de la foule (par l’intermédiaire de la pratique ordinaire du blâme et de l’éloge) comme l’une des deux principales sources de corruption de l’homme. Dans la dernière partie, l’auteur étudie le traitement des notions de honte ( pudor ) et de retenue ( reuerentia ) dans les Lettres à Lucilius 10 et 25 de Sénèque, où la honte est présentée comme une forme de contrainte positive à l’égard du non sage, contrainte qui doit toutefois ultimement s’effacer au profit de la retenue comprise comme respect de soi (de la raison) chez le sage. (shrink)

I. Critique et licence dans la Grèce antique --.

English summary: The key issues addressed in this book are those that focus on the idea of idea. The texts investigate how the same term can refer to diverse and even antithetical concepts, and also aim to elucidate this enigma and shed light on the problem of ideality in the extraordinary continuity of its philosophical treatment. The contributions have been compiled in order to provide the reader with a fine and well-documented itinerary of the philosophical idea. French text. French description: (...) En vertu de quoi les donnees sensorielles revetent-elles des formes stables et se pretent-elles a des significations partageables qui font que chaque chose est ce qu'elle est en depit de la diversite de ses apparences? Comment l'objectivite de ce sens et de cet etre se concilie-t-elle avec la subjectivite de ces apparences? Et comment se fait-il que, au-dela de la multiplicite des points de vue sur le monde, la Raison puisse faire valoir des pretentions universelles auxquelles elle donne les noms de vrai, de bien ou de beau? Ces grandes questions sont celles que cristallise l'idee d'idee. De cette histoire, certains jalons semblent particulierement bien connus: le statut objectif des Idees chez Platon et leur nette opposition avec les apparences sensibles; le statut subjectif des idees dans la philosophie moderne, o- elles tendent au contraire a coincider avec les apparences et a s'opposer aux eventuelles choses en soi; la fonction rationalisante des Idees chez Kant, qui prend acte de l'irrealite des idees mais ne renonce pas a rendre compte de leur nature regulatrice. La question reste cependant de savoir comment un meme terme a pu recouvrir des conceptions aussi diverses et, en apparence, meme antithetiques. C'est a elucider cette enigme et a eclairer par la meme le probleme de l'idealite dans l'extraordinaire continuite de son traitement philosophique que se sont collectivement livres des specialistes de ces differentes periodes de l'histoire de la philosophie. Fortement chevillees aux textes memes des auteurs concernes, leurs investigations ici rassemblees constituent un dossier qui devrait fournir au lecteur une vision fine et bien documentee de l'itineraire philosophique de l'idee. (shrink)

Peut-on être courageux mais injuste? Sage mais intempérant? Juste mais ignorant? À ces questions, Socrate le premier répondit que c’était impossible. Le plongeur amateur qui se jette la tête la première dans un puits sans savoir ce qu’il fait n’est pas courageux – seulement téméraire et stupide. Savoir. Tout est là. Mais com- ment savoir quand il n’y a personne pour vous instruire, seulement des charlatans ou des inspirés qui ne savent pas ce qu’ils disent? S’il n’y a personne pour (...) enseigner la vertu, comment pourrait-elle être un savoir? Socrate n’est pas, cependant, à un paradoxe près, et ce sont ses paradoxes qui vont nourrir des générations succes-sives de philosophes, depuis Platon et Aristote jusqu’aux philosophes hellénistiques et aux platoniciens tardifs. La vertu est-elle unique ou multiple? Quelle est son origine? Quels sont les prére- quis de son émergence? Le présent ouvrage raconte l’histoire de ces questions dans la philosophie ancienne, en montrant également leur transposition dans l’univers chrétien par l’intermédiaire d’Augustin et l’écho qu’elles trouvent jusque dans l’œuvre de Nietzsche. Alors que la problématique des vertus a gagné une actualité et une pertinence renouvelées dans les éthiques contemporaines, il était utile de rappeler la diversité des manières dont les penseurs anciens se sont débattus avec ces questions centrales.0. (shrink)

Cet article a pour objet premier de tenter d’expliciter deux notions importantes de la psychologie platonicienne, celles de phantasia et de phantasma. L’auteur, par une analyse de certains passages clés des Dialogues, tente de retracer la genèse de la distinction de ces deux notions, jusqu’à leurs définitions dans le Sophiste. Cette explicitation révèle, simultanément, le lien étroit que chacune de ces notions entretient avec la doxa ou opinion.— The purpose of this article is to try to clarify two important notions (...) of the platonic psychology, namely those of phantasia and of phantasma. The author, through analysis of key excerpts from the Dialogs, tries to relate the genesis of the distinction of these two notions, until their definitions in the Sophist. This explanation simultaneously reveals the link that both notions have with the doxa. (shrink)

D’après l’oracle d’Apollon, Plotin avait une capacité extraordinaire à ne jamais vraiment succomber au sommeil. Porphyre, dans le commentaire qu’il donne de cet oracle, introduit l’idée remarquable d’une double attention, tournée tout à la fois vers l’intérieur et vers l’extérieur. L’éveil de Plotin ne serait donc pas simplement une autre manière de parler de la contemplation, mais engloberait aussi un pôle «pratique», dirigé vers le monde des sens et de l’action. L’étude des Ennéades nous montre que le commentaire de Porphyre (...) s’appuie vraisemblablement sur Plotin lui-même, lequel soutient que l’éveil du sage, fondé dans la contemplation des intelligibles (des Formes que Plotin présente littéralement comme «insomniaques»), s’exprime également à travers l’action. La thématique de l’éveil se révèle ainsi riche en enseignements, en particulier en ce qu’elle nous force à réviser notre interprétation de la vie du sage selon Plotin, une vie qui ne rejette pas l’action, mais fonde bien plutôt celle-ci dans la contemplation. (shrink)

D’après l’oracle d’Apollon, Plotin avait une capacité extraordinaire à ne jamais vraiment succomber au sommeil. Porphyre, dans le commentaire qu’il donne de cet oracle, introduit l’idée remarquable d’une double attention, tournée tout à la fois vers l’intérieur et vers l’extérieur. L’éveil de Plotin ne serait donc pas simplement une autre manière de parler de la contemplation, mais engloberait aussi un pôle «pratique», dirigé vers le monde des sens et de l’action. L’étude des Ennéades nous montre que le commentaire de Porphyre (...) s’appuie vraisemblablement sur Plotin lui-même, lequel soutient que l’éveil du sage, fondé dans la contemplation des intelligibles (des Formes que Plotin présente littéralement comme «insomniaques»), s’exprime également à travers l’action. La thématique de l’éveil se révèle ainsi riche en enseignements, en particulier en ce qu’elle nous force à réviser notre interprétation de la vie du sage selon Plotin, une vie qui ne rejette pas l’action, mais fonde bien plutôt celle-ci dans la contemplation. (shrink)

Ce volume propose de retracer l’histoire des questions relatives à la théorie de l’unité et de l’origine des vertus dans la philosophie ancienne. Réunissant, pour la plupart, les contributions présentées lors d’un colloque organisé à l’Université libre de Bruxelles par le Groupe de philosophie ancienne du Centre de Philosophie, les 24 et 25 mars 2011, l’ouvrage, par l’ampleur de la période qu’il couvre, constitue une entreprise jusque-là inédite. Il propose une lecture qui ne prétend pas à l’...

Pascal’s wager has received the attention of philosophers for centuries. Most of its criticisms arise from how the wager is often framed. We present Pascal’s wager three ways: in isolation from any further apologetic arguments, as leading toward a regimen intended to produce belief, and finally embedded in a larger apology that includes evidence for Christianity. We find that none of the common objections apply when the wager is presented as part of Pascal’s larger project. Pascal’s wager is a successful (...) argument in its proper place. However, the most interesting features of our first two presentations of the wager turn out to be either irrelevant or missing from our reading: infinite utility and the relativity of evidence. The successful wager is a boring wager. Still, this study shows us how the wager might profitably be incorporated into different apologetic contexts and why it often can’t. (shrink)

We tend to suppose that the ancient Greeks had primitive ideas of the self, of responsibility, freedom, and shame, and that now humanity has advanced from these to a more refined moral consciousness. Bernard Williams's original and radical book questions this picture of Western history. While we are in many ways different from the Greeks, Williams claims that the differences are not to be traced to a shift in these basic conceptions of ethical life. We are more like the (...) ancients than we are prepared to acknowledge, and only when this is understood can we properly grasp our most important differences from them, such as our rejection of slavery. The author is a philosopher, but much of his book is directed to writers such as Homer and the tragedians, whom he discusses as poets and not just as materials for philosophy. At the center of his study is the question of how we can understand Greek tragedy at all, when its world is so far from ours. Williams explains how it is that when the ancients speak, they do not merely tell us about themselves, but about ourselves. _Shame and Necessity_ gives a new account of our relations to the Greeks, and helps us to see what ethical ideas we need in order to live in the modern world. (shrink)

Bernard Williams's remarkable essay on morality confronts the problems of writing moral philosophy, and offers a stimulating alternative to more systematic accounts which seem nevertheless to have left all the important issues somewhere off the page. Williams explains, analyses and distinguishes a number of key positions, from the purely amoral to notions of subjective or relative morality, testing their coherence before going on to explore the nature of 'goodness' in relation to responsibilities and choice, roles, standards, and human nature. (...) The final chapters make a fascinating enquiry into what morality is about, looking beyond happiness to other human aims and ideals. This re-issue of a classic in moral philosophy includes a new foreword by the author. (shrink)

This new volume of philosophical papers by Bernard Williams is divided into three sections: the first Action, Freedom, Responsibility, the second Philosophy, Evolution and the Human Sciences; in which appears the essay which gives the collection its title; and the third Ethics, which contains essays closely related to his 1983 book Ethics and the Limits of Philosophy. Like the two earlier volumes of Williams's papers published by Cambridge University Press, Problems of the Self and Moral Luck, this volume will (...) be welcomed by all readers with a serious interest in philosophy. It is published alongside a volume of essays on Williams's work, World, Mind, and Ethics: Essays on the Ethical Philosophy of Bernard Williams, edited by J. E. J. Altham and Ross Harrison, which provides a reappraisal of his work by other distinguished thinkers in the field. (shrink)

Bernard Williams; XIV*—The Truth in Relativism, Proceedings of the Aristotelian Society, Volume 75, Issue 1, 1 June 1975, Pages 215–228, https://doi.org/10.1093.

What does it mean to be truthful? What role does truth play in our lives? What do we lose if we reject truthfulness? No philosopher is better suited to answer these questions than Bernard Williams. Writing with his characteristic combination of passion and elegant simplicity, he explores the value of truth and finds it to be both less and more than we might imagine.Modern culture exhibits two attitudes toward truth: suspicion of being deceived and skepticism that objective truth exists (...) at all. This tension between a demand for truthfulness and the doubt that there is any truth to be found is not an abstract paradox. It has political consequences and signals a danger that our intellectual activities, particularly in the humanities, may tear themselves to pieces.Williams's approach, in the tradition of Nietzsche's genealogy, blends philosophy, history, and a fictional account of how the human concern with truth might have arisen. Without denying that we should worry about the contingency of much that we take for granted, he defends truth as an intellectual objective and a cultural value. He identifies two basic virtues of truth, Accuracy and Sincerity, the first of which aims at finding out the truth and the second at telling it. He describes different psychological and social forms that these virtues have taken and asks what ideas can make best sense of them today. Truth and Truthfulness presents a powerful challenge to the fashionable belief that truth has no value, but equally to the traditional faith that its value guarantees itself. Bernard Williams shows us that when we lose a sense of the value of truth, we lose a lot both politically and personally, and may well lose everything. (shrink)

Bernard Williams is remembered as one of the most brilliant and original philosophers of the past fifty years. Widely respected as a moral philosopher, Williams began to write about politics in a sustained way in the early 1980s. There followed a stream of articles, lectures, and other major contributions to issues of public concern--all complemented by his many works on ethics, which have important implications for political theory. This new collection of essays, most of them previously unpublished, addresses many (...) of the core subjects of political philosophy: justice, liberty, and equality; the nature and meaning of liberalism; toleration; power and the fear of power; democracy; and the nature of political philosophy itself. A central theme throughout is that political philosophers need to engage more directly with the realities of political life, not simply with the theories of other philosophers. Williams makes this argument in part through a searching examination of where political thinking should originate, to whom it might be addressed, and what it should deliver. Williams had intended to weave these essays into a connected narrative on political philosophy with reflections on his own experience of postwar politics. Sadly he did not live to complete it, but this book brings together many of its components. Geoffrey Hawthorn has arranged the material to resemble as closely as possible Williams's original design and vision. He has provided both an introduction to Williams's political philosophy and a bibliography of his formal and informal writings on politics. Those who know the work of Bernard Williams will find here the familiar hallmarks of his writing--originality, clarity, erudition, and wit. Those who are unfamiliar with, or unconvinced by, a philosophical approach to politics, will find this an engaging introduction. Both will encounter a thoroughly original voice in modern political theory and a searching approach to the shape and direction of liberal political thought in the past thirty-five years. (shrink)