This paper is based on the archives of Michel Foucault collected (since 2013) at the Manuscripts Department of the Bibliothèque nationale de France in Paris. Our investigation focuses in particular on a complete manuscript, until now totally unknown and entitled ‘ Phénoménologie et psychologie’ (‘Phenomenology and Psychology’). This manuscript could be the first project for a thesis devoted to ‘The Notion of the “World” in Phenomenology’, written around 1953–4, at the same time as a manuscript on Binswanger and existential psychiatry (...) and as a manuscript on philosophical anthropology. We aim to show the importance that phenomenology seems to have held for Foucault at the beginning of the 1950s and in particular the role that it could have played in Foucault’s distancing himself from a naturalist psychology and a philosophy of consciousness to which he opposes a philosophy of the world, of being and of language. Foucault thus discovers a truth of the phenomenology which rests on the radicality of the transcendental gesture and on the access to an ontology gathering the being, the meaning and the language. (shrink)

Nous nous proposons de revenir dans cet article sur le partage explicité par Michel Foucault en 1978 entre une « philosophie de l’expérience, du sens et du sujet » et une «philosophie du savoir, de la rationalité et du concept » dans la tradition de laquelle s’inscrirait plutôt son propre travail archéologique. Nous montrons qu’appliqué aux premiers écrits de Foucault, un tel partage se trouve singulièrement brouillé, en particulier du fait des usages variables que ces écrits font de la notion (...) d’expérience, d’abord ramenée du côté de l’expérience vécue, avant d’être dédoublée en expérience historique et expérience-limite. (shrink)

La relation de Foucault à Merleau-Ponty semble avant tout marquée par les critiques que le premier adresse au profil général de l’analyse phénoménologique dont le second peut apparaître au début des années soixante comme un représentant exemplaire. Nous montrons dans cet article que ces critiques concernent plus précisément la corrélation, établie « archéologiquement », entre les présupposés anthropologiques de la phénoménologie et le développement des sciences humaines. Il apparaît néanmoins qu’en contrepoint de ces critiques, une certaine équivocité définit de manière (...) persistante la relation de Foucault à Merleau-Ponty, notamment en ce qui concerne certaines analyses qu’ils consacrent au statut du corps. (shrink)

Cet article propose de confronter le thème kojévien de « la disparition de l’homme à la fin de l’histoire » et le thème foucaldien de la « mort de l’homme ». Cette confrontation permet non seulement de faire apparaître le déplacement qui s’opère de Kojève à Foucault en ce qui concerne le cadre théorique de leur réflexion sur l’homme, mais aussi de souligner les effets contrastés de la lecture kojévienne de Hegel sur Sartre et sur Bataille.This paper aims at confronting (...) the Kojevian theme of « the Disappearance of Man at the end of History » and the Foucaldian theme of the « Death of Man ». This comparison allows one the displacement from Kojève to Foucault as regards the theoretical frame of their thoughts about Man, and also to emphasize the contrasted effects of the Hegelian reading of Kojève on Sartre and on Bataille. (shrink)

Penser avec Pierre Macherey – avec Foucault. Tel est l’objet des lignes qui vont suivre. Penser avec, ce n’est pas simplement penser quelque chose, ce qui revient à circonscrire un objet pour en faire justement un ob-jet pour la pensée, disponible pour une pensée compréhensive ou conceptuelle qui s’en empare. Ce n’est pas non plus, lorsque l’on s’applique à penser une autre pensée, celle d’un autre que soi, chercher à en restituer seulement le sens général ou les arguments particuliers, e...

Les textes qui suivent sont issus de deux séances du séminaire « Avec Foucault » organisées au cours de l'année 2015 à l'UMR « Savoirs, textes, langage ». Lors de chacune de ces séances, différents ouvrages publiés récemment par Pierre Macherey ont été présentés et discutés par Orazio Irrera, Edouard Mehl et Philippe Sabot. Lors d'une première séance de travail, la réflexion s'est portée sur la question des normes que Pierre Macherey aborde en réinscrivant la démarche de Foucault (...) sur ce thème... (shrink)

My paper begins with a reflection on the Foucauldian category of “infamy,” which I would like to consider both as a political category and as a literary category. “La vie des hommes infâmes” (1977) is a particularly noteworthy text in that there is both a clear distinction between archive and literature and an analysis of a recomposition of the relationship between discourse, truth, and power that draws what Foucault calls “the line of literature’s tendency since the seventeenth century, since it (...) commenced to be literature in the modern sense of the word.” On the one hand, Foucault defends the idea that, to allow the archive to deliver its strictly political dimension, it is necessary to clean it up, to build it out of literature and in a strict relation to reality. On the other hand, he claims that literature has become capable at some point of having the ambition to tell the real, to “tell of the ultimate, and the most minute, degrees of the real”: of being, perhaps more than any other form of language, the “discourse of infamy.” This paper aims to explore this tension, from the (methodological/archaeological) exclusion of literature to the genealogy of a literature of reality and infamy. (shrink)

L'article cherche à montrer comment la pensée de Foucault permet d'aborder la question sociale à partir de la question carcérale (donc de l'enfermement des délinquants et des criminels) et de la question pénale (donc de la rationalité juridico-politique et des modalités d'administration et de gestion des peines).

En 1940, Sartre publie L’Imaginaire qui devait former, avec l’ouvrage consacré quatre ans plus tôt à L’Imagination, une étude d’ensemble sur la Psyché humaine. Il s’agit pour le philosophe de mettre en lumière et d’interroger le rôle et la nature de l’image dans la vie psychique (pour reprendre le titre du mémoire de Diplôme d’Etudes Supérieures que Sartre avait réalisé sous la direction d’Henri Delacroix en 1927). Cette préoccupation pour l’image conduit rapidement le jeune Sartre à s’empare..

A partir d’une présentation de Sois mon corps, cet article se propose de mettre en lumière quelques prolongements contemporains de la dialectique hégélienne du maître et de l’esclave. Avec l’interprétation qu’en propose J. Butler notamment, c’est le statut du corps qui devient problématique dès lors que le désir de s’en détacher entre en tension avec une ontologie relationnelle et sociale de la vie corporelle qui signe la vulnérabilité de l’être vivant.

Dans cet article, nous nous efforçons de circonscrire le champ de problèmes à partir duquel Bataille et Queneau peuvent être situés l’un par rapport à l’autre, mais aussi l’un et l’autre par rapport à Kojève et à sa lecture de Hegel dans les années 1930. Ce champ problématique apparaît polarisé par les thématiques du Désir et de l’Histoire. À partir de là, nous montrons comment les spéculations philosophiques et littéraires de Bataille sur l’expérience-limite le conduisent à dédialectiser et, finalement, à (...) détéléologiser le Désir et à substituer à la perspective kojévienne d’une Sagesse post-historique le thème d’un érotisme transgressif. De son côté, Queneau offre une contestation plus nuancée du kojévisme dans le contexte de fictions littéraires où la conception kojévienne de l’Histoire se trouve ironisée, et finalement relativisée. (shrink)

S’il est devenu commun que des philosophes s’intéressent à littérature et à des œuvres littéraires, cet intérêt mérite qu’on l’interroge, ne serait-ce que pour en élucider les présupposés et pour en examiner les effets dans l’ordre de la pensée. En réalité, il est loin d’aller de soi qu’il y ait une communication possible, a fortiori nécessaire ou essentielle, entre la philosophie et la littérature. Il faut bien reconnaître en effet que les œuvres de littérature et les œuvres de philosophie...

Foucault n'aimait pas les logiques de l'identité : celles-ci témoignent de l'assignation de nos discours aux figures de l'autorité ou de la vérité ; mais cette assignation pousse aussi sa prise au-delà de nos discours, jusque dans nos vies, alors vouées à décliner leur identité, à s'identifier à des formes de vie qui sont aussi des normes de vies. Il importe d'analyser de manière détaillée les ressorts théoriques et pratiques de ces logiques d'assignation identitaire ainsi que leurs effets individuels et (...) collectifs. Mais il faut également se demander, avec Foucault et pour une part à partir de sa pensée, si refuser les logiques de l'identité est non seulement possible mais surtout souhaitable pour des sujets qui, s'ils ne sont pas « identifiés » ou identifiés comme de « bons » sujets, peuvent aussi bien souffrir de cette absence d'identité qui fait d'eux des entités spectrales et vulnérables : des identités négatives, abandonnées dans les marges de la reconnaissance politique et sociale, et ne bénéficiant d'aucune ressource pour déployer leur puissance d'agir et leur mode d'existence. (shrink)

Cette étude vise à mettre en lumière l’ambivalence de la machine dans la fiction romanesque de Jarry. La machine y est à la fois exploitée comme instrument de la satisfaction du désir humain et envisagée dans ses potentialités destructrices. Cette ambivalence fournit la trame de la narration, principalement articulée autour de deux dispositifs mécaniques imaginaires qui servent ici à une expérimentation, sur le plan littéraire, des limites de l’humain.

Dans L'essence du christianisme, Ludwig Feuerbach jette les bases d'une critique philosophique de la religion chrétienne qui vise pour l'essentiel à mettre en lumière le mode de constitution spécifique de l’illusion religieuse. Celle-ci relève d'un processus complexe d'objectivation aliénante selon lequel l'homme n'accède paradoxalement à la conscience de soi qu'à partir de la fiction projective d'un Autre que soi, Dieu, posé comme sa garantie ontologique et pratique. L'analyse de ce processus « renversant » et de la dialectique du sujet et (...) de l’objet qui le sous-tend revient à mettre en évidence le fondement anthropologique de la conscience religieuse ; mais elle débouche également sur le thème problématique d’une religion de l’Homme où s’alimentent les figures modernes de l’ « humanisme athée » (H. de Lubac). (shrink)

L’œuvre de Villiers de l’Isle-Adam se signale par l’ambivalence qu’elle entretient par rapport à la science. Une certaine fascination pour la démarche scientifique et ses applications techniques va en effet de pair avec des exigences métaphysiques, d’inspiration philosophique et occultiste, qui en limitent la portée, voire en contredisent les valeurs. Le propos de l’article est donc double. Il s’agit d’abord d’évaluer le statut même de l’entreprise scientifique, en tant qu’il fait l’objet, dans les récits de Villiers, d’une appréciation contrastée. Il (...) faut ensuite saisir comment, dans L’Eve future en particulier, les enjeux de la fabrication d’une « Andréide » débordent largement ceux d’une évocation sans distance des possibilités matérielles de l’intelligence technicienne pour concerner non seulement la fonction idéalisante de l’artifice, mais encore les pouvoirs occultes de l’« esprit ». (shrink)

« À chaque lecture, chaque livre est mentalement “réécrit” par son lecteur comme Ménard réécrivit le Quichotte. Ainsi, l’infatigable fable borgésienne est peut-être moins une parabole sophistiquée de la littérature, qu’une description fidèle et somme toute évidente de l’acte de lire ». Lire au sens propre et courant, c’est déchiffrer une écriture, un signe ou une suite de signes renvoyant conventionnellement à des objets (lire un pictogramme), à des sons musicaux (lire une partition), à des m...

Comment la préoccupation ordinaire pour la santé rencontre-t-elle des enjeux biopolitiques, liés à la transformation historique de la médecine en une fonction sanitaire et sociale majeure? Dans cette étude, nous revenons sur la tension et l’équivoque où se trouve prise la notion de santé dans la mesure où celle-ci renvoie aussi bien à un sentiment intime de bien-être qu’à la dimension normative d’injonctions publiques, sociales relevant de ce que l’on pourrait nommer le paradigme biopolitique du sanitaire.Filoso.

Dans La Volonté de savoir, Foucault écrit : "Là où il y a pouvoir, il y a résistance".

L’objectif de ce dossier est d’interroger les liens qui unissent la philosophie et la littérature sous le double point de vue des savoirs et des formes de pensées que contribuent à produire les textes philosophiques et les textes littéraires, envisagés dans leur confrontation ou leur interaction ; et de la dimension pratique de ces savoirs et de ces pensées, dès lors qu’ils sont engagés dans la dynamique d’une expérience transformatrice de soi et du monde. Il s’agit donc d’abord de nourrir (...) u... (shrink)

Cet article s’interroge sur le statut complexe de la figure du « primitif » au sein du surréalisme, et particulièrement au sein de l’œuvre d’André Breton. L’A. s’attache à montrer d’abord que le surréalisme s’inscrit clairement dans la lignée d’un certain nombre de mouvements culturels et artistiques se fondant sur une réévaluation critique des schémas mentaux et esthétiques imposés par le « rationalisme » occidental. Mais il cherche également à souligner l’ambiguïté constitutive du primitivisme surréaliste, en quête d’une primitivité à (...) la fois lointaine et originaire, qui ferait coïncider l’homme primitif et le primitif en l’homme. Les différentes formes prises par le primitivisme surréaliste, notamment ses formes littéraires, témoignent alors de manière exemplaire de cette ambiguïté et de la synthèse impossible entre la théorie surréaliste du primitif et une pratique primitiviste. (shrink)

Comme Édouard Mehl le montre dans sa présentation des Querelles cartésiennes de Pierre Macherey, l’enjeu de ces « querelles » réside moins dans l’interprétation de Descartes en termes de vérité (en vue de répondre à la question : que veut vraiment dire Descartes?) que dans son interprétation en contexte, c’est-à-dire dans le contexte de l’introduction, en France, via Corbin en particulier, de la pensée heideggerienne qui constitue l’arrière-plan, ou du moins l’un des arrière-plans possibles...

Olivier Razac a publié depuis une dizaine d’années des ouvrages apparemment très divers, aux titres parfois énigmatiques ou provocateurs : Histoire politique du barbelé (2000, rééd. Champs-Flammarion, 2009) ; L’écran et le zoo. Spectacle et domestication, des expositions coloniales à Loft Story (Denoël, 2002) ; La Grande santé (Climats, 2006) ou encore, plus récemment, Avec Foucault, après Foucault. Disséquer la société de contrôle (L’Harmattan, 2008). L’un des fils rouges de ces recherches c..

In Richard Bradley’s book, Decision Theory with a Human Face, we have selected two themes for discussion. The first is the Bolker-Jeffrey theory of decision, which the book uses throughout as a tool to reorganize the whole field of decision theory, and in particular to evaluate the extent to which expected utility theories may be normatively too demanding. The second theme is the redefinition strategy that can be used to defend EU theories against the Allais and Ellsberg paradoxes, a strategy (...) that the book by and large endorses, and even develops in an original way concerning the Ellsberg paradox. We argue that the BJ theory is too specific to fulfil Bradley’s foundational project and that the redefinition strategy fails in both the Allais and Ellsberg cases. Although we share Bradley’s conclusion that EU theories do not state universal rationality requirements, we reach it not by a comparison with BJ theory, but by a comparison with the non-EU theories that the paradoxes have heuristically suggested. (shrink)

This research investigates 3- and 5-year-olds' relative fairness in distributing small collections of even or odd numbers of more or less desirable candies, either with an adult experimenter or between two dolls. The authors compare more than 200 children from around the world, growing up in seven highly contrasted cultural and economic contexts, from rich and poor urban areas, to small-scale traditional and rural communities. Across cultures, young children tend to optimize their own gain, not showing many signs of self-sacrifice (...) or generosity. Already by 3 years of age, self-optimizing in distributive justice is based on perspective taking and rudiments of mind reading. By 5 years, overall, children tend to show more fairness in sharing. What varies across cultures is the magnitude of young children's self-interest. More fairness (less self-interest) in distributive justice is evident by children growing up in small-scale urban and traditional societies thought to promote more collective values. (shrink)

To what extent do early intuitions about ownership depend on cultural and socio-economic circumstances? We investigated the question by testing reasoning about third party ownership conflicts in various groups of three- and five-year-old children (N = 176), growing up in seven highly contrasted social, economic, and cultural circumstances (urban rich, poor, very poor, rural poor, and traditional) spanning three continents. Each child was presented with a series of scripts involving two identical dolls fighting over an object of possession. The child (...) had to decide who of the two dolls should own the object. Each script enacted various potential reasons for attributing ownership: creation, familiarity, first contact, equity, plus a control/neutral condition with no suggested reasons. Results show that across cultures, children are significantly more consistent and decisive in attributing ownership when one of the protagonists created the object. Development between three and five years is more or less pronounced depending on culture. The propensity to split the object in equal halves whenever possible was generally higher at certain locations (i.e., China) and quasi-inexistent in others (i.e., Vanuatu and street children of Recife). Overall, creation reasons appear to be more primordial and stable across cultures than familiarity, relative wealth or first contact. This trend does not correlate with the passing of false belief theory of mind. (shrink)

This is the outline: Introduction — La question de la cybernétique et de l'information — Une « pensée du milieu » — Cybernétique et homologie — Une théorie de l'apprentissage — L'information vue de l'autre côté — Champ et domaine unitaire — La thèse des « autres-je » — Le passage par l'axiologie — La rétroaction vraie — L'ontologie de Ruyer — Le bruissement de l'être même.

The relations between rationality and optimization have been widely discussed in the wake of Herbert Simon's work, with the common conclusion that the rationality concept does not imply the optimization principle. The paper is partly concerned with adding evidence for this view, but its main, more challenging objective is to question the converse implication from optimization to rationality, which is accepted even by bounded rationality theorists. We discuss three topics in succession: (1) rationally defensible cyclical choices, (2) the revealed preference (...) theory of optimization, and (3) the infinite regress of optimization. We conclude that (1) and (2) provide evidence only for the weak thesis that rationality does not imply optimization. But (3) is seen to deliver a significant argument for the strong thesis that optimization does not imply rationality. (shrink)

Qu'attendre des chercheurs en sciences sociales? Qu'ils fassent tout bonnement leur métier ou qu'à partir de leurs analyses ils s'impliquent dans les problèmes qui relèvent de leur compétence ou même qu'à partir de leur position de chercheur ils prennent publiquement position sur les grandes questions du jour? Ces alternatives sont loin d'épuiser le champ des possibles, mais les énoncer invite à s'interroger sur les rapports qu'entretiennent les travaux de recherche en sciences sociales avec les pratiques sociales qu'elles étudient. Ces questions (...) n'étaient pas étrangères à Philippe Lucas - et c'est peu dire. Elles sont aussi à l'origine de ce livre. Président de l'université Lumière-Lyon II avant d'être nommé recteur de l'Académie de Bordeaux puis de l'Académie de Caen, Philippe Lucas fut aussi et d'abord un chercheur qui concevait son travail de recherche comme un engagement. Sa " sociologie impliquée " supposait la confrontation des points de vue et le débat non seulement après coup, une fois le travail terminé, mais avant tout dès les premières investigations et tout au long de la recherche. Quel meilleur hommage rendre à Philippe Lucas que de reprendre aujourd'hui ces questions qui furent les siennes? Il les avait posées à sa manière mais leur actualité nous frappe, leur importance aussi. Ceux qui ont contribué à cet ouvrage collectif ont tenté d'y répondre et d'abord de les reformuler en proposant tantôt leur témoignage tantôt leurs réflexions de chercheurs sur l'implication et l'engagement : leur propre implication et celle de leurs disciplines, leur propre engagement et celui de leurs disciplines. (shrink)

Des premiers rites baptismaux à la confession moderne, les références au christianisme sont constantes dans l'œuvre de Michel Foucault. Cette constance s'inscrit dans un questionnement philosophique plus large sur notre actualité : comprendre le rapport que nous avons aujourd'hui à nous-mêmes demande de s'interroger sur les actes de vérité que l'Occident a instaurés depuis les premiers siècles chrétiens. Que faut-il dire et manifester de soi pour être transformé dans son être, pardonné, sauvé, jugé ou guéri)? Ce livre propose une étude (...) critique de l'ensemble des lectures chrétiennes de Foucault, avec une attention particulière portée au cours Du gouvernement des vivants. Ni chronologique ni thématique, le parcours suivi espère retrouver la logique d'un travail à la fois philosophique et historique : quand et comment le christianisme a-t-il été constitué par Foucault en objet de recherche, avec quelles pratiques de lecture et quelles conséquences sur l'interprétation)? (shrink)

Il est encore paradoxal de reconnaître aux livres des Chroniques le statut d'œuvre littéraire. Longtemps considéré comme de « piètre fiabilité » par rapport au récit parallèle des livres de Samuel et des Rois, ces livres apparaissent aussi sans originalité littéraire par rapport notamment à l'art consommé des récits des livres de Samuel. Dans le sillage de l'Art du récit biblique, de Robert Alter, Ph. Abadie tente de faire ressortir la richesse et la variété des procédés d'écriture qui font du (...) livre des Chroniques une œuvre littéraire véritable. Celle-ci tient fondamentalement à un projet global que révèlent et confirment des « unités kérygmatiques » structurantes et l'ordonnancement de grands ensembles selon divers procédés : technique de répétition et système de périodisation chronologique notamment.It is still paradoxical to recognize the statute of literary work for the books of Chronicles. Long time considered as of “poor reliability” in comparison with the parallel history of the books of Samuel and Kings, these books also seem to be without literary originality in comparison with, notably, the consummate art of the narratives in the books of Samuel. In the wake of “The Art of Biblical Narrative” by Robert Alter, Ph. Abadie tries to bring out the richness and the variety of the writing procedures that make the book of Chronicles a truly literary work. It fundamentally holds to a global project that reveals and confirms some “kerygmatic unities,” structuring and ordering great ensembles according to diverse procedures: especially a technique of repetition and system of chronological periodisation. (shrink)

La relation entre la philosophie et la mystique forme une question " à la limite ", que la fatalité a le plus souvent déclinée en une suite d'oppositions frontales : entre le rationnel et l'émotionnel, le logique et le pathologique, le discours et l'indicible... Depuis quelques années cependant, plusieurs motifs portent à reconsidérer cette relation singulière. Une somme d'informations sans précédent sur les diverses traditions mystiques, sur leurs variabilités historiques et géographiques est désormais accessible. En outre, la mystique est devenue (...) un objet œcuménique et interreligieux de premier plan qui invite à reposer la question de l'essence du religieux dans la traversée herméneutique des différences confessionnelles. Enfin, on enregistre une forte demande de redressement spéculatif face à l'essor actuel des sectes et au développement des syncrétismes religieux. Mais le philosophe est-il qualifié pour comprendre la mystique? A quelles conditions? De son côté, le mystique n'a-t-il point tendance à cacher sa dette à l'égard de l'expérience de la pensée, voire des concepts philosophiques? Plus profondément encore, faut-il lier la mystique au seul " religieux "? La philosophie n'est-elle pas un exercice spirituel, une expérience? C'est justement par cette entrée " expérientielle " dans la question que le présent ouvrage trouve son originalité. Grâce aux contributions de spécialistes qu'il réunit, il répond à trois tâches précises : redéfinir le concept d'expérience dès lors qu'il est assigné à la philosophie et au religieux ; évoquer dans une perspective critique les grands figures historiques, témoins et acteurs de l'intersection des deux champs, philosophique et mystique ; mettre à l'épreuve, selon une perspective systématique et au voisinage des œuvres majeures de Simone Weil, Franz Rosenzweig, Emmanuel Lévinas, Éric Weil et Maurice Blondel, les différentes théorisations d'une relation finalement plus présente qu'on ne le dit, dans la structuration du pensable contemporain. (shrink)

We investigate the conflict between the ex ante and ex post criteria of social welfare in a new framework of individual and social decisions, which distinguishes between two sources of uncertainty, here interpreted as an objective and a subjective source respectively. This framework makes it possible to endow the individuals and society not only with ex ante and ex post preferences, as is usually done, but also with interim preferences of two kinds, and correspondingly, to introduce interim forms of the (...) Pareto principle. After characterizing the ex ante and ex post criteria, we present a first solution to their conflict that extends the former as much possible in the direction of the latter. Then, we present a second solution, which goes in the opposite direction, and is also maximally assertive. Both solutions translate the assumed Pareto conditions into weighted additive utility representations, and both attribute to the individuals common probability values on the objective source of uncertainty, and different probability values on the subjective source. We discuss these solutions in terms of two conceptual arguments, i.e., the by now classic spurious unanimity argument and a novel informational argument labelled complementary ignorance. The paper complies with the standard economic methodology of basing probability and utility representations on preference axioms, but for the sake of completeness, also considers a construal of objective uncertainty based on the assumption of an exogeneously given probability measure. JEL classification: D70; D81. (shrink)

Judgment aggregation theory, or rather, as we conceive of it here, logical aggregation theory generalizes social choice theory by having the aggregation rule bear on judgments of all kinds instead of merely preference judgments. It derives from Kornhauser and Sager’s doctrinal paradox and List and Pettit’s discursive dilemma, two problems that we distinguish emphatically here. The current theory has developed from the discursive dilemma, rather than the doctrinal paradox, and the final objective of the paper is to give the latter (...) its own theoretical development along the line of recent work by Dietrich and Mongin. However, the paper also aims at reviewing logical aggregation theory as such, and it covers impossibility theorems by Dietrich, Dietrich and List, Dokow and Holzman, List and Pettit, Mongin, Nehring and Puppe, Pauly and van Hees, providing a uniform logical framework in which they can be compared with each other. The review goes through three historical stages: the initial paradox and dilemma, the scattered early results on the independence axiom, and the so-called canonical theorem, a collective achievement that provided the theory with its specific method of analysis. The paper goes some way towards philosophical logic, first by briefly connecting the aggregative framework of judgment with the modern philosophy of judgment, and second by thoroughly discussing and axiomatizing the ‘general logic’ built in this framework. (shrink)

Following a long-standing philosophical tradition, impartiality is a distinctive and determining feature of moral judgments, especially in matters of distributive justice. This broad ethical tradition was revived in welfare economics by Vickrey, and above all, Harsanyi, under the form of the so-called Impartial Observer Theorem. The paper offers an analytical reconstruction of this argument and a step-wise philosophical critique of its premisses. It eventually provides a new formal version of the theorem based on subjective probability.

The paper analyses economic evaluations by distinguishing evaluative statements from actual value judgments. From this basis, it compares four solutions to the value neutrality problem in economics. After rebutting the strong theses about neutrality (normative economics is illegitimate) and non-neutrality (the social sciences are value-impregnated), the paper settles the case between the weak neutrality thesis (common in welfare economics) and a novel, weak non-neutrality thesis that extends the realm of normative economics more widely than the other weak thesis does.

As stochastic independence is essential to the mathematical development of probability theory, it seems that any foundational work on probability should be able to account for this property. Bayesian decision theory appears to be wanting in this respect. Savage’s postulates on preferences under uncertainty entail a subjective expected utility representation, and this asserts only the existence and uniqueness of a subjective probability measure, regardless of its properties. What is missing is a preference condition corresponding to stochastic independence. To fill this (...) significant gap, the article axiomatizes Bayesian decision theory afresh and proves several representation theorems in this novel framework. (shrink)

William Alston’s argument against the deontological conception of epistemic justification is a classic—and much debated—piece of contemporary epistemology. At the heart of Alston’s argument, however, lies a very simple mistake which, surprisingly, appears to have gone unnoticed in the vast literature now devoted to the argument. After having shown why some of the standard responses to Alston’s argument don’t work, we elucidate the mistake and offer a hypothesis as to why it has escaped attention.

The paper develops an objection to the extensional model of time consciousness—the view that temporally extended events or processes, and their temporal properties, can be directly perceived as such. Importantly, following James, advocates of the extensional model typically insist that whole experiences of temporal relations between non-simultaneous events are distinct from mere successions of their temporal parts. This means, presumably, that there ought to be some feature(s) differentiating the former from the latter. I try to show why the extensional models (...) offers no credible ground for positing such a difference. (shrink)

The paper has a twofold aim. On the one hand, it provides what appears to be the first game-theoretic modeling of Napoleon’s last campaign, which ended dramatically on 18 June 1815 at Waterloo. It is specifically concerned with the decision Napoleon made on 17 June 1815 to detach part of his army against the Prussians he had defeated, though not destroyed, on 16 June at Ligny. Military historians agree that this decision was crucial but disagree about whether it was rational. (...) Hypothesizing a zero-sum game between Napoleon and Blücher, and computing its solution, we show that it could have been a cautious strategy on the former's part to divide his army, a conclusion which runs counter to the charges of misjudgement commonly heard since Clausewitz. On the other hand, the paper addresses methodological issues. We defend its case study against the objections of irrelevance that have been raised elsewhere against “analytic narratives”, and conclude that military campaigns provide an opportunity for successful application of the formal theories of rational choice. Generalizing the argument, we finally investigate the conflict between narrative accounts – the historians' standard mode of expression – and mathematical modeling. (shrink)

On échange des cadeaux en fin d'année par convention. Ecrire de gauche à droite, rouler à droite ou encore s'arrêter lorsque le feu est rouge sont des conventions. Les conventions sont également mobilisées pour coordonner les individus d'un même groupe de travail, de façon à déterminer le moment et la durée de la pause, mais aussi leur niveau d'effort, comme " ne faire que x pièces à l'heure ", voire la façon dont ils sont rémunérés. Les conventions jouent ainsi un (...) rôle important dans la coordination économique. La notion de convention est un thème d'étude nouveau pour l'économie. Elle fait aujourd'hui l'objet de très nombreuses recherches. Cet ouvrage ambitionne de clarifier tous les usages du terme " convention " en économie, depuis les travaux qui s'appuient sur la philosophie du langage jusqu'aux thèses développées par " l'Economie des conventions ", en passant par la théorie des jeux. Cet ouvrage est le fruit d'un travail collectif qui a associé et mobilisé une équipe de chercheurs an sein de FORUM. (shrink)

Several disputes about the nature of experience operate under the assumption that experiences have parts, including temporal parts. There's the widely held view, when it comes to temporal experiences, that we should follow James' exhortation that such experiences aren't mere successions of their temporal parts, but something more. And there's the question of whether it is the parts of experiences which determine whole experiences and the properties they have, or whether the determination goes instead from the whole to the parts, (...) as holists have it. But what are parts, or temporal parts, of experiences exactly—what does it mean to say that an experience is “part” of another? Are the participants in those disputes talking about the same thing—is there a univocal notion of “experiential part” available? Are there different kinds of experiential parts? And if there are, is there a systematic way of carving them out? More importantly, how should we conceive of the temporal parts of experiences, and how can we establish that experiences really do have temporal parts, against those who reject the notion? (shrink)